Les crises climatiques actuelles amènent les pays à penser autrement. Le manque d’eau potable dans les pays en voie de développement pousse les gouvernements à faire fonctionner des usines de dessalement d’eau de mer, un système cependant énergivore et polluant.
Changement climatique, agriculture intensive ou encore croissance démographique, des causes qui demandent aux états une réflexion concernant la raréfaction de l’eau. Les Nations unies ont estimé qu’en 2025, les deux tiers de la population mondiale seront concernés par ces défis.
La première usine de dessalement d’Afrique de l’Ouest a ouvert ses portes en 2015. Depuis, elle alimente quotidiennement une partie des Ghanéens.
Mais il ne faut pas s’imaginer que ces usines sont présentes uniquement dans les pays en voie de développement. L’île de Groix dans le Morbihan a été placée avant l’été 2022 en alerte sécheresse. Avec l’affluence de touristes, l’île a dû prendre des mesures et a donc annoncé, le 5 août 2022, l’installation temporaire d’une unité de dessalement d’eau de mer.
Un véritable impact environnemental
Les usines de dessalement emploient des techniques nettement moins onéreuses que le recyclage des eaux usées, mais nettement plus polluantes. Selon le rapport de l’ONU, la production d’1 litre d’eau potable enrôle 1,5 litre de saumure, la matière polluante. L’opération qui consiste à séparer les molécules d’eau et de sel au travers d’une membrane produit ces déchets. La saumure familièrement appelée la boue salée, est récupérée et déversée dans la mer. « Les rejets salés ont un impact direct sur la faune et la flore marine car elles ne sont pas habituées à un tel niveau de concentration en sel », explique Nicolas Roche, chercheur en géosciences de l’environnement.
En plus des rejets de gaz à effet de serre, d’autres conséquences sont à prévoir si l’usine de dessalement est en fonction. Le coût énergétique est d’autant plus élevé, des traces de cuivre peuvent s’échapper des installations, et la multiplication des risques du réchauffement de la mer.
Différentes répercussions environnementales ont été prouvées, notamment à Chypre, à proximité de deux usines de dessalement.
Quelques chiffres
D’autres pays comme Singapour, les pays du Golfe ou du Proche-Orient investissent dans ces usines de dessalement. Les Îles Canaries, quant à elles, dépendent totalement de cette technique d’extraction d’eau potable. Aux Émirats arabes unis, 42 % de l’eau potable provient d’usines. C’est 90 % pour le Koweït, 86 % pour Oman, ou encore 70 % pour l’Arabie Saoudite. On enregistre en 2022 plus de 21 000 stations de dessalement opérationnelles, soit presque deux plus qu’il y a dix ans.
Les solutions
Des solutions sont envisagées. D’une part, la mise en place d’usines de dessalement alimentées par des sources d’énergie bas carbone comme des champs de panneaux solaires, champs éoliens, l’énergie houlomotrice, voire même l’énergie nucléaire. D’autre part, la construction d’infrastructures de la sorte ne doit pas se substituer à une politique d’efficacité énergétique, de gaspillage et de collecte et retraitement des eaux. Il est donc indispensable de réfléchir à l’approche des ressources de chaque pays et limiter la production des usines de dessalement alimentées généralement grâce au charbon.