En novembre, une professeure d’art de l’université Hamlin a été licenciée pour avoir fait étudier à ses élèves une peinture de Mahomet. Un cours jugé « irrespectueux » envers les élèves musulmans, en opposition avec les partisans de la liberté d’expression.
Octobre 2022, à l’université Hamlin dans le Minnesota, une professeure de l’histoire de l’art décide de faire une étude d’une peinture du XIVe siècle. Sur cette dernière, une illustration de l’ange Gabriel ordonnant à Mahomet de réciter les paroles de Dieu.
Avant tout débat, la professeure prend des précautions et autorise certains de ses élèves musulmans à ne pas suivre le cours. Ce qu’ils ont tout de même fait malgré que tous considèrent l’interdiction de la représentation du prophète.
Une précaution qui n’a pas suffi pour l’un de ses élèves, président de l’association des élèves musulmans de l’université d’Hamlin. Il se rendra finalement à l’administration pour se plaindre des images dégradantes et irrespectueuses partagées lors du cours.
« Le respect des étudiants musulmans aurait dû primer sur la liberté académique », déclare Fayneese S. Miller, présidente de l’université d’Hamline.
Un mois plus tard, l’administration et l’université qui regroupe 1 800 élèves condamne le choix de la professeure pour avoir étudié ces peintures. Le doyen de Hamline définit comme « indéniablement inconsidérée, irrespectueuse et islamophobe ».
Une décision qui coûtera à l’enseignante le non-renouvellement de son contrat et l’annulation de son cours au second semestre.
La liberté d’expression
C’est une mesure qui déplaît aux partisans de la liberté d’expression, qui ont lancé une pétition en soutien à la professeure récemment licenciée. Ils demandent au conseil d’administration de l’université d’enquêter sur cette affaire. Au total, la pétition a recueilli plus de 2800 signatures.
Le président du département de religion de l’université Hamline a d’ailleurs tenté de faire passer un message d’apaisement dans le journal étudiant de l’établissement. Dans sa lettre ouverte, il explique notamment que l’objectif de cette œuvre était de glorifier Mahomet et non de le dénigrer ou de l’humilier. Peu convaincus, des étudiants rédacteurs ont choisi de faire retirer ce texte, estimant qu’il « aggravait le préjudice causé » aux membres de leur communauté.
Plusieurs personnes défendent cette peinture : « Faire des déclarations générales selon lesquelles cela est interdit, en particulier l’image en question, c’est absolument faux. Cela montre un manque de connaissance de la religion », explique au Washington Post Ali Asani, professeur de religion et de culture islamique à Harvard.
Manque de financement
Ces débats peuvent prendre une véritable ampleur dans les petites universités des États-Unis. Avec la diminution du nombre d’étudiants et de candidats, les établissements sont soumis à une pression financière, qui les pousse à devenir plus attrayants. En conclusion, les élèves sont maîtres. Le New York Times évoque en effet que, « pour attirer des candidats, beaucoup de ces universités ont diversifié leurs programmes afin d’être plus accueillants pour les étudiants qui ont été historiquement exclus de l’enseignement supérieur ». Un argument qui pourrait expliquer la réaction rapide et sans appel de l’université.