Plus de 6 000 morts en Syrie et en Turquie après les séismes, alors que les chiffres risquent de continuer à augmenter dans les prochaines heures. Par ailleurs, la solidarité internationale se met en place. Toutefois, compte tenu des tensions politiques dans la région, l’acheminement de l’aide humanitaire s’avère problématique, notamment en Syrie.
Le bilan du séisme de magnitude 7,8 qui a secoué le sud de la Turquie et le nord de la Syrie s’élève actuellement à plus de 6 000 morts et près de 20 000 blessés dans les deux pays voisins. Pour les secouristes sur place, il s’agit d’une course contre la montre pour retrouver des survivants sous les décombres car au-delà de 72 heures, les chances de retrouver des personnes vivantes diminuent sensiblement. De plus, l’hiver et les températures particulièrement basses frappent durement la région, avec des pluies et même de la neige à certains endroits. De plus, des répliques secouent toujours la région et risquent de provoquer de nouveaux effondrements de bâtiments mais aussi des dégâts sur les infrastructures et les routes. Ces conditions rendent les conditions de travail des secouristes toujours plus difficiles et réduisent les chances de survie des éventuels rescapés.
Pour Catherine Smallwood, responsable des situations d’urgence du bureau européen de l’OMS, le nombre de victimes va très probablement augmenter à cause « d’effondrements (de bâtiments) » et au fait que « nous voyons souvent des nombres huit fois plus élevés que les nombres initiaux ».
Une importante aide internationale pour la Turquie
Le directeur de l’OMS, le Dr. Tedro Adhanom Gebreyesus, a déclaré que l’agence spécialisée de l’ONU enverra « trois vols charters dans les deux pays » depuis Dubaï.
En ce qui concerne la France, 73 secouristes sont déjà sur place avec environ 20 tonnes de matériel, mais aussi des chiens. Ils ont été envoyés dans la province de Hatay, particulièrement touchée par la catastrophe naturelle. En outre, une deuxième équipe de même type, composée de 65 personnes, devrait les rejoindre dans la journée.
Une quarantaine de pays, dont plusieurs États occidentaux, ont annoncé venir en aide à la Turquie, bien que les relations ne soient pas toujours très harmonieuses avec le président Recep Tayyip Erdogan. Le commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarčič, a ainsi fait savoir qu’il avait activé le mécanisme de protection civile de l’UE. Par ailleurs, même la Grèce a déclaré vouloir aider la Turquie, malgré les nombreux différends qui empoisonnent leurs relations bilatérales. En outre, le président américain Joe Biden a assuré à Ankara que deux équipes de 79 secouristes en tout viendraient prêter main forte. L’Inde, la Chine, la Russie et même l’Ukraine ont également annoncé leur soutien.
Via the #EUCivilProtectionMechanism we have mobilised 28 rescue & medical teams from 21 European countries, together sending 1185 rescuers and 79 rescue dogs to 🇹🇷; 11 of these teams have already arrived.
I thank 🇦🇹🇧🇬🇭🇷🇨🇿🇪🇪🇫🇷🇬🇷🇭🇺🇮🇹🇲🇹🇳🇱🇵🇱🇷🇴🇸🇰🇪🇸🇵🇹🇩🇪🇸🇮🇨🇾🇦🇱🇲🇪 for their swift offers. pic.twitter.com/vO8z4wxTBf
— Janez Lenarčič (@JanezLenarcic) February 7, 2023
La complexité de l’aide pour la Syrie
Cependant, la question de l’assistance humanitaire envers la Syrie est plus compliquée. En effet, bien que le ministère des affaires étrangères syrien ait appelé les États membres de l’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge à le soutenir, seul la Russie s’est affichée aux côtés du régime syrien. Moscou s’est dit être prêt à envoyer des secouristes en plus d’organiser une avec les militaires russes déjà sur place. Le Croissant-Rouge a tout de même demandé à l’UE de lever les sanctions contre Damas pour aider les zones affectées par le séisme.
Le silence de la communauté internationale s’explique par le fait que le pays est isolé sur le plan international depuis que le président Bachar el-Assad, qui a réussi à se maintenir au pouvoir grâce à l’Iran et à la Russie, a été accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans le cadre de la guerre civile qui touche le pays depuis 2011.
Toutefois, à part la province d’Alep, qui est contrôlée par les forces du régime de Damas, les provinces qui bordent la Turquie et qui ont été touchées par le séisme sont occupées par des forces rebelles, y compris des groupes djihadistes, par des forces kurdes ou par les mêmes forces turques. La question de l’aide à la population syrienne se pose donc, d’autant plus que des millions de personnes survivent grâce à l’aide internationale et que celles-ci se font rares car les couloirs humanitaires en provenance de Turquie ont pour la plupart été fermés par le Kremlin et Damas.