Tour de France 2023 : le résumé des trois semaines

Écrit par João-Daniel Cabaço-Gonçalves

Vingegaard en triomphe, Pogacar pour l’Histoire, Pinot pour la légende : la 110e édition du Tour de France s’est achevée ce dimanche. Résumé de trois semaines de course à rebondissements.

Jonas Vingegaard par KO

Ils étaient comme Tic et Tac ou encore Dupont et Dupond, puis est arrivée la côte de Domancy où Jonas Vingegaard a mis une minute et trente-huit secondes sur Tadej Pogacar en 22 kilomètres. Il aura gagné le Tour de France sur ce contre-la-montre magistral et légendaire avant de le parachever dans le Col de la Loze dès le lendemain.

Wout Van Aert lui-même s’était décrit comme étant le « meilleur des gens normaux » après avoir terminé troisième de ce contre-la-montre derrière Pogacar, et donc Vingegaard. Car sur ce 110e Tour de France, il y avait deux extraterrestres, et puis les autres, à des années-lumières. Si Jonas Vingegaard a remporté son second Tour de France, Tadej Pogacar sera entré dans l’Histoire du Tour, devenant le coureur ayant remporté le plus de fois le classement du meilleur jeune (4).

Dans les cordes

Au Pays Basque, Tadej Pogacar donnait le ton en récoltant les bonifications et prenant un léger avantage au classement général, dominé par son coéquipier Adam Yates, qui s’est imposé à Bilbao devant son frère jumeau. 

Mais la première estocade est bien l’œuvre de Jonas Vingegaard : dans la côte de Marie-Blanque, son équipe a isolé Pogacar avant de lancer le Danois vers le leadership dans ce duel face au Slovène, avec 53 secondes d’avance. La réponse du double vainqueur de la Grande Boucle ne s’est pas faite attendre, et s’est déroulée dès le lendemain avec l’enchaînement Col d’Aspin – Tourmalet et la montée finale à Cauterets-Cambasque, où il saura reprendre 28” à Vingegaard. 

Pour conclure cette première semaine, Pogacar gagnera un second round, profitant du Puy-de-Dôme pour revenir à vingt secondes du Danois. 

Le retour de « Pogi »

À Issoire, où Pello Bilbao a levé les bras et a rendu un brillant hommage à son meilleur ami et ancien coéquipier Gino Mader, disparu un mois auparavant lors du Tour de Suisse, les deux favoris du Tour se sont annihilés avant de retourner à leur bataille au sommet du Grand Colombier pour la fête nationale française. À ce petit jeu-là, Pogacar a repris huit secondes, pour ne se retrouver qu’à dix petites secondes de Vingegaard.

Le lendemain, le sommet du col de Joux-Plane aura été le théâtre d’un scandale, où deux motos ont gêné Pogacar en pleine attaque, alors qu’à ce sommet des bonifications sont distribuées. Jonas Vingegaard en a profité pour aller les chercher, et prendre une seconde à l’arrivée sur son adversaire. Cette deuxième semaine s’est terminée à Saint-Gervais Mont-Blanc où les deux coureurs n’ont pas réussi à se départager : dix secondes séparent donc les deux avant l’ultime semaine.

Le KO

Et cette dernière semaine a donc débuté sur les chapeaux de roue, où le monde s’est écroulé sur la tête de Tadej Pogacar. Pourtant supersonique – il aura mis une minute et treize secondes à Wout Van Aert – il a vu passer une étoile filante du nom de Jonas Vingegaard qui prendra le dessus sur le duel et réussira donc à lui prendre une minute trente-huit secondes en 22 kilomètres. 

Le coup de grâce fut porté au cœur du col de la Loze, l’un des plus durs de France, où Tadej Pogacar a été en perdition et a totalement coulé : s’il avait perdu 3 minutes 42 secondes au sommet du Granon l’an dernier, il a lâché 5 minutes 45 secondes dans l’étape reine de cette 110e Grande Boucle, se faisant reléguer à plus de sept minutes et trente secondes au général.

Philipsen tout de vert vêtu

Le grand vainqueur de ce Tour de France est également Jasper Philipsen.

Le belge de l’équipe Alpecin a confirmé son statut actuel de meilleur sprinteur du monde en s’imposant à quatre reprises sur ce Tour de France 2023, obtenant, logiquement, le maillot vert du classement à points.
Jai Hindley à Laruns, Michael Woods au Puy-de-Dôme, Ion Izagirre à Belleville-en-Beaujolais, Michal Kwitakowski au Grand Colombier, Carlos Rodriguez à Morzine, Wout Poels à Saint-Gervais Mont-Blanc et Félix Gall à Courchevel, pour l’étape reine, Kasper Asgreen à Bourg-en-Bresse et Matej Mohoric à Poligny, se sont partagés les autres étapes.

Mention spéciale à Victor Lafay, gagnant à Saint-Sébastien, qui a donné à la France sa seule victoire de l’édition avant d’abandonner sur chute à la veille des Champs-Elysées, à Mads Pedersen qui a tenu tête à Philipsen pour s’imposer à Limoges et au belge Jordi Meeus qui a remporté le sprint des Champs-Elysées.

À noter que l’italien Giulio Ciccone, malgré aucune victoire d’étape, a été le plus malin et a récolté le plus de points pour le classement de la montagne afin de ramener le maillot à pois à Paris.

Merci Tibopino

Ils étaient des milliers au cœur du col du Petit Ballon, à un kilomètre du sommet, pour rendre hommage et chanter la gloire de l’enfant du coin, Thibaut Pinot. À 33 ans, le franc-comtois tirera sa révérence en octobre, après le Tour de Lombardie.

Meilleur jeune du Tour de France 2014, champion de France du contre-la-montre en 2016, Pinot est aussi entré dans le cercle restreint de vainqueurs d’étape sur les trois grands tours (6 étapes, dont 3 sur la Grande Boucle). Ce qu’on retiendra de lui sera finalement l’évènement le plus triste de sa carrière, lors de son abandon en 2019 au soir de la 19e étape alors qu’il semblait bien parti pour renverser le Tour, cinq jours après sa victoire en haut du Tourmalet. 

Mais résilient, fort mentalement, Pinot est remonté sur un vélo et ne s’est pas avoué vaincu : il ira chercher une deuxième place sur le Dauphiné 2020 et une cinquième place sur Paris-Nice cette année-là. Pour sa dernière saison, il a décroché le classement de la montagne du Tour d’Italie et un Top 5 inattendu. 

Alors pour saluer le coureur français, les « Ultras » de Pinot, avec l’aide de la Fédération française de la lose, ont organisé un « Virage Pinot » dans le Petit Ballon. Petit par le nom, grand par l’ambiance : transcendé par la foule, Pinot y est entré en solitaire, avec une vingtaine de secondes d’avance. Il ne gagnera pas l’étape mais aura « pris du plaisir » et comme il l’a si bien expliqué, « c’est une page de [son] Histoire qui [s’est terminée] » avec cette étape.

Il n’aura jamais gagné le Tour de France, mais il aura gagné le cœur de nombreux supporters français, et s’est mué en héros de tout un peuple, ceux qui forgent la légende et l’Histoire du Tour de France. 

#TDF2023 | EXCEPTIONNEL ! Le triomphe de Thibaut Pinot qui traverse sa fan zone seul en tête 🤩

Merci Thibaut 🙏

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— francetvsport (@francetvsport) July 22, 2023