Ce samedi, le Burkina Faso a annoncé « la suspension immédiate jusqu’à nouvel ordre » de la Radio Française Internationale (RFI). Le pouvoir en place reproche au média français d’avoir relayé de « fausses informations » attribué à un « chef terroriste ».
Le Burkina Faso a passé une année au cœur des tensions politiques, avec deux coups d’états. Un premier en janvier puis le dernier en date le 30 septembre, qui a donné le pouvoir à Ibrahim Traoré. C’est d’ailleurs une nouvelle histoire de putsch qui est aux commencement des tensions entre la junte burkinabé et RFI.
Des premières frictions
Fin novembre, des informations émanent des réseaux sociaux et annoncent la présence d’un groupe de soldat soutenu par un riche homme d’affaire et se préparant à renverser de nouveau le pouvoir. L’information est reprise par des médias locaux et internationaux comme RFI.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement burkinabé Jean-Emmanuel Ouédraogo ont démenti la nouvelle, annonçant qu’« il n’a jamais été question de tentative de coup d’État, parce qu’elle suppose une préparation et même un début d’exécution. »
La présence malgré cela de l’information dans la revue de presse de la Radio Française Internationale vendredi 2 décembre a créée des tensions avec le pouvoir en place.
Un relai d’information qui dérange
Des tensions qui mènent à la sanction. En trois semaines, la junte burkinabé a recruté 90 000 nouveaux soldats pour protéger les villages sous le blason des Volontaires de Défense de la Patrie (VDP). Un recrutement lié à la montée des attaques djihadistes.
En début de semaine, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida) a publié une vidéo dans laquelle un de ses leader présent au Burkina Faso menace d’attaquer ces villages. Vidéo relayée par RFI.
Le porte-parole Jean-Emmanuel Ouédraogo a annoncé : « Ce média contribue ainsi à une manœuvre désespérée des groupes terroristes en vue de dissuader…, ramant à contre-courant des actions en cours pour la restauration de l’intégrité de notre territoire ». Il accuse la radio française d’avoir largement relayé l’information afin d’effrayer les populations locales.
Alors, depuis samedi après-midi, la radio n’apparaît plus sur les ondes du pays de Ouagadougou.
L’incompréhension du média
La radio annonce des « accusations infondées » alors qu’elle est écoutée « par plus de 40 % de la population et plus de 70 % des leaders d’opinion » selon un communiqué paru samedi soir. Elle s’engage d’ailleurs à retrouver au plus vite sa diffusion au Burkina Faso.
Sanction ou bien censure, fort est de constater que RFI et junte sahélienne ne font pas bonne affaire, après la suspension de la radio au Mali en mars dernier.