La ligne du RER B est la plus utilisée pour circuler en Europe. Cette dernière est laissée à l’abandon par l’État, ce qui ne favorise pas des conditions de voyage idéales pour les passagers et les conducteurs de train.
Premièrement, la ligne passe par des villes d’Île-de-France, qui ont une forte affluence. De la capitale, en passant par la Seine-Saint-Denis et l’Essonne, dès le matin les trains sont bondés de passagers. C’est le cas pour les passagers de la ligne du RER B. Par exemple, les personnes montant dans un train à l’arrêt d’Aulnay-sous-Bois ont l’impossibilité de s’assoir car le train est déjà rempli. Une fois arrivé à Gare du Nord, respirer convenablement devient une épreuve.
Des telles conditions peuvent être jugées inacceptables par les voyageurs, qui d’ici le mois prochain verront le prix de leur abonnement augmenter. Le prix passera de 75€ à 80 ou 90€ par mois. Cela s’annonce difficile pour les utilisateurs de la carte Navigo car récemment, le Sénat a rejeté la demande d’augmentation des recettes d’Île-de-France Mobilités.
Un groupe communiste déclarera : « Le gouvernement et Valérie Pécresse sont coupables de non-assistance à transports en danger. L’Ile-de-France est en marche vers la plus importante hausse tarifaire de son histoire ». Aucune solution n’est évoquée pour régler les problèmes de la ligne du RER B, ce qui provoque la colère des passagers, et celle des conducteurs.
Des passagers mécontents
Mediapart est parti à la rencontre de personnes qui empruntent quotidiennement cette ligne du RER B. C’est le cas par exemple de Prescillia, une étudiante en école de danse qui prend le train à Villepinte : « On est serrés tous les matins en allant à Paris et tous les soirs en rentrant. Certains mecs en profitent. Je les repousse, je mets mon sac entre nous et je pars dès que je peux, mais je ne peux pas souvent, tellement les trains sont blindés ».
C’est impossible de voyager dans de telles conditions. Certaines personnes mal intentionnées profitent du fait que tout le monde soit serré pour faire des choses obscènes.
C’est aussi le cas pour Naïma, qui prend la ligne B tout les matins pour aller travailler. Elle déclare au média Français que la ligne du RER B est la pire, et qu’elle part de chez elle une heure et demie à l’avance car elle sait qu’il y aura des problèmes. D’autres personnes, qui ont témoigné auprès de Mediapart, déclarent que la ligne n’a pas été rénovée et des travaux auraient dû avoir eu lieu.
La ligne du RER B est en mauvais état, cela peut s’expliquer pour plusieurs raisons. Dans un premier temps il s’agit de l’une des lignes les plus anciennes, les infrastructures sont vieillissantes et les rames datent des années 80. Les personnes en chargent de s’occuper des rénovations, ont préféré rénover le design de la ligne que de s’occuper des câblages et de l’ossature.
Dans un second temps, des bouchons ralentissant les trains des lignes B et D sont créés. Pour cause, les trains passent dans le même tunnel entre Châtelet-les-Halles et Gare du Nord. Aux heures de pointe, l’utilisation des lignes est très compliquée. Enfin, en plus des millions d’utilisateurs qui y circulent chaque jour, la ligne compte 4 terminus.
Certains usagers déclarent que la ligne s’est dégradée au fur et à mesure du temps. Le nombre de passagers est trop nombreux pour la capacité des trains de la ligne du RER B. En effet, comparé aux autres lignes circulant en région parisienne, les trains de la ligne B ne disposent pas de trains à 2 étages. Donc par exemple, si des passagers ratent un train, ils sont dans l’obligation d’attendre le prochain car il n’y a pas assez de place dans le premier. Des changements concernant ce problème là, n’interviendraient qu’en 2030.
Les conséquences peuvent être terribles pour les personnes qui empruntent cette ligne. « Habiter sur la B, c’est aussi devenu une discrimination à l’embauche tant les employeurs craignent que leurs salariés arrivent systématiquement en retard », déclare Charlotte Blandiot-Faride, maire communiste. Ceci peut démontrer, selon elle, que les quartiers populaires du nord de la capitale ont été laissés à l’abandon si on parle de tout ce qui concerne les transports.
Un ennui pour les salariés de la RATP
Mediapart a rencontré un homme nommé Marc, salarié de la RATP depuis 20 ans. Depuis 2 ans, il conduit des trains sur la ligne dU RER B. Ce dernier explique que l’attractivité concernant les postes à la RATP, est au point mort. Les salaires également ne sont pas du tout attirants. Il conduit un train qui compte 2 moteurs en panne sur 8, les travaux étaient censés être réalisés depuis juin, cependant les personnes en charge de cela sont « débordées ».
la direction de Ligne unifiée du RER B, déclare qu’un plan de rénovation a été lancé : « Au total aujourd’hui, plus de 3,5 milliards d’euros d’investissements sont lancés sur le RER B, pour le matériel roulant et pour la modernisation des infrastructures ».
« Il y a eu un sous-investissement qu’on paye aujourd’hui, et pas seulement sur les trains », balance Marc.
Ce conducteur a aussi mis l’accent sur les infrastructures vétustes, auprès de Mediapart. Notamment les caténaires (ensemble de câbles permettant l’alimentation électrique des trains), qui sont vieillissantes et dangereuses. « Ici, il y a souvent des incidents, des ruptures de caténaires, des problèmes de signaux ou sur les rails, souvent dus à un défaut d’entretien. », finit-il.
La SNCF elle, contredit l’avis général concernant l’état des infrastructures de la ligne du RER B. Elle dit que des travaux ont déjà été entamés, et que d’autres sont prévus début 2023.
Les lignes de l’enfer : RER B x RER D
« Le croisement de la B et de la D, c’est une aberration, tout le monde le sait », s’exclame Philippe Juraver, le conseiller régional, administrateur d’IDFM. Il a passé 17 ans à la RATP, aujourd’hui il multiplie les combats politiques avec LFI.
« Aujourd’hui, on en est à 1,6 million de voyageurs par jour sur ces deux lignes, et Valérie Pécresse prévoit elle-même qu’on en sera à 2 millions d’ici dix ans. Dans ce contexte, trente-deux trains par heure, c’est vraiment insuffisant. De plus, ces trente-deux-la ne passent jamais tous, tant l’intervalle est serré. Si vous avex un tout petit retard, c’est foutu pour les deux lignes, le retard n’est plus rattrapable, et se cumule », explique t-il.
La RATP et la SNCF se sont réunies afin de discuter du tunnel emprunté par ces deux lignes. A défaut de pouvoir gérer les flux de passagers pour tenter de réguler le traffic, ils en sont venus à un accord concernant la construction d’un deuxième tunnel, ce qui faciliterait la circulation, cependant la région s’est opposée à cela. La SNCF a déclaré : « L’option d’un second tunnel dans le tronçon central aurait un coût financier au moins quadruplé. Cette solution aurait surtout un coût social extrêmement lourd : l’arrêt complet de l’exploitation des RER B et D pendant plusieurs trimestres, voire plusieurs années ». Des représentants d’usagers et des maires se sont dit prêts à faire ce sacrifice mais n’ont pas été écoutés.
En parallèle, IDFM a proposé le projet Nexteo, un système de gestion informatique des trains, qui devrait coûter quatre fois moins cher. De plus, il est censé réduire les retards et fluidifier la circulation. Pendant que IDM était indécis concernant la réalisation de ce projet, les coûts ont bien évidemment augmenté. On est passé d’un prix de 600 millions à 1 milliard d’euros. Alors qu’ils avaient promis que cela équivaudrait à la création d’un deuxième tunnel, IDFM annonce maintenant que « ça ne permettrait qu’à un train de plus d’arriver par heure ».
De plus, Luc Lallemand qui était à l’époque le PDG de SNCF Réseau s’était montré inquiet concernant ce projet à l’été 2022. Il avait rencontré la présidente de la région, en lui disant « qu’il ne peut pas, en l’état, lancer le dernier acte de l’appel d’offres », car les risques de surcoûts sont trop importants. Lors d’un conseil organisé par IDMF, l’homme a expliqué sa position concernant ce projet, les élu-es de droite ont alors crié au scandale.
« Il s’est quasiment fait insulter par certains représentants régionaux de droite », déclare Philippe Juraver. Luc Lallemand a cependant, été entendu par la gauche et LR qui ont voté un amendement prévoyant 3 milliards d’euros supplémentaires pour le développement des rails en France.
Certains se sont indignés devant cela en disant : « Les milliards volent en escadrille. […] C’est magique, c’est gratuit, c’est Halloween, c’est le contribuable qui paye », jugeant que la SNCF n’avait pas besoin d’autant d’argent.
Même si les rénovations concernant la ligne du RER B tardent, les travaux pour le lancement du CDG Express sur les rails de la ligne du RER B, carburent. Le train est un direct Gare de l’Est-CDG, les billets seront vendus 20€. Le RER B propose déjà ce trajet, ce qui a le don d’agacer certains.
« Depuis 2019, on subit des travaux permanents, non pour améliorer les conditions de trajets quotidiens mais pour installer des structures pouvant accueillir le CDG Express », déclare la maire de Mitry-Mory.