Selon un rapport du ministère de la Justice publié mercredi, la surpopulation dans les prisons françaises a atteint un nouveau record. 72 836 détenus ont été dénombrés en décembre, soit une hausse de 4 % comparé à 2021.
Au 1er décembre, les lieux d’incarcération comptaient 72 836 détenus pour 60 698 places disponibles dans les prisons. 15 420 détenus sont alors en surnombre, contre 12 999 l’an dernier. Parmi ces établissements, sept maisons d’arrêt sont au-dessus de 200 % de leur taux d’occupation, comme le centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan qui accueille 701 détenus pour 350 places.
La surpopulation dans le milieu carcéral n’est pas un problème nouveau pour la France. En novembre dernier, le nombre de détenus battait déjà le record du plus grand chiffre enregistré sur le territoire, depuis mars 2020. Le gouvernement avait pourtant mis en place des mesures de désengorgement des prisons en mars 2020, afin de limiter la propagation de l’épidémie de Covid-19 dans les établissements. Ainsi, des prisonniers malades ou en fin de peine ont pu se voir appliquer une libération anticipée. Depuis janvier 2021, ces mesures ont été abandonnées et les chiffres sont repartis à la hausse.
Entre mauvaises conditions d’incarcération et personnel sous tension
La surpopulation carcérale a des effets à la fois sur les conditions de vie des détenus, mais également sur les conditions de travail du personnel pénitencier. Dominique Simonnot, Contrôleur général des lieux de privation de liberté, a dénoncé via son compte Twitter les conséquences de la surpopulation dans les prisons et a appelé le gouvernement à prendre des mesures efficaces.
Le @CGLPL appelle une nouvelle fois à prendre d'urgence des mesures efficaces (et non incantatoires) pour qu’enfin les prisons françaises ne comptent pas plus de captifs que de places.
— CGLPL (@CGLPL) December 28, 2022
2133 personnes seraient donc contraintes de dormir sur des matelas posés à même le sol, « comme des poulets de batterie avec moins de 1 m² d’espace vital par être humain », confie Dominique Simonnot. Selon le Contrôleur, ce traitement ne justifie pas le coût d’une journée d’incarcération.
« Ces conditions indignes coûtent pourtant 110 euros par jour par détenu. Un peu cher pour fabriquer de la récidive et un peu cher pour faire perdre tout sens à la peine. »
Par ailleurs, ce traitement des détenus dans les prisons ne permet pas d’atteindre l’objectif de la condamnation, à savoir une réinsertion dans la société une fois la peine effectuée, mais participe plutôt à la récidive du détenu, selon le rapport des Etats généraux de la justice.
« On visite des endroits épouvantables, d’abord pour les détenus, mais aussi pour les surveillants qui n’arrivent pas à travailler dans ces conditions », a expliqué Dominique Simonnot à Franceinfo.
Le personnel de surveillance de l’administration pénitentiaire est sous tension et pâtit également du nombre record de détenus dans les lieux d’incarcération. Le personnel de la prison de Seysses a récemment écrit une lettre réclamant une augmentation du nombre d’agents. Le personnel s’était déjà mobilisé le 7 septembre pour réclamer des effectifs.