Bien que le Gabon ne soit pas qualifié pour le mondial 2022, il est tout de même représenté par Pierre-Alain Mounguengui. La présence du président de la Fédération Gabonaise de Football, en liberté provisoire après six mois de détention pour « non-dénonciation de crimes pédophiles », fait parler.
Une enquête du journal anglais The Guardian a dénoncé, en décembre 2021, les abus sexuels pédophiles de Patrick Assoumou Eyi, lesquels auraient été couverts par le Président la Fédération de Football Gabonaise, Pierre-Alain Mounguengui. Aujourd’hui placé en liberté provisoire et en attente de son procès, il a été invité à représenter le Gabon et à assister au match d’ouverture de la Coupe du monde aux cotés de Gianni Infantino.
L’ancien président de la Fédération est accusé de « complicité passive » sur plus de vingt ans d’agressions pédophiles. Des crimes commis pas l’ancien entraîneur U17 de l’équipe du Gabon, Patrick Assoumou Eyi. Ce dernier, toujours en prison, risque la perpétuité.
C’est « la plus grosse affaire de pédophilie de l’histoire du football », déclarait Romain Molina, co-auteur de l’enquête The Guardian.
Alors entraîneur de l’équipe du Gabon U17, il aurait « violé, formé et exploité » de nombreux garçons. Une de ses victime présumée déclare au média anglais : « Il m’a forcé à avoir des relations sexuelles avec lui. C’était la condition pour rester dans l’équipe nationale. […] “Capello” [son surnom] a violé tant de garçons qu’il allait parfois à la campagne pour en trouver de nouveaux. »
Selon The Guardian, la FEGAFOOT aurait également démit de ses fonctions un représentant tentant de dénoncer ses actes.
Des accusations qui ont fait réagir
Quand les accusations d’abus pédophiles ont éclaté, Franck Nguemma, ministre des Sports, a déclaré dans un communiqué : « Toute la lumière serait faite sur ces abus dans le sport gabonais. » Le journaliste d’investigation de The Guardian, Romain Molina, avait lui quant à lui déclaré au média Sport News Africa que « Eyi n’est que l’arbre qui cache la forêt ». Par ses propos, le journaliste souligne que d’autres personnes de la FEGAFOOT étaient impliquées.
Pointé du doigt, Pierre-Alain Mounguengui aurait été au courant de l’affaire et aurait aidé à couvrir les crimes pédophiles et en écartant les dénonciateurs au sein de la fédération. Après les révélations, le président a été arrêté.
Le président fait également parti du comité exécutif de la CAF, filiale africaine de la FIFA. Celle-ci a envoyé sur place le secrétaire générale de l’instance du football africain pour discuter avec le Ministre des Sports de cette affaire rapporte l’Union, média local.
Une libération qui renoue les liens
Libéré le 27 octobre, Pierre-Alain Mounguengui a alors retrouvé ses fonctions de président de la FEGAFOOT, ainsi que de membre du comité exécutif de la FIFA. Invité à représenter le Gabon, lors du match d’ouverture opposant le Qatar à l’Équateur, des images le montrent échanger avec Gianni Infantino, président de la FIFA, après une poignée de main. Il est également apparu auprès de Tamim bin Hamad al-Thani, émir du Qatar.
Il a également participé à la réunion du comité exécutif de la Fédération Internationale de Football, qui rassemble les plus hauts représentants de la FIFA deux fois par ans, afin de discuter des sujets les plus importants.
Le 16 novembre il a lancé, via la commission nationale de lutte contre le harcèlement et les abus sexuels dans le milieu du football, un atelier de validation des documents stratégiques de lutte contre le harcèlement et les abus sexuels dans le milieu du football Gabonais.
Une présence qui questionne
Alors que l’enquête est encore en cours, certains organismes se questionnent quant à la présence du représentant gabonais. The Guardian, média à l’initiative de l’enquête, dévoile aujourd’hui un communiqué de la FIFPRO questionnant à ce sujet.
« Pierre-Alain Mounguengui fait actuellement l’objet d’une enquête pour avoir prétendument dissimulé les abus généralisés en ne les signalant pas aux autorités compétentes. »
Relayé par de nombreux médias à travers le monde, la FIFA n’a quant à elle pas encore réagi.