Selon une étude publiée dans la revue scientifique Neurobiology of Aging, parler deux langues quotidiennement serait un facteur X pour prévenir de la démence chez les personnes âgées. Mais cette version ne fait pas l’unanimité.
Mamie commence à perdre la boule ? Une étude sur la démence des personnes âgés a été publiée dans la revue anglaise scientifique Neurobiology of Aging, parue en avril dernier. Menée par des chercheurs allemands, l’étude a montré que le bilinguisme, le fait de parler deux langues, permettrait de garder une mémoire plus longtemps, et plus largement toute sa tête.
Des tests menés sur 750 patients âgés de 59 à 76 ans sur l’apprentissage, la mémoire et le contrôle de soi réalisés ont été beaucoup plus concluants chez les personnes qui parlaient deux langues que les uni linguistes. Mais il ne suffit pas d’être bilingue. Dans cette étude, les personnes âgées bilingues parlaient les deux langues quotidiennement et dès leur enfance. Par ailleurs, il ne s’agit pas d’une garantie. Les personnes bilingues peuvent être atteintes de démence, mais à un âge plus avancé.
Une version qui est renforcée, mais pas certifiée
Le bilinguisme chez les personnes âgées est étudiée depuis deux décennies. Une précédente étude avait déjà montré que le bilinguisme prévient de troubles cognitifs. Cette théorie se renforce aujourd’hui, mais les conclusions ne sont pas précises pour un élément aussi dur à traiter, au-delà de simples tests. Certains d’entre eux émettent l’hypothèse d’un lien non pas avec le bilinguisme, mais le fait d’avoir appris le bilinguisme, qui leur a permis de développer des capacités, soit la flexibilité cognitive ou la plasticité cérébrale. Ainsi, ils peuvent utiliser leurs capacités acquises dans d’autres domaines comme le multitâche, la gestion des émotions et la maîtrise de soi.
« Vivre et grandir dans un environnement où l’on pratique plusieurs langues favoriserait cette flexibilité. Car le cerveau switch entre deux langues et inhibe les interférences en provenance de la langue non utilisée dans la conversation », explique la doctorante Rania Kassir.
Dans la revue Alzheimer Disease and Associated Disorders, d’autres chercheurs confirment que la démence intervient plus tard chez ces personnes. Pour fautif, un phénomène de barrage créé par le bilinguisme, mais qui, lorsqu’il cède, se répand plus rapidement.
Le bilinguisme, un casse-tête à étudier
Plusieurs recherches n’ont montré aucun avantage clair du bilinguisme. Ces dernières années, les chercheurs ont une nouvelle manière d’aborder le domaine en prenant des pincètes et continuent d’explorer cette piste. Par exemple, en prenant en compte le fait que certains deviennent bilingues peu après la naissance, d’autres lors de leur adolescence, et d’autres encore plus tard et le pratiquent à des périodes différentes de leur vie. Il est difficile d’affirmer ce lien avec certitude car la pratique bilingue est différente pour tous. Sans être unanime (ou synonyme), cette théorie se vérifie encore un peu plus aujourd’hui.
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