Depuis la grève des éboueurs débutée la semaine dernière, les poubelles s’accumulent dans certaines rues de la capitale. Des déchets qui ne peuvent pas être conduits car les centres d’incinération sont fermés.
5600 tonnes. C’est la quantité de déchets qui se sont amassés depuis une semaine, lundi 6 mars, date à laquelle les éboueurs de la Ville de Paris sont entrés en grève. Les travailleurs ont lancé le mouvement la veille de la mobilisation générale et intersyndicale contre la réforme des retraites. La Maire de la capitale, Anne Hidalgo (PS) a affiché sa solidarité avec les grévistes depuis le début des manifestations populaires, déployant même une banderole sur le fronton de l’Hôtel de ville en soutien à ces contestataires. La candidate socialiste aux dernières présidentielles n’a pas encore décidé de réquisitionner les éboueurs pour débloquer les centres d’incinération.
Les centres sont indispensables à l’élimination des ordures ménagères, et les trois points à Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen sont toujours inaccessibles. L’agence métropolitaine en charge de ces déchets, Syctom, a entrepris de dévier les bennes vers une quinzaine d’autres sites de traitement. Les fonctionnaires de la mairie opèrent dans la moitié des arrondissements de la capitale (IIe, Ve, VIe, VIIe, IXe, XIIe, XIVe, XVI, XVIIe, XXe), dont les maires respectifs cherchent activement les solutions pour désencombrer les rues de toutes ces poubelles. Les autres arrondissements sont gérés par des prestataires privés et sont ainsi moins affectés par le phénomène.
Des réactions vives de la classe politique
Le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, également député de la ville de Paris, a réagi aujourd’hui sur Twitter. Il a été accompagné par la secrétaire d’Etat en charge des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme (et ancienne porte-parole du gouvernement avant le remaniement), Olivia Grégoire. Les deux membres de l’exécutif ont condamné l’inaction de la Mairie et ont porté la faute sur la gestion de Mme Hidalgo. Le gouvernement tente, par cette manœuvre, de réagir face au mécontentement grandissant des habitants et des élus parisiens.
7ème jour sans ramassage des poubelles. Puanteur et pourrissement.
Aucune mesure d’urgence, même partielle, décidée par la Ville de Paris.
Enième exemple d’inaction et de mépris des Parisiens. pic.twitter.com/Q0iBH5VPlz— Clement Beaune (@CBeaune) March 12, 2023
Les ministres et autres maires, comme Rachida Dati dans le VIIe arrondissement, ont fait le lien entre la situation dans la capitale et la politique de la Maire de Paris. Certains commentateurs ont tout de même rappelé que l’amoncellement des déchets est avant tout causé par le maintien de la réforme des retraites, et que ce phénomène a également lieu dans d’autres villes (à Nantes, à Saint-Brieuc).
Colombe Brossel, adjointe à la Maire de Paris chargée de la propreté, de l’espace public, du tri, de la réduction des déchets, du et du réemploi, a insisté sur ce point en ajoutant qu’à Paris XV, « aucune poubelle n’a[vait] été collectée, car le garage du prestataire chargé de la collecte est bloqué depuis plusieurs jours ». Elle montre par conséquent que quelques arrondissement faisant appel à des entreprises privées sont aussi touchés.
Les éboueurs travailleront plus longtemps malgré la pénibilité
Le corps des métiers de ces agents appartient à la catégorie « hyper-active », désignant les activités très physiques et s’inscrivant dans certains critères de pénibilité. Avant la réforme, les éboueurs partaient à 57 ans avec une surcote. Si la réforme est bien adoptée, l’âge minimum de leur départ à la retraite sera repoussé de deux ans, ce qui les libérerait à 59 ans. Ces bouleversements ont poussé les travailleurs à entrer dans une série de grèves reconductibles, et la portée politique de leurs actions pourrait avoir un effet sur les futures décisions gouvernementales.
« La grande majorité des personnels de la direction de la propreté et de l’eau a une espérance de vie de douze à dix-sept ans de moins que l’ensemble des salariés », soutient le syndicat de la CGT.