Artiste originaire des quartiers sud de Marseille, Dibson est avant tout un passionné de football et un fan de l’Olympique de Marseille. Ayant collaboré avec de nombreux rappeurs tel que Jul, Elams, YL ou encore Mehdi YZ, Dibson fait partie intégrante de la nouvelle génération marseillaise.
Dibson, comment vas-tu ?
Très bien merci. Je te remercie pour l’invitation Ilyes !
Avec grand plaisir. On constate que le football occupe une grande place dans ton influence musicale, à l’image de ton freestyle « Dybala » ou encore l’un de tes morceaux que tu as intitulé « Del Piero ». Qu’est-ce que serait ta musique sans le football ?
C’est difficile à dire car le football occupe une grande place dans ma musique, je pense qu’elle serait un peu plus fade. J’aurais toujours des choses à raconter car je ne parle pas que de football dans mes textes, mais ce serait très dommage de me passer d’autant de références sportives.
Ce n’est un secret pour personne, tu es fan de l’OM, tu supportes le club depuis quand ?
Je supporte l’OM depuis tout petit, mes premiers souvenirs remonte à 2002-2003, juste avant l’arrivée du grand Drogba. Mon père et mon grand frère supportait déjà le club, donc j’ai été bercé dedans.
Quelles relations entretiens-tu avec le club ?
J’entretiens de très bonnes relations avec mon club, je suis souvent au stade, dès que j’ai l’occasion d’y être, j’y suis.
Quel est ton meilleur souvenir au vélodrome ?
J’en ai tellement, mais celui qui m’a le plus marqué c’est la victoire face à Rennes à domicile en 2010. C’était le match du titre de champion de France, c’était incroyable d’avoir pu vivre cette fête au stade avec les joueurs. L’équipe entrainée par Didier Deschamps, Lucho Gonzàlez au milieu de terrain, Mamadou Niang en attaque, on avait un effectif extraordinaire.
Tu as eu la chance de concocter l’hymne officiel de l’OM pour les matchs de Ligue des Champions lors de la saison 2020/2021. Tu as intitulé cette hymne « l’étoile », dans le clip on te voit en scène, seul dans le vélodrome. Comment s’est faite la connexion avec le club ?
La connexion avec l’OM s’est faite naturellement, j’ai vu que le club prenait des initiatives au niveau du rap marseillais, j’ai donc été intéressé. Étant fan depuis petit, mon rap est truffé de référence footballistique, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. J’ai donc contacté REDK avec qui j’ai de bonnes relations car il est extrêmement proche du club, je lui ai soumis ma volonté de collaborer avec l’Olympique de Marseille. Quelques temps après, j’ai reçu une réponse positive, on m’a demandé de concocter le morceau. Malheureusement cette saison on n’a pas fait une bonne campagne, mais c’est une immense fierté pour moi d’avoir pu composer cet hymne. C’était une expérience de fou, j’ai clippé dans le vélodrome, le stade était privatisé, ouvert et allumé pour moi. J’étais dans les vestiaires des joueurs, j’ai mangé là où les joueurs mangent, quand je m’en rends compte, je me dis que ce n’est pas donné à tout le monde, ça restera gravé à jamais.

Dans ce même clip tu dis « la vie m’a appris à être un guerrier, donc j’ai pris ma place comme Dario ». Qu’est-ce que son parcours a en commun avec le tiens ?
J’en rigole un peu aujourd’hui, parce que le passage de Dario Bennedeto n’a pas été un grand succès même s’il était pas mal lors de ses débuts. Mais nous ce qu’on a aimé à l’OM lorsqu’il est arrivé, c’est sa grinta. On est beaucoup à Marseille à nous être reconnu en lui, il venait de Boca Junior, il découvrait l’Europe, il avait faim. Pendant un temps, il a réussi à se faire sa place. D’un point de vue personnel, j’ai aussi été mis sur le banc ou sur le côté et je me suis toujours dit qu’il fallait que j’aille décrocher ma place dans le milieu dans lequel j’exerce.
Lorsque tu dis : « Quand je me suis égaré, j’ai suivi l’étoile sur le maillot », que signifie pour toi cette phrase ?
C’est intéressant que tu me poses cette question car je n’ai jamais eu l’occasion de l’expliquer. Quand je dis « l’étoile sur le maillot » ça représente les rêves pour moi. Tu sais comment on est à Marseille grâce à cette victoire en Ligue des Champions, cette étoile, c’est incroyable pour nous. Ça symbolise le rêve de réussir, de faire l’impossible, peu importe le domaine. À Marseille on se considère tous un peu comme des héritiers de cette étoile. Cette étoile elle traverse les générations. Donc quand je me suis égaré, je me suis remis sur le bon chemin en suivant mes rêves.
Remplir le vélodrome un jour, t’y penses ?
Bien sûr que j’y pense même si ça peut révéler du domaine de l’impossible. Je te parlais de rêves tout à l’heure. J’ai toujours eu des grandes ambitions, tout ce qui parait inateignable, toutes les choses les plus folles j’y pense forcément. Je sais qu’ils sont que très peu à l’avoir fait, je pense à Jul ou encore Soprano, mais on ne sait pas de quoi est fait demain. Le chemin est encore long.
On t’a entendu proclamer « J’viens de la ville de Zidane, j’suis marseillais résident ». Si un jour Zidane était amené à entraîner le PSG, tu verrais cela comme une trahison ou tu distinguerais le sportif du professionnel ?
Même s’il n’a jamais été lié sportivement à l’OM, c’est un Marseillais de naissance, il a toujours supporté le club. C’est tellement un monument à Marseille et en France que ça m’embêterait honnêtement. Après j’aime le foot, je connais le foot, je sais que dans le fond, s’il signe au PSG, je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Il ne va pas s’empêcher d’exercer son métier parce qu’il est marseillais de naissance.
Dans le morceau « Mercé » en featuring avec YL, on t’entend dire « vous pouvez toujours rigoler, je reviens au top comme la frappe à Higuain ». Si tu devais devais comparer ta carrière à celle d’un footballeur, qui serait celui-ci ?
Tu as visé juste très juste dans ta question, même quand je joue au foot, mes collègues m’appellent Higuain. Je suis numéro 9, pas très rapide mais je déclenche des bonnes frappes, un peu comme Higuain. Même dans sa carrière je me retrouve, j’ai entendu des milliers de fois dans ma vie « Ouais Higuain, il est terminé » et pourtant il est toujours revenu au top, que ce soit au Real Madrid, à la Juve ou à Naples. Tout le monde l’avait enterré après son départ du Real Madrid, puis deux ans après il termine meilleur buteur de Série A avec 36 buts, personne n’a fait mieux dans l’histoire. Je me vois aussi comme ça, j’ai beaucoup entendu dire « Dibson on l’entend plus, il sort plus de projet ». Mais quand je reviens, j’arrive encore à étonner les gens.
Tu as participé au projet classico organisé à l’initiative de Jul, celui-ci avait pour objectif de mettre en lumière les artistes parisiens et marseillais. Lors de la réalisation du projet, y avait-il une rivalité entre les artistes semblable à celle des supporters lors d’un Clasico ?
Ce serait mentir de te dire qu’il y avait une grande rivalité. Y a toujours une rivalité car tout le monde a envie d’être le meilleur sur un morceau, c’est une rivalité saine. Ce qu’on voulait tous c’était de créer un bon projet et de respecter l’invitation de Jul. De plus, personnellement je n’avais pas eu l’occasion de participer au projet 13’Organisé, donc c’était une fierté d’avoir été appelé par le J et d’avoir pu représenter ma ville.

Si tu avais l’opportunité de faire venir 3 joueurs à l’Olympique de Marseille, tu recruterais qui ?
Je pense qu’on a besoin d’un vrai 9 parce que Alexis Sanchez a déjà declaré qu’il n’était pas très à l’aise dans ce rôle. Pour combler ce manque j’aimerais bien voir Elye Wahi, le jeune attaquant international français espoir de Montpellier, il réalise un gros début de saison, je pense qu’à l’OM, il pourrait vraiment exploser. On devrait se pencher sur lui avant que sa cote explose. Ensuite, je voudrais tellement recruter Ounahi, déjà parce que je suis marocain mais aussi parce qu’il a démontré à la Coupe du Monde qu’il supportait le haut niveau. L’OM peut être un bon tremplin avant d’intégrer les plus grosses écuries européennes. On a vu plusieurs joueurs ne pas réussir dans les plus gros clubs d’Europe car ils ont grillé les étapes, la marche était parfois trop haute, donc Marseille peut être un bon projet pour lui aussi. Pour finir, je ferais revenir Saliba, ses performances chez nous étaient incroyables, on lui doit en grande partie la qualif en Ligue des Champions. Je l’imagine aux cotés de Chancel Mbemba, ils pourraient former un redoutable duo.
Pour terminer, une petite question piège. Tu préférerais que ton prochain album soit certifié disque de platine ou que l’OM remporte la prochaine édition de la Ligue des Champions ?
C’est très très difficile de choisir, même si être certifié disque de platine c’est un très grand accomplissement à titre personnelle. Sans te mentir, je ne sais pas si cela me procurerait autant de plaisir que voir l’OM soulever une deuxième Ligue des Champions. En termes d’émotion les deux sont incomparables, même si la victoire de l’OM ne changera sûrement rien à ma vie, elle m’apportera plus de joie et de bonheur.