Après Chanel et la fondation Gan, Netflix devient Grand mécène de la Cinémathèque française afin de « valoriser le patrimoine cinématographique et en favoriser la diffusion au plus grand nombre ».
Le nouveau partenariat d’une durée de trois ans entre la Cinémathèque française et Netflix se traduira par une aide en direction des diverses activités proposées par l’institution, qui oeuvre principalement pour la préservation, la restauration et la diffusion du patrimoine cinématographique.
Ainsi, le géant de la vidéo à la demande prendra part à la programmation de sorties de films et de rétrospectives, accompagnées de rencontres, masterclass et avant-premières. En plus, Netflix contribuera aussi aux collections en donnant des objets ou des archives de films. En outre, pour accompagner les expositions temporaires à la Cinémathèque, des collections thématiques de films en lien avec celles exposées seront disponibles sur l’application Netflix France.
Le géant du streaming sera aussi un des partenaires du festival Toute la Mémoire du Monde, qui se déroulera du 8 au 12 mars 2023 et où des films du catalogue Netflix seront projetés. Enfin, l’entreprise américaine épaulera aussi des activités pour les plus jeunes en parrainant un des Studios éducatifs. En plus d’organiser des avant-premières familiales pour Ma Petite Cinémathèque.
Une relation qui dure depuis presque 5 ans
Le rapprochement progressif entre la plateforme et le temple de la cinéphilie en France commença à partir de 2018, notamment avec la projection en avant-première du film inachevé d’Orson Wells The Other Side of the Wind. À partir de 2019, une nouvelle collaboration eut lieu entre Netflix et la Cinémathèque française avec l’organisation de différentes masterclass, comme celles de Damien Chazelle réalisateur de La La Land (2016) ou de David Fincher réalisateur de Fight Club (1999). Mais aussi avec la projection d’avant-premières comme celle de The Irishman de Martin Scorsese en 2019 ou encore celle de Don’t look up d’Adam McKay en 2021.
En janvier 2021, Netflix devint mécène et finança la restauration de Napoléon vu par Abel Gance (1927). Tandis que la Cinémathèque projeta une sélection de films du catalogue de l’application.
Une présence compliquée en France
Netflix compte aujourd’hui plus de 10 millions d’abonnées en France. Néanmoins, depuis son arrivée dans l’hexagone en 2014, l’entreprise a dû faire face à l’hostilité d’une partie des professionnels de l’industrie cinématographique et des autorités politiques. En effet, ils craignent l’affaiblissement du secteur du cinéma français face à la montée des plateformes de streaming, notamment depuis la pandémie.
Ainsi, lors du Festival de Cannes de 2017, le filmOkja du réalisateur Bong Joon-ho avait été hué par les spectateurs lors sa projection car son distributeur était en l’occurrence Netflix. Et ce dernier ne comptait pas le faire sortir en salle. Depuis, les films issus des plateformes de streaming et qui ne sont donc pas projetés au cinéma ne peuvent plus être présentés lors de la compétition.
Plus récemment en 2021, Netflix avait dû annuler son festival qui devait avoir lieu partout en France en partenariat avec des salles classées art et essais, à cause la colère d’une partie des professionnels redoutant la fin de « l’exception française ». L’évènement avait finalement eu lieu à la Cinémathèque française et à l’Institut Lumière.
Ces cas illustre le fait qu’en France l’application a aussi dû s’adapter à la règlementation mise en place pour protéger le cinéma français : la chronologie des médias. En effet, jusqu’en 2018, les plateformes de vidéo à la demande devaient attendre 36 mois pour pouvoir exploiter un titre. Ce délai a été raccourci à 15 mois pour Netflix, à condition qu’il s’engage financièrement pour le cinéma français. Ainsi, ce nouveau mécénat s’inscrit cet accord récemment fixé entre la plateforme américaine et la France.
Néanmoins il s’agit aussi pour Netflix de bénéficier d’avantage fiscaux et de réduction d’impôts, alors même que grâce à un système d’optimisation fiscale l’entreprise n’a payé que 6,5 millions d’euros d’impôt sur les bénéfices en 2021. Ce détail risque d’envenimer la nouvelle du mécénat.