2 ans après la première condamnation, le laboratoire Servier revient ce 9 janvier sur le banc des accusés à propos de la commercialisation du Médiator. Un médicament qui a causé plusieurs morts.
Le procès est prévu pour durer six mois. En première instance, il s’était étalé sur dix mois, dont une interruption de deux mois pendant le confinement du printemps 2020. Le scandale est dévoilé au printemps 2010 par la pneumologue Irène Frachon, qui s’est battu pour l’arrêt de la commercialisation du Médiator.
Le Médiator banni
Le Médiator a fait parler de lui ces dernières années et pour cause : ces effets secondaires. Un médicament antidiabétique conçu par le laboratoire Servier, et vendu comme coupe-faim. Ce dernier a causé la mort de plusieurs centaines de personnes et a provoqué de graves lésions cardiaques. Au total, plus de 5 millions d’exemplaires de ce médicament ont été prescrits.
En mars 2021, le laboratoire Servier est condamné à 2,7 millions d’euros d’amende pour « tromperie aggravée » et « homicides et blessures involontaires ». L’ancien numéro deux de la firme, Jean-Philippe Seta, a été condamné quant à lui, à quatre ans d’emprisonnement avec sursis et à 90 600 euros d’amende.
Le crime repose sur trois piliers : l’obtention indue d’autorisation de mise sur le marché, l’escroquerie et toxicité.
Un procès qui n’en finit pas et inquiète la pneumologue qui a jugé l’ancienne peine, trop insuffisante pour les risques encourus.
« Le procès est interminable à cause de l’activisme de la défense de Servier. Pourtant, l’affaire n’est pas complexe, il n’y a pas de problème pour prouver que le médicament était toxique. Mais le laboratoire s’obstine à dire que le Mediator coupe-faim n’est pas un Mediator coupe-faim. C’est un mensonge trumpien ou poutinien qui dépasse l’entendement. » confie Irène Frachon, lors d’une interview pour Huffington Post.
La justice face au scandale sanitaire
La pneumologue juge le manque de présence de la justice en matière de scandale sanitaire : « Le problème, c’est la qualification des faits, je pense qu’il faut une réforme du Code pénal. La firme a été reconnue coupable d’ « homicides et blessures involontaires » mais ça ne veut rien dire, c’est toujours délibéré puisque Servier savait que c’était un poison ! Je pense qu’il faut permettre au juge d’instruction de mieux qualifier les faits. »
Des scandales sanitaire qui s’enchaînent
Ce n’est pas la première fois que des scandales sanitaires et judiciaires d’une telle ampleur font l’objet de débats et d’interdictions en France. En 2017, le Levothyrox fait parler de lui. Quelques semaines après son lancement par le laboratoire allemand Merck, des milliers de patients se plaignent de ressentir de lourds effets secondaires et réclament un retour à l’ancienne formule. Le groupe Merck sera finalement reconnu coupable par la cour d’appel de Lyon, et condamné à verser 1000 euros à chacun des plaignants.