La publication d’une enquête indépendante réalisée par Jean-Baptiste Rivoire et Gauthier Mesnier sur le patrimoine du Président Macron a mis en exergue plusieurs incohérences dans ses déclarations de patrimoine. À la suite d’une recherche en profondeur, l’investigation a permis de se rendre compte d’une pratique d’optimisation fiscale réalisée par l’ancien banquier d’affaire. Il est notamment soupçonné d’avoir placé les rémunérations qu’il a perçu lorsqu’il travaillait encore chez Rothschild dans des trusts à l’étranger.
Une incohérence dans ses déclarations de patrimoine
Il y a quelques jours avait lieu la traditionnelle déclaration de situation patrimoniale des candidats pour l’élection présidentielle. Emmanuel Macron déclarait 500.000 euros de patrimoine à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Ces chiffres sont relativement surprenants lorsque l’on sait que le Président a été un des meilleurs banquiers de la banque d’affaire de Rothschild, un poste qui comme il l’a lui-même avoué, lui aurait permis de percevoir 3 millions d’euros de rémunérations entre 2009 et 2013. Or, un an plus tard, en 2014, le nouveau ministre de l’Économie ne déclarait que 156.000 euros de patrimoine. Cela a soulevé de nombreuses questions puisque si cela s’avérait vrai, ça voudrait dire que pendant 3 ans Emmanuel Macron aurait dépensé en moyenne plus d’un SMIC par jour. Un autre problème a été révélé avec cette enquête : le président aurait en réalité perçu beaucoup plus que les 3 millions d’euros qu’il a avoué avoir perçu.
Par ailleurs il ne s’en cache pas, et il a avoué dans un article de Challenges que la raison principale pour laquelle il est allé chez Rothschild, c’était pour s’enrichir. Selon lui cet enrichissement lui permettrait d’être indépendant, d’assurer ses arrières en quelque sorte, mais il ne se justifierait absolument pas par une appétence au luxe.
Des pratiques d’optimisations fiscales chez Rothschild
En 2010, Macron rentre dans le cercle très fermé des associés-gérants de Rothschild, qui sont seulement au nombre de 20, preuve de son efficacité remarquable au sein de la banque. En effet, dans cette banque d’affaire qui permet des fusion-acqusition, celui qui deviendra le plus jeune président de la République a fait réussir de nombreuses transactions. La plus importante d’entre elles, c’est le rachat par Nestlé de la filiale de la nutrition pour enfants de Pfizer, une opération s’élevant à près de 10 milliards d’euros. Selon les chiffres qui circulent au sein des banques d’affaires, pour une acquisition comme celle-ci, la banque qui l’a menée touche entre 0,5 et 1,5 % du montant du deal. Rothschild aurait donc touché entre 45 et 135 millions d’euros. La banque va ensuite rémunérer les associés, et parmi les associés c’est Macron qui est en première ligne. C’est en effet lui qui a négocié avec le patron de Nestlé et l’a convaincu de réaliser cette opération, alors que Danone était l’entreprise favorite dans cette course au rachat.
Selon les spécialistes, Emmanuel Macron aurait perçu rien que pour cette transaction, ente 5 et 10 millions d’euros de « bénéfices industriels et commerciaux », sauf que pour l’année de l’opération il n’a déclaré que 720.000 euros de ces bénéfices.
Ces pratiques ne sont pas fiscalement répréhensibles
Chez Rothschild, selon une source interne contactée par les enquêteurs, 20% de la rémunération des associés-gérants est versée sous forme de salaire, tandis que les 80% restants sont versés dans des trusts à l’étranger qui ne sont ni au nom de la banque ni à celui des associés-gérants.
Dans les années 2000, Rothschild et Lazard, qui sont les deux plus grosses banques d’affaire d’Europe, ont conclu un deal avec le Ministère de l’Économie et des Finances français. Ce deal aurait permis que le versement d’honoraire aux associés gérants dont Macron fait partie ne soit pas fiscalisé en France, étant donné que Rothschild a aussi un siège en Grande-Bretagne. Toutefois, il n’autorisait pas la rémunération dans des paradis fiscaux, sauf que ces trusts n’étant pas au nom de l’associé, ce n’est pas considéré comme de la fraude fiscale de ce point de vue. Pour disposer de ses fonds, l’associé doit simplement demander à l’avocat qui gère le trust d’envoyer les fonds qu’il demande sur le compte qu’il souhaite.
Cependant, Emmanuel Macron est dans l’obligation de déclarer tout ce qu’il possède, y compris ce qui lui a été versé à l’étranger. Ainsi, bien que cette pratique ne soit pas considérée comme de la fraude fiscale, mais comme de l’optimisation fiscale (ce qui est légal), le fait d’omettre ces versements dans sa déclaration de patrimoine constitue un délit d’omission pour le président. Cela pourrait également jouer un rôle important dans sa course pour être réélu, et sa popularité pourrait en prendre un coup.