Harcelé depuis plusieurs mois par des élèves du même établissement, Lucas âgé de 13 ans, s’est suicidé le 7 janvier 2023 dans les Vosges. Quatre de ses camarades seront prochainement jugés.
Il avait alerté à plusieurs reprises, depuis plusieurs mois, qu’il se faisait harceler. Les raisons de son harcèlement sont dû à son orientation sexuelle et début janvier, il mettait fin à ses jours chez lui, à Golbey dans les Vosges. Il avait été retrouvé pendu.
En conséquence de ce drame, quatre adolescents de 13 ans vont être jugés pour « harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide ».
Un fléau dans les établissements scolaires
Présumés innocents et inconnus de la justice, les quatre camarades de Lucas feront l’objet d’une évaluation par la protection judiciaire de la jeunesse. Après les nombreuses alertes orchestrées par le jeune dès la rentrée de septembre, une réunion avait été organisée avec les autres élèves. Une réunion qui, d’après la directrice, avait fonctionné puisque qu’elle a déclaré à l’Éducation nationale, que « la situation était réglée ».
Cependant, Lucas se donnait la mort quelques mois plus tard.
Lors d’un reportage RMC sur l’affaire, il est expliqué que Lucas s’assumait complètement, que ce soit auprès de sa famille ou de ses camarades au collège. Il était décrit comme un garçon toujours souriant, plein de rêves. L’enquête a révélé que, dans le journal intime du jeune garçon, il avait écrit « sa volonté de mettre fin à ses jours ».
Le fléau qu’est le harcèlement scolaire est un réel problème et le gouvernement en fait sa priorité. Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation national, a insisté sur le fait que le harcèlement doit « demeurer une priorité du gouvernement ».
Selon une enquête Depp, relatée par le gouvernement sur son site education.gouv.fr, 2,6% des élèves en CM1-CM2 subissent une forte victimisation, ce qui s’apparente à du harcèlement. 5,6% au collège en sont victime et 1,3% au lycée.
Que dit la loi ?
La nouvelle loi du 2 mars 2022 a créé l’infraction « harcèlement ayant entraîné un suicide ou une tentative de suicide ». La peine encourue dans ces circonstances est de 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Le harcèlement scolaire (sans suicide ou tentative) est quant à lui puni de 3 ans de prison.
Qui sont les coupables ? Que risquent-ils ?
Cela reste et restera très difficile à déterminer. Cependant, l’enquête, les différentes auditions des camarades et le journal intime de Lucas révèlent, selon la justice, que des faits de harcèlement ont pu effectivement conduire le jeune homme au suicide.
Les quatre mis en cause ont admis, lors de leur audition, avoir « proféré à plusieurs reprises des moqueries à l’encontre de leur camarade », a fait savoir le magistrat.
Une future audience devra déterminer les responsabilités de chacun dans l’affaire afin de prononcer des peines, que certains attendent de pied ferme. Pour Maître Laure Boutron-Marmion, avocate spécialisée dans les dossiers de harcèlement scolaire, « la limite a été plus que franchie ».
« Il faudra démontrer qu’ils (les quatre mineurs mis en cause, NDLR) en avaient conscience et il faudra une peine. Une peine assez forte mais il faudra l’accompagner d’un entourage avec un éducateur et on fera primer l’évolution du mineur », à déclaré l’avocate.