L’Iran a démenti « catégoriquement » tout lien avec Hadi Matar, l’étudiant de 24 ans qui a poignardé à de multiples reprises l’écrivain Salman Rushdie, lors d’une conférence à New-York, le 12 août. L’auteur des « Versets sataniques » est menacé de mort par l’Iran depuis une fatwa de l’ayatollah de 1989.
« Seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d’être blâmés ». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Nasser Kanani, a « catégoriquement » démenti, ce 15 août, tout lien entre l’agresseur de Salman Rushdie et l’Iran. Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, il a souligné que l’Iran ne mérite pas d’être blâmé et que ce sont l’auteur des Versets sataniques et ses partisans qui méritent de l’être, ainsi que d’être condamnés pour avoir insulté « les choses sacrées de l’Islam » et d’avoir franchi « la ligne rouge de plus d’un milliard et demi » de personnes.
L’écrivain britannique, d’origine indienne et naturalisé américain, est la cible d’une fatwa de l’ayatollah iranien Khomeini de 1989, qui a mis sur sa tête une prime de 3 millions de dollars à cause de son livre Les versets sataniques, dans lequel il raconte que certains versets, effacés du Coran, auraient été transmis par le diable au prophète Mohammed.
Ce vendredi 12 août, alors qu’il était sur le point de parler du havre de paix que sont les États-Unis pour les écrivains exilés, à l’institution de Chautauqua, dans l’État de New-York, Salman Rushdie a été poignardé à de multiples reprises à l’abdomen et au cou par Hadi Matar, un étudiant américain de 24 ans.
L’auteur est « sur la voie du rétablissement »
Alors que le 13 août, l’agent de l’écrivain, Andrew Wylie, disait sur Twitter que les nouvelles n’étaient « pas bonnes », il serait, ce lundi 15 août, « sur la voie du rétablissement » même si « ses blessures sont graves ». En effet, Salman Rushdie a été poignardé à plus de dix reprises, et même s’il n’est plus placé sous assistance respiratoire et qu’il peut de nouveau parler, cette agression risque de lui laisser de multiples séquelles. Son agent rapportait, le jour de son agression, qu’il était sérieusement blessé au foie ainsi qu’à un de ses bras, où des nerfs ont été sectionnés, et qu’il risquait de perdre un œil.
Cependant, la famille de l’écrivain, qui a pu échanger quelques mots avec lui depuis son réveil, a déclaré sur Twitter être soulagée « même si les blessures et séquelles sont graves ». Le fils de Salman Rushdie, Zafar, a publié sur le réseau social un communiqué de la famille Rushdie dans lequel il explique que, malgré tout, son père garde « son habituel sens de l’humour, féroce et provocant ».
A family statement… @SalmanRushdie #SalmanRushdie pic.twitter.com/tMrAkoqliq
— Zafar Rushdie (@ZafRushdie) August 14, 2022
Hadi Matar a plaidé non-coupable
Arrêté et placé en détention, Hadi Matar a été inculpé pour « tentative de meurtre et agression ». Le procureur de Chautauqua a expliqué que l’agresseur a prémédité son acte puisqu’il avait obtenu un laissez-passer sous un faux nom pour assister à l’événement où devait intervenir, Salman Rushdie.

Le suspect a comparu devant le tribunal de Chautauqua, le dimanche 14 août, où il n’a pas dit un mot. Il a plaidé non-coupable par le biais de son avocat, Nathaniel Barone. Ce dernier a déclaré, après l’audience, qu’il allait mener des recherches pour savoir si son client n’a pas des troubles psychologiques ou des addictions à des substances qui auraient pu le faire commettre cet acte. Il a aussi insisté sur le fait que son client « a le droit constitutionnel à la présomption d’innocence ».
Le juge, quant à lui, a ordonné sa détention sans caution après que le procureur a expliqué que « même si une caution d’un million de dollars » était fixée, la somme risquait « d’être récoltée » puisque, selon lui, l’agression a été justifiée « par des groupes et des organisations dont l’importance dépasse largement les frontières juridictionnelles du comté de Chautauqua ». Après avoir plaidé non-coupable, Hadi Matar comparaîtra une nouvelle fois, le 19 août.
Suivez toute l’actualité au quotidien sur notre compte Twitter @CerfiaFR. Pour plus d’infos « INFOS », découvrez notre rubrique dédiée.