Didier Lallement, préfet de police de Paris, est auditionné ce jeudi au Sénat afin de revenir sur « l’échec » de la finale de la Ligue des Champions.
La finale de la Ligue des Champions s’est déroulée au Stade France à Saint-Denis le 28 mai dernier. Cet événement, important dans le monde du football, fut un véritable « fiasco organisationnel ». Plusieurs supporters, munis de billets pour assister à la finale, n’ont pas pu rentrer dans le stade et des infractions ont été commises notamment à l’encontre des spectateurs britanniques. Les supporters ayant subis ces infractions pourraient porter plainte, selon un communiqué de l’ambassade de France au Royaume-Uni ce mardi.
La reconnaissance d’un échec
« C’est à l’évidence un échec », a déclaré Didier Lallement ce jeudi.
Le préfet de police Didier Lallement s’est exprimé au Sénat ce jeudi afin de revenir sur les circonstances des incidents perpétrés au Stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions. Il a exprimé son entière « responsabilité », étant « le seul responsable opérationnel de l’ordre et de la sécurité publique ».
Didier Lallement est revenu aussi sur l’image de la France, qu’il a qualifié « d’ébranlée » suite à l’échec de l’organisation de cet événement :
« L’image du pays a été ébranlée. Mais je dois insister, au-delà de cet échec, sur le fait que face à une crise d’ampleur, dans un contexte dégradé et difficile, nous avons fait en sorte que le match se tienne et surtout qu’il n’y ait aucun blessé grave ni aucun mort. »
Le préfet rappelle l’importance pour les supporters anglais mais aussi espagnols, de porter plainte s’ils ont été victime d’infractions le jour de la finale :
« J’encourage les ressortissants anglais et espagnols à porter plainte, pour que nous puissions poursuivre leurs agresseurs mais aussi si jamais ils ont acheté des faux billets. Je leur promets que nous ferons tout pour trouver les coupables et les présenter à la justice. »
Didier Lallement assume avoir donné le chiffre de « 30 000 à 40 000 personnes sans billets valides ». Il déclare : « le fil rouge de toute ma soirée a été de sauver des vies. »
Les explications du préfet de police
Didier Lallement s’est ensuite exprimé afin d’expliquer les décisions qui ont été prises lors de l’événement, notamment au sujet de la levée des barrages :
« Il fallait les lever car ils ne servaient plus à rien. Les Anglais se sont bien évidemment massés devant les portes. Ces portes ont menacé de lâcher et certaines ont même été franchies. Si des milliers de personnes, dont je ne savais forcément si elles avaient des places, étaient rentrées dans le stade sans avoir de billet, il n’y aurait pas eu de match. »
L’utilisation des gaz lacrymogènes, qui a choqué l’opinion publique, a été justifiée par le préfet comme le seul moyen de pouvoir protéger l’entrée du stade.
« J’ai demandé le gazage, je l’assume » a-t-il déclaré. « Je pense que ça aurait été une erreur de charger les gens. Le gaz lacrymogène a fonctionné. J’ai bien conscience que des personnes de bonne foi ont été gazées, parfois même des familles, j’en suis désolé, mais il n’y avait pas d’autres moyens.«
Des supporters, qui ont pourtant leurs tickets pour la #UCLfinal, se font gazer avant d’entrer au Stade de France. pic.twitter.com/Docmu7FwgG
— Instant Foot ⚽️ (@lnstantFoot) May 28, 2022
« Il y a eu des gestes inappropriés« . Le préfet cite deux gestes : le policier filmé dans le stade en train de gazer un supporter anglais et un autre cas sur un barrage. « Ce n’est pas professionnel, ça ne va pas« , reconnaît-il.
En ce qui concerne les personnes ayant présenté un faux billet, le préfet déclare que « les choses n’avaient pas été envisagées de cette façon. A notre connaissance, au-delà des flux qui arrivaient, il y avait la présence de supporters en périphérie de nos barrages. »
Il déclare que le chiffre de faux billets annoncé « c’est moi qui l’ai écrit, je vous donne le chiffre tel que nous l’avions au moment des événements. »
« Le chiffre n’avait pas une vertu scientifique. Mais la remontée d’une information capitale qui est qu’il y avait largement plus de personnes que la contenance du stade. »
Le préfet admet s’être « peut-être trompé« :
« Peut-être me suis-je trompé dans le chiffre de 30 000 à 40 000 que j’ai donné au ministre. Mais je n’ai jamais prétendu que ce chiffre, à quelques milliers, était parfaitement juste. Mais il me paraît refléter la situation. »
Par ailleurs, les autorités comptaient sur les fans zones. Le préfet pensait que les supporters sans billet « iraient voir le match dans différents bars et cafés ».
Lorsque Didier Lallement est interrogé au sujet du dispositif de sécurité mis en place pour la finale de cet événement, il évoque deux éléments qui n’étaient pas prévu dans l’organisation : la grève de RER et la note de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme qui prévoyait la venue importante de supporters de Liverpool sans billet.
Même la CAN des quartiers est mieux organisée 😭
Surréaliste, des gens escaladent les grilles du Stade de France pour assister à la #UCLfinal ! 😳 pic.twitter.com/fsdNQF1kSQ
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Pour la grève de RER, le préfet explique que les services de sécurité se sont appuyés sur des « expériences passées » de grèves. La mise en place d’un barrage afin de dévier la sortie du RER vers une avenue plus large a été mise en place « tardivement » admet le préfet. Afin de répondre aux critiques de certains syndicats de police, Didier Lallement a expliqué les étapes de la préparation du dispositif de sécurité mis en place pour la finale de la Ligue des Champions :
« Le dispositif est préparé par la DOPC (Direction de l’ordre public et de la circulation), puis m’est présenté avec plusieurs variantes. Les effectifs policiers sont alors quantifiés puis un briefing des commandants d’unités est organisé. Il n’y a pas eu de remarques » a-t-il assuré.
« Croyez-moi, ça ne se passe jamais comme prévu » a ajouté le préfet de police.
Didier Lallement confirme cependant que la finale de la Ligue des Champions « n’était pas un match à risque, il ne l’était pas classé en temps que tel ».