Le ministre afghan de l’Enseignement supérieur, Neda Mohammed Nadeem, a adressé une lettre aux établissements privés et publics du pays, indiquant l’interdiction pour les femmes d’étudier à l’université.
Après le retour au pouvoir des talibans le 15 août 2021, des règles liberticides à l’encontre des femmes ont été progressivement annoncées et les universités ont alors mis en place un certain nombre de nouvelles règles. Jusqu’ici, les femmes étaient autorisées à suivre des cours dans les universités du pays, dans des classes séparées des hommes, et seulement si, les enseignements étaient dispensés par des femmes ou des hommes âgés.
Alors que les étudiantes ont fait leur rentrée à l’université il y a trois mois en réussissant les concours des différents établissements, elles se voient désormais privées d’enseignement supérieur pour une durée indéterminée. Aujourd’hui, plusieurs étudiantes se sont vu empêcher par des gardes armés l’entrée dans le campus de l’université à Kaboul.
« Non seulement moi, mais tous mes amis sont sans voix. Nous n’avons pas de mots pour exprimer nos sentiments. Tout le monde pense à l’avenir inconnu qui l’attend », a confié une étudiante à l’AFP.
Une décision qu’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, déplore et « réitère que le refus de l’éducation, non seulement, viole l’égalité des droits pour les femmes et les filles, mais aura un impact dévastateur sur l’avenir du pays », confie Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général.
Omar Zakhilwal, ministre des Finances sous l’ancien gouvernement, estime quant à lui, que « les nouvelles restrictions étendues à l’éducation des femmes en Afghanistan sont tragiques ».
The new extended restrictions to female education in Afghanistan is tragic. The ban has no religious, cultural or logistical grounds. It is not only a serious violation of women’s rights to education but also makes our country look further deeply anomalous! #LetAfghanGirlsLearn pic.twitter.com/ux1hg0Qhru
— Dr Omar Zakhilwal (@DrOmarZakhilwal) December 20, 2022
Une multiplication des mesures liberticides à l’encontre des femmes
Cette décision d’interdire l’accès des universités aux femmes s’inscrit dans une continuité de lois visant à isoler les jeunes filles et les femmes afghanes. Depuis plusieurs mois, les talibans ont imposé de nombreux interdits aux femmes afghanes, les écartant progressivement de la vie publique.
Alors qu’entre les deux règnes des talibans, chassées du pouvoir par les forces américaines et les forces de l’OTAN en 2001, les jeunes filles étaient autorisées à étudier dans les collèges et les lycées. Désormais, l’Afghanistan reste le seul pays au monde, dans lequel les filles sont privées d’éducation secondaire.
Si les jeunes filles sont exclues des collèges et des lycées depuis mars, les femmes quant à elles, n’ont pas accès à la plupart des emplois publics et sont rémunérées une misère, de manière à les dissuader d’occuper un emploi. En novembre dernier, elles se sont vu annoncer l’interdiction d’entrer dans les parcs et jardins, les salles de sport, et les bains publics. Par ailleurs, elles doivent, depuis mai dernier, obligatoirement porter le voile intégral en public.
Ces restrictions reflètent « leur analphabétisme et leur ignorance dans l’islam ainsi que le peu de respect dans les droits humains », a déclaré un étudiant à l’AFP.
Toutes ces décisions sont pourtant contraires à la promesse faite par les talibans. Lors de leur reprise du pouvoir, ils avaient affirmé qu’ils se montreraient plus souples et qu’ils respecteraient les droits humains, y compris les droits des jeunes filles et des femmes.