Les « midterms », ou les élections américaines de mi-mandat, peuvent véritablement changer les règles du jeu de la politique américaine. À deux jours des élections, on vous explique pourquoi.
Ce mardi 8 novembre, la population américaine est appelée à voter. Mais voter pour quoi au juste ? À chaque moitié de mandat présidentiel, des élections se tiennent pour le renouvellement des 435 sièges de la Chambre des représentants (« House of Representatives ») et un tiers des 100 sièges du Sénat (« Senate »). Ces deux chambres composent le pouvoir législatif américain.
Quelle est la situation actuelle ?
Les Démocrates détiennent actuellement la majorité dans les deux chambres, en plus de la majorité présidentielle. Avoir cette majorité est essentielle – elle permet de passer les lois souhaitées. Le Sénat est 50-50, dans la mesure où le vote décisif est celui de Kamala Harris, la vice-présidente démocrate. À la Chambre des Représentants, le parti démocrate contrôle 222 sièges sur 435. Les Républicains en ont 215.
We will make our voices heard in this critical midterm election. pic.twitter.com/7vv2xCEYBL
— Kamala Harris (@KamalaHarris) November 4, 2022
Kamala Harris s’exprime sur l’importance des midterms.
Pourquoi ces élections sont cruciales pour l’avenir de la politique américaine ?
Si le parti présidentiel perd la majorité, ne serait-ce que dans une des deux chambres, cela chamboulerait les projets législatifs et affaiblirait le pouvoir des Démocrates. Selon les derniers sondages, les Républicains sortent favoris pour gagner la Chambre des Représentants. Pour le Sénat, selon FiveThirtyEight, les résultats prédits sont actuellement en « ballotage », signifiant que le parti qui remportera deux des trois Etats les plus proches décrochera probablement la majorité au Sénat.
Comme le précise le New York Times, il est très difficile d’adopter des lois à moins qu’un parti ne contrôle la présidence, le Chambre et le Sénat (comme c’est déjà le cas actuellement). En d’autres termes, si les Républicains gagnent les deux chambres, ils ne se gêneront pas pour empêcher ce que Biden et les Démocrates espèrent accomplir avant 2024, année des prochaines présidentielles. À l’inverse, si les Démocrates conservent la Chambre des représentants et augmentent leur pouvoir au Sénat, cela pourrait leur permettre de passer de nouvelles lois.
Pour ces midterms, les Républicains peuvent s’appuyer sans conteste sur l’appui de l’ancien président Donald Trump.
Obama: If we had kept the senate in 2014, we'd have a very different supreme court making decisions about our most basic rights. So midterms are no joke… pic.twitter.com/Z0jt4rCmYR
— Acyn (@Acyn) November 5, 2022
Barack Obama en Pennsylvanie, hier, au sujet de la défaite des Démocrates lors des midterms de 2014. « Les midterms ne sont pas une blague », commente cet internaute.
Concrètement, qui pourrait passer quoi ?
Epaulés d’une majorité, les Républicains pourraient bloquer les efforts des Démocrates sur les questions sociales (codification du droit à l’avortement, la question du climat…), ou encore remettre en cause l’aide envoyée à l’Ukraine. Les Démocrates, eux, pourraient continuer sur leur lancée (climat, projet de loi sur la santé…).
Les Républicains pourraient également engager des audiences au tribunal, citer des gens à comparaître (comme pour Donald Trump récemment, sur l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021), ou pourraient faire témoigner des personnes. Avec tout cela, les Républicains pourraient en évidence des incompétences perçues ou des actes répréhensibles sur différents sujets – la perquisition de la résidence privée de Trump en août dernier, le retrait des troupes de l’Afghanistan ou encore la gestion de la pandémie de Covid-19. Le sénateur Ted Cruz (Texas), a avancé l’année dernière une éventuelle « destitution de M. Biden, justifiée ou non », si les Républicains parviennent à reprendre la Chambre des Représentants.
Quels sont les États à suivre ?
Durant les centaines d’élections qui auront lieu à travers tout le pays mardi, des Etats clés, à suivre, se détachent du lot. Parmi eux, l’Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie ou encore le Wisconsin.
En plus d’élire les nouveaux représentants législatifs, 36 Etats éliront aussi à cette occasion leur nouveau gouverneur. Aussi, la Californie décidera si oui ou non elle doit inscrire l’avortement dans sa constitution – quelques mois après l’annulation de Roe v. Wade, passé en 1973.
Une vidéo de Vox expliquant les trois scénarios probables et leurs conséquences :