Le Haut Conseil de la famille a signalé dans un récent rapport un nombre important de prescription d’antidépresseurs pour les enfants et adolescents. Depuis 2014, il a relevé une augmentation de plus de 50 pourcents.
« Quand les enfants vont mal, comment les aider ? » est l’intitulé du rapport publié hier, lundi 13 mars, du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA). Ce titre résume l‘état actuel d’une part importante des jeunes, et exhorte à trouver rapidement les solutions pour endiguer l’aggravation d’un phénomène : leur consommation croissante d’antipsychotiques et d’antidépresseurs. Entre 2014 et 2021 – les calculs post-covid et confinements sont essentiels – , elle a augmenté pratiquement de moitié (48, 54%) pour les premiers, pas loin de deux tiers pour les seconds (62, 58%). Pour les hypnotiques sédatifs, la hausse a bien plus que doublé avec un chiffrage à 155%. Parmi ces psychotropes, certains sont même destinés aux adultes (antiparkinsoniens).
Une consommation préoccupante
Le HCFEA souligne que ces médicaments sont prescrits pour des « dizaines de milliers d’enfants » en France, et qu’ils sont de plus en plus atteints par la souffrance psychique et les troubles psychologiques. 5% des enfants sont concernés par cette statistique, soit un enfant sur vingt. France Info explique en plus que les prescriptions d’antidépresseurs , 40% délivrées en ville et 67 à 94% à l’hôpital, « se font souvent hors autorisation de mise sur le marché (AMM), les médicaments appropriés n’existant pas pour les enfants ».
« Ces niveaux d’augmentation sont sans commune mesure [2 à 20 fois plus élevés] avec ceux observés au niveau de la population générale », détaille le rapport du Haut Conseil de la famille.
Le rapport fait état d’un « effet ciseau » entre cette hausse conséquente de la consommation d’antidépresseurs et la baisse de l’offre de soin en France. Il déplore que « l’offre pédiatrique, pédopsychiatrique et médicosociale est en recul et ne permet plus d’accueillir dans des délais raisonnables (attente de 6 à 18 mois) les enfants et les familles ». Les consultations sont désormais effectuées en majorité par un médecin généraliste. « Seuls 30% des enfants sont reçus par un pédiatre, qui concentre sa patientèle sur les moins de 2 ans ». Les jeunes issus d’un milieu défavorisé où ayant sauté des classes, en avance sur leur âge, sont de plus grands consommateurs que la moyenne.
Les axes d’amélioration possibles pour guérir les enfants
Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge indique en conclusion qu’il faut « renforcer considérablement les moyens structurels dédiés à la santé mentale de l’enfant » ainsi que la mise en place d’une « politique publique ambitieuse en la matière, ce qui implique de renforcer les moyens de la pédopsychiatrie, mais également les moyens dédiés aux approches psychothérapeutiques, éducatives et sociales destinées à l’enfant et à la famille ». Il propose des psychothérapies plus adaptées, un travail en profondeur sur le savoir-faire éducatif pour mieux accompagner et inclure l’enfant. Le HCFEA recommande également des interventions sociales optimisées pour mieux prendre en compte les facteurs de risques et les troubles mentaux chez les enfants.