Fondée le 8 mars 2021, quelques mois avant la reprise du pouvoir par les talibans, Radio Begum continue d’émettre, alors que les droits des femmes afghanes demeurent anéantis par le pouvoir.
Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, les femmes afghanes ont vu progressivement leurs droits restreints. Elles ne peuvent plus entrer dans les parcs et jardins, les salles de sport, les bains publics et sont évincées des emplois. Dernière mesure en date, l’interdiction pour les femmes d’étudier à l’université. Concernant les jeunes filles, elles sont exclues des collèges et lycées depuis mars 2022. Pourtant, Radio Begum, qui se veut au service des femmes, continue d’émettre dans 10 provinces du pays.
Cette radio est pour le moment tolérée par le régime tant qu’elle respecte les principes établis par les talibans et qu’elle ne diffuse pas d’information nuisible au régime. C’est-à-dire, une quelconque information en rapport avec la résistance.
Pourtant, la radio doit relever de nombreux défis et faire des concessions afin de ne pas mettre la clé sous la porte, comme ne plus diffuser de musique à l’antenne et se restreindre lors du flash info.
Une radio au service des femmes afghanes
Hamida Aman, fondatrice de Radio Begum, s’est exilée en Suisse alors qu’elle n’avait que huit ans. Elle retourne en Afghanistan en tant que journaliste afin de couvrir l’intervention de l’OTAN en 2001, avant de lancer une boite de production en 2004 dont l’objectif est la production des médias afghans.
Invitée au micro de RTL, Hamida Aman décrit Radio Begum comme « une radio faite par des femmes, pour des femmes », qui comprend quinze journalistes et animatrices.
Au programme de l’antenne, divers cours comme l’histoire-géographie, l’éducation civique, la théologie ou l’anglais, sont dispensés aux jeunes afghanes privées d’éducation. Plus encore, la radio épaule les femmes afghanes dont la santé mentale est en danger depuis qu’elles se sont vues supprimer leurs droits.
La radio aide les femmes afghanes qui traversent une dépression, à travers un soutien psychologique. « Il va sans dire que c’est une émission qui est très, très courue, comme le soutien psychologique, parce que c’est un pays où tout le monde est en dépression : les femmes, les hommes, les enfants. C’est terrible d’entendre les appels de plus en plus de jeunes filles qui parlent de suicide. C’est effrayant », explique Hamida Aman.