Une étude effectuée dans le Puy-de-Dôme indique que des bactéries résistant aux antibiotiques (antibiorésistantes) actuels se servent des nuages comme de navette pour pouvoir se déplacer et se propager sur de longues distances.
Comme tous les corps présents sur Terre les bactéries évoluent, ce qui les rend de moins en moins craintives devant les traitements aux antibiotiques. Pour l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), ces évolutions des bactéries antibiorésistantes seraient le plus gros problème de santé des années futures. Depuis 2018, l’OMS était déjà en alerte sur ces fameuses bactéries antibiorésistantes et la future absence d’armes pour se confronter à ces bactéries.
Ce phénomène pourrait être multiplié par dix d’ici 2050, alors qu’aujourd’hui, l’antibiorésistance causerait plus d’un million de décès chaque année. Dans le journal « Science of the Total Environment », des chercheurs de l’Université de Laval (Canada) et de l’Université de Clermont (Auvergne) ont publié une étude selon laquelle ces bactéries seraient capables de se déplacer sur de longues distances grâce aux nuages. Et si une bactérie antibiorésistante croise une bactérie qui n’a pas évolué, elle peut lui permettre de devenir antibiorésistante.
Des bactéries dans les nuages
Toujours dans le cadre de cette étude publiée dans « Sciences of the Total Environment », les chercheurs ont étudié les nuages du Puy-de-Dôme. Ils ont utilisés des nuages trouvés à une altitude de 1465 mètres. Pour analyser ses nuages, les scientifiques ont récupéré des parcelles de nuages entre septembre 2019 et octobre 2021. Les chercheurs ont ensuite tenté de déceler toutes les présences de bactéries et du gène antibiorésistant. Sur les 33 bactéries recherchés, 29 ont été observées. Parmi ces 29 bactéries, six d’entre elles était observées presque systématiquement (75 % du temps).
En moyenne, pour chaque nuage étudié, les chercheurs retrouvaient environ 8 000 bactéries par millilitre de pluie et dans ce même millilitre de pluie, 20 000 copies du gène antibiorésistant sont observées. Si ces résultats, sont 100 fois moins importants que dans les rivières et lacs, ils sont tout de même plus élevés que dans l’océan. Les chercheurs expliquent ces résultats par le manque de densité de l’eau dans les nuages, puisque cette eau est diluée dans l’air. Ce qui fait fortement chuter la moyenne, car dans un mètre cube d’air, on retrouve seulement 5 400 copies du gène antibiorésistant.
Pour les scientifiques des deux Université à l’origine de cette étude, si la densité d’eau moyenne dans l’air était la même que dans les nuages, on retrouverait plus de 10 quadrillions (1 suivit de 25 zéros) de copies du gène
antibiorésistant sur des bactéries.
Un environnement propice au développement des bactéries antibiorésistantes
Les chercheurs des Université de Laval (Canada) et de Clermont se sont rendu compte qu’en fonction de la provenance des nuages il y avaient plus ou moins de bactéries antibiorésistantes. Les nuages qui arrivaient du continent et qui avaient passé plus de 70 % des 72 dernières heures au-dessus de la terre ferme été plus chargés en bactéries antibiorésistantes. Comparés avec les nuages qui arrivent de l’Océan Atlantique, eux ont passé la majorité des 72 dernières heures au-dessus de l’océan.
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