Alors que le nombre de fumeurs en France est considérable, selon l’Association contre le tabac, les français vivant sous le seuil de pauvreté se priveraient de dépenses essentielles afin de pouvoir acheter leur paquet de cigarette, dont le prix ne cesse de grimper.
Aujourd’hui, 15 millions de personnes fument en France, dont 12 millions sont des fumeurs quotidiens selon un récent rapport de l’Agence nationale de santé public. Alors que le prix du paquet de cigarettes ne cesse d’augmenter depuis de nombreuses années et s’élève actuellement à environ 10,15 euros, Élisabeth Borne annoncé en septembre dernier que son prix continuerait de croître en 2023 et en 2024.
« Le prix du paquet va augmenter comme l’inflation (…) ça serait assez paradoxal que la hausse des cigarettes soit moins élevée que l’inflation. »
L’étude de l’Alliance contre le tabac, dénonce les inégalités sociales que créée la consommation ainsi que le budget exorbitant consacré à la consommation de ciagarettes par les fumeurs.
207 euros par mois dépensé pour l’achat de cigarettes
Selon le rapport mené par l’association, un fumeur dépenserait en moyenne 207 euros par mois, soit 2484 euros par an pour l’achat de ses cigarettes. Par ailleurs, les dépenses consacrées à l’achat de cigarettes peuvent représenter jusqu’à 30 % des dépenses d’un ménage qui vit sous le seuil de pauvreté, l’obligeant alors à renoncer à certains achats pourtant indispensables.
« Un Français sur cinq reconnaît avoir renoncé à certains achats ou certaines activités pour subvenir à sa consommation de tabac », affirme l’Alliance contre le tabac.
Une consommation qui creuse les inégalités.
Le rapport l’affirme avec clarté, « la consommation de tabac creuse les inégalités sociales ». Pour cause, plus le revenu est faible, plus le tabagisme quotidien est élevé. Il y aurait ainsi deux fois plus de fumeurs quotidiens chez les français aux revenus les moins élevés, comparé aux français ayant les revenus les plus élevés. Les fumeurs quotidiens représentants « 32 % des personnes n’ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur au baccalauréat, contre 17 % des titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat ».
La mise en place de nouvelles mesures demandées
L’association a mis en place une nouvelle campagne dénonçant les effets du tabagisme sur le porte-monnaie des français avec des affiches montrant des courses alimentaires, une doudoune ou une guitare électrique accompagné de la phrase « Et vous, de quoi vous prive l’industrie du tabac ». Le message est alors limpide, la consommation de tabac et le prix dédié à cet effet joue sur le pouvoir d’achat des Français.
Ainsi, l’Alliance contre le tabac a adressé aux pouvoirs publics plusieurs recommandations dont le remboursement à 100 % des substituts nicotiniques qui sont aujourd’hui remboursés à hauteur de 65 %.
« Si la prescription était intégralement remboursée, plus de trois-quarts des fumeurs estiment qu’ils seraient plus motivés à arrêter de fumer », selon l’étude menée.
L’association propose également la mise en place d’une incitation financière à l’arrêt de la cigarette, autrement dit, les personnes qui arrêtent de fumer seraient récompensées financièrement, comme cela se fait déjà aux Etats-Unis. Par exemple, les entreprises américaines utilisent ces incitations financières afin d’aider leurs salariés à arrêter de fumer. Selon une enquête du Journal of the American Medical Association, le taux d’arrêt du tabagisme s’est élevé à 14 % dans une entreprise ayant mis en place une incitation financière à l’arrêt du tabac, contre 5 % dans l’entreprise qui n’a pas proposé de prime à ses employés.
La revendication de la mise en place d’incitations financières à l’arrêt du tabac en France n’est pas nouvelle. En 2016, la question se posait déjà après des résultats prometteurs obtenus aux Etats-Unis.
« On a vu des études aux États-Unis où on donnait 800 euros à des gens pour arrêter de fumer et ça a été extraordinaire. Trois fois plus efficace que des substituts nicotiniques. Un an après, ils n’étaient, certes, plus que 20 % à avoir arrêté la cigarette, mais on arrivait vraiment à les faire arrêter de fumer en leur donnant de l’argent », affirmait Jean-Daniel Flaysakier à France 2.