Le pape François a demandé pardon aux Autochtones lors de son voyage au Canada, le 25 juillet. 150 000 enfants amérindiens ont été emmenés de force dans des pensionnats canadiens entre 1831 et 1996 et ont subi un véritable « génocide culturel » encouragé par le gouvernement canadien et l’Église catholique. Près de 6 000 enfants seraient décédés dans ces pensionnats.
« Je suis affligé. Je demande pardon. » Lors de son voyage au Canada, le pape François a tenu à demander pardon aux autochtones, le 25 juillet. Les enfants du peuple amérindien ont été les victimes, de la moitié du XIXe siècle à la fin du XXe, d’une politique dîtes « d’assimilation » qui consistait à les couper de leur culture. 150 000 enfants ont été emmenés de force dans des pensionnats canadiens durant cette période et tout cela a été encouragé par l’Église catholique.
Je demande pardon pour la manière dont de nombreux membres de l'Église ont coopéré à ces projets de destruction culturelle et d'assimilation forcée des gouvernements, qui ont abouti au système des écoles résidentielles. #PeuplesAutochtones #Canada
— Pape François (@Pontifex_fr) July 25, 2022
Dans ces pensionnats, les enfants étaient arrachés à leurs familles et n’avaient plus le droit de parler leur langue maternelle ou de pratiquer leurs rites religieux. 6 000 enfants seraient morts à l’intérieur des pensionnats. Si la plupart des enfants sont décédés de maladies à cause des mauvaises conditions sanitaires dans les pensionnats, une partie d’entre eux est décédée des suites de maltraitances. Les enfants étaient enterrés de manière anonyme et les familles n’étaient pas informées de leur mort.
En 2021, 1 300 sépultures anonymes ont été découvertes à proximité de plusieurs pensionnats. Juste avant le discours du pape François, une immense banderole rouge, sur laquelle étaient inscrits les noms de milliers d’enfants décédés dans les pensionnats, a traversé la foule de plus de 2 000 personnes.
Le pape François a décrit ces événements comme « une erreur dévastatrice » lors de son discours à Maskwacis (Alberta). Il a aussi tenu à demander « pardon » à trois reprises aux autochtones après avoir prié au cimetière de la ville, proche de l’ancien pensionnat d’Ermineskin, où des autochtones ont subi un véritable « génocide culturel ».
Chers #PeuplesAutochtones du #Canada, je viens sur vos terres natales pour vous dire personnellement combien je suis affligé, pour implorer de Dieu pardon, guérison et réconciliation, pour vous manifester ma proximité, pour prier avec vous et pour vous.
— Pape François (@Pontifex_fr) July 25, 2022
Des excuses attendues de longues dates
Les excuses du pape François et plus généralement, celles de l’Église catholique étaient attendues depuis longtemps. En 2008, le gouvernement canadien, qui a versé des milliards de dollars en réparation aux familles d’anciens élèves, s’est officiellement excusé d’avoir créé ces écoles mises sur pied pour “tuer l’Indien dans le cœur de l’enfant”. Alors que l’Église anglicane s’était aussi excusée, l’Église catholique, en charge de plus de 60% de ces pensionnats, a longtemps refusé de le faire.
Le 1er avril 2022, le pape François avait, pour la première fois, présenté ses excuses aux autochtones lors d’un discours au Vatican. « J’ai honte. Je vous le dis, je vous le répète, j’ai honte », avait-il déclaré devant les représentants des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Ce 25 juillet, il a réitéré ses propos devant une foule d’amérindiens portants des t-shirts de couleur orange (couleur des autochtones) avec le nom ou le logo de leur communauté. Après son discours, le pape a été coiffé de la coiffe traditionnelle que lui a remis l’un des chefs autochtones, en signe de respect. Le chef de la Samson Cree Nation, a déclaré, lors d’une conférence de presse, que la journée était « exceptionnelle » et « historique. »

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a tenu à rappeler qu’aucun Canadien ne doit « oublier ce qui s’est passé dans ces pensionnats » et que les Amérindiens et les Canadiens doivent « ensemble, bâtir un futur meilleur. »
No one must ever forget about what happened at residential schools across the country, and we must all work to make sure it never happens again. Together, in the spirit of reconciliation and healing, we’ll keep building a better future – for Indigenous Peoples and all Canadians.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) July 26, 2022
Le voyage du pape François va se poursuivre au Canada. Le 26 juillet, il devrait se rendre au lac Sainte-Anne, dans le centre de l’Alberta où il bénira « les eaux sacrées » des peuples autochtones qui est un lieu de pèlerinage annuel très fréquenté par la communauté amérindienne. Le 27, il se rendra au Québec avant de rejoindre la ville d’Iqaluit dans le Nunavut, le 29 juillet. Le voyage du souverain pontife a été pensé pour être le moins chargé possible en termes de déplacements. Le pape se déplaçant depuis peu de temps en fauteuil roulant, à cause de douleurs au genou.