De face ou de profil, le « mugshot » est un passage incontournable pour qui se frotte à la justice. Donald Trump en a tout récemment fait les frais à la prison du comté de Fulton, en Géorgie. Quelle est son origine ? À quoi sert-il ? Retour sur l’histoire de ce cliché bien connu de tous.
Les sourcils froncés, la tête baissée : le « mugshot » de Donald Trump était attendu de tous. « Dès qu’il [le cliché] a été pris, c’est devenu de fait l’image de l’année », commente Vanessa Friedman dans un article du New York Times. Une image attendue, car l’ancien président des États-Unis est désormais inculpé dans quatre affaires pénales. « Peu importe votre statut, nous aurons un ‘mug shot’ prêt pour vous », avait prévenu le sheriff du comté de Fulton Pat Labat. Une première dans l’histoire. En effet, Donald Trump est le premier président des États-Unis à y avoir eu le droit. Traduit littéralement en français par « cliché de la gueule », cette photographie possède un riche passé.
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— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 25, 2023
De la France aux États-Unis
La plus vielle existence d’un « mugshot » (selon les informations à disposition à ce jour) remonte en 1843, à Bruxelles, en Belgique. Au fil du temps, le processus se développe et l’« Agence nationale de détectives Pinkerton » basée aux États-Unis l’adopte, et l’applique sur les fameuses affiches « Wanted » emblématiques de l’histoire du pays.
Quelques années plus tard, c’est en France que le « mugshot » est véritablement utilisé dans son contexte judiciaire comme on le connaît maintenant, grâce à un homme : Alphonse Bertillon. Considéré comme le père de l’anthropométrie judiciaire (ou « Bertillonnage »), il entre à la préfecture de police de Paris en 1879. En 1888, il invente donc le « mugshot » sous la forme qu’il a maintenant, avec des images de face et de profil, une lumière et des angles plus travaillés. Un véritable travail de professionnel. Les criminels passant derrière son objectif se voient enregistrés sur une carte avec leur identité, poids, couleur des yeux, taille, profession…
À la fin du XIXe siècle, la préfecture de police de Paris voit défiler une ribambelle d’anarchistes, ayant commis ou prévoyant de commettre des attentats, comme George Poisson, 38 ans, chaudronnier. « Quand vous allez à l’aéroport ou à la gare et que quelqu’un vous demande vos papiers, tout cela prend racine à la fin du XIXe siècle et dans le travail de Bertillon et de ses contemporains », illustre Jonathan Finn, auteur de « Capturing the Criminal Image From Mug Shot to Surveillance Society », à la radio publique américaine NPR.

Un bond dans le temps et nous voilà quasiment au milieu du XXe siècle. En 1930, Al Capone, l’un des plus célèbres gangsters américains arrêté pour fraude fiscale en 1931, se fait tirer le portrait par la police de Chicago. En février 1956, c’est au tour de Rosa Parks, l’activiste américaine pour les droits civiques, d’avoir son « mugshot », pancarte numérotée « 7053 » avec un léger sourire en coin. À mesure que le siècle passe, les acteurs de la grande Histoire – comme Lenine, Mussolini, ou Staline – défilent derrière les objectifs.
Et maintenant ?
Désuet, le « mugshot » ? Il faut admettre que médias et journaux en relaient moins qu’avant. Mark Lorando, du Houston Chronicle, a dit en 2020 que « les diaporamas de ‘mugshots’, dont l’objectif principal est de générer des pages vues, n’apparaîtront plus sur nos sites webs ». Mais quand une célébrité connue de tous a le droit à son portrait, une certaine ferveur est ressentie. Un genre à part entière, qui offre la rare opportunité de voir les riches et les beaux sombrer. Beaucoup, comme Paris Hilton et Justin Bieber ont choisi de sourire à la caméra comme s’il s’agissait d’un paparazzi… « Une photo vaut mille mensonges ! », disait l’écrivain québécois Claude Jasmin.
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