L’élu insoumis Louis Boyard a publié hier une vidéo sur les réseaux sociaux, appelant au blocus des lycées et facultés sous forme de challenge. Un défi qui pose question dans ce contexte de contestation de la réforme des retraites.
Les blocus n’avaient jamais été initiés ainsi. En invitant les lycéens et étudiants à concourir contre le projet de réforme des retraites, discuté actuellement au Sénat, le député de La France Insoumise Louis Boyard a créé un précédent. L’opération consisterait à monter les plus belles barricades devant les établissements scolaires ou universitaires, de les prendre en photo et de les poster sur Twitter ou Instagram avec le hashtag #BlocusChallenge. Les gagnants, tirés au sort, pourraient visiter l’Assemblée nationale. Cette démarche n’a pas manqué de faire réagir les représentants des différents partis et groupes parlementaires.
On lance le #BlocusChallenge !
🚫 Contre macron et sa réforme, le #7mars bloque ta fac ou ton lycée
📸 Poste la plus belle photo de ton blocus avec le hashtag #BlocusChallenge
🏆 On tirera au sort une des photos et on emmène l’équipe de bloqueurs visiter l’Assemblée nationale pic.twitter.com/ZU0DigheGD
— Louis Boyard (@LouisBoyard) March 5, 2023
Louis Boyard avait déjà appelé au blocus des facs lors d’une réunion publique à l’Université Rennes 2 et d’une intervention à l’Assemblée en février. Cette fois, l’élu du Val-de-Marne a franchi un nouveau palier en tournant les blocages en challenge ludique, très en vogue sur l’application Tiktok. Ce jeu pourrait faire miroiter aux plus jeunes que la chambre basse du Parlement est inaccessible, alors qu’il est tout à fait possible de la visiter. Les groupes, comme ceux qui participent au défi, peuvent donc passer par d’autres canaux pour voir le fameux hémicycle.
La présidente de l’Assemblée a réagi
Yaël Braun-Pivet, première femme de l’histoire élue à la présidence de l’Assemblée nationale, a commenté la publication de Louis Boyard sur Twitter. Elle y rappelle que la politique et les blocus ne sont pas un jeu, ce à quoi ses détracteurs ont répondu que les membres de son parti En Marche (puis Renaissance) ont également eu recours à ce type de contenu sur les réseaux sociaux. C’est le cas du député des Yvelines, Karl Olive, qui a posté une vidéo le même jour qui le met en scène frappant à la lucarne d’Evry. Nombre de personnalités publiques ont participé à ce challenge consistant à tirer un ballon dans la petite fenêtre d’un bâtiment de la commune francilienne.
Heureux de vous annoncer que la tournée 2023 de @LalucarneOff démarrera dans @Les_Yvelines grâce au soutien de son président @pierre_bedier. Il y a tout juste un an, l’aventure démarrait avec L’EQUIPE de Mala. Elle sera accompagnée en 2023 de salons de l’emploi. #emploi #sport pic.twitter.com/EcPhben7jA
— KARL OLIVE Député (@KARLOLIVE) March 5, 2023
Une lutte internet
Ces stratégies de communication s’adressant aux adolescents sont de plus en plus courantes, dans une ère où le débat démocratique se mène beaucoup sur des sites comme Twitter. Tous les partis tentent de se lancer dans la production de posts humoristiques, de vidéos interactives, afin de séduire le public – majoritairement jeune – qui fréquente ces plateformes. Louis Boyard s’inscrit donc dans ce phénomène en lançant ce blocus. Celui-ci est parfois poussé jusqu’à la création de « bots » ; des faux comptes qui publient les mêmes messages afin de défendre une personne ou un mouvement politique, mais parfois aussi de les harceler en meute.
L’hémicycle, ouvert à tous ?
Cette polémique du #BlocusChallenge a au moins permis de montrer à une sphère relativement large que les institutions républicaines ne sont pas déconnectés des citoyens. La chambre où siègent les élus de la nation est même l’endroit privilégié pour un visiteur lambda qui voudrait découvrir le lieu où travaillent les politiques français. Cependant, il est arrivé que les visites soient payantes. L’hebdomadaire Marianne avait en effet révélé en 2017 que l’ex-députée LREM Pascale Fontenel-Personne proposait des excursions à l’Assemblée nationale pour 119 euros via son entreprise de voyages touristiques.
Pourtant, l’article premier du code de déontologie de l’Assemblée précisait que les parlementaires doivent « s’abst[enir] d’utiliser les locaux ou les moyens de l’Assemblée nationale pour promouvoir des intérêts privés ». L’ancienne élue de la Sarthe s’était défendue de ne pas pouvoir faire payer une visite censément gratuite, mais les facturations suffisaient à lui donner tort. Elle avait demandé dans la foulée que son entreprise « cesse toute activité en lien avec le Parlement afin qu’aucune confusion ne soit possible ».