C’est dans le quatorzième arrondissement de Marseille qu’un ancien McDonald’s a laissé place, après sa liquidation, à « L’après M », un fast-food solidaire porté par les anciens employés du géant de la restauration rapide.
Alors qu’en 2019, le fast-food McDonald’s qui se situe Chemin de Sainte-Marthe n’est plus rentable et doit mettre la clé sous la porte, il se retrouve réquisitionné en 2020 par les anciens employés qui mettent en place une aide alimentaire pour les plus démunies. Les Français, d’autant plus touchés par la précarité lorsque le pays s’est retrouvé à l’arrêt en raison de la propagation du coronavirus, se voient octroyer un soutien inestimable.
Cette solidarité, les anciens salariés ont voulu la perpétuer et mettre en place un système qui ne s’arrêterait pas à la distribution de colis alimentaires. C’est alors qu’en 2021, la ville rachète les murs de l’ancien fast-food, et le collectif monte alors le projet d’un fast-food à des prix raisonnables pour les familles modestes, en plus de la distribution de colis alimentaires.
Si le bâtiment reste le même, les lettres de l’ancienne enseigne « McDonald’s » ont été conservées et détournées afin de former « L’après M ». Sur le parking, des conteneurs ont été installés afin de récolter des denrées alimentaires qui seront redistribuées. Au sein de l’équipe, l’entraide est également de mise. Elle est composée de 23 salariés en insertion professionnelle sur les trente employés, mais également des mères célibataires aux horaires aménagés afin de pouvoir concilier leur emploi avec leur vie de famille.
« On ne veut pas que les salariés fassent des burgers comme des moutons. On leur propose une formation complète pour qu’ils puissent ensuite voler de leurs propres ailes », assure Kamel Guemari, ancien délégué force syndicale ouvrière à Reporterre.
Ouvert depuis décembre 2022, « L’après M » fait l’unanimité dans le quartier et les bénéfices qu’il engendre permettent de financer des activités sociales. Entre 600 et 1200 colis sont distribués par semaine aux habitants, peu importe leur ville de résidence.
Le projet soutenu par Gérald Passédat, chef étoilé
Gérald Passédat, chef du restaurant « Le Petit Nice » à Marseille, qui compte 3 étoiles au guide Michelin, a tenu à participer au projet. Il a alors élaboré un burger gastronomique nommé « l’ovni » à base de bœuf ou de poisson et qui prend la forme de soucoupe volante fait à partir de produits frais et locaux.
Quant au reste des ingrédients, il s’agit de produits surgelés, néanmoins « L’après M » prévoit de se tourner vers des produits issus d’une production plus respectueusement de l’environnement et locale. « L’urgence c’était de recréer de l’emploi. On aimerait proposer un sandwich végétarien et puis améliorer les approvisionnements, notamment pour les frites avec une production locale », affirme un cuisiner du fast-food à Reporterre.