La pénurie de certaines molécules s’intensifie dans les pharmacies d’officines. En réponse aux nombreux signalements des pharmaciens, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France a annoncé ce jeudi, des nouvelles mesures.
Les pharmaciens doivent faire face à une pénurie de certains médicaments dans leurs officines. Les molécules manquantes dans les pharmacies sont pourtant les plus prescrites, comme l’amoxicilline, ou le paracétamol. Une situation qui inquiète les pharmaciens en raison de la triple épidémie que connaît la France, avec à la fois, les cas de Covid-19 qui repartent à la hausse, une augmentation des hospitalisations pour la grippe, et la bronchiolite qui perturbe le système de santé.
« On passe notre temps à passer des coups de fil, à appeler nos fournisseurs, nos grossistes, les labos pour se dépanner. On appelle aussi les patients pour leur dire que ce qu’on pensait recevoir, on ne le recevra pas », confie le pharmacien Hervé Chapelle à France info.
Selon l’Agence nationale de santé du médicament, 2100 signalements de rupture de stock ou de risque de rupture de stock ont été rapportés en 2022, contre 1504 en 2019 et 2446 en 2020, lors de l’apparition de l’épidémie de Covid-19.
Une production insuffisante
La pénurie de certains médicaments est en partie due à une importante demande mondiale, en raison de la crise sanitaire. Cependant, la production n’est pas assez forte pour répondre aux besoins de tous, explique Pierre-Olivier Variot à France-Inter. Il ajoute également qu’en France, le prix du médicament « est le moins cher, donc quand un industriel a des médicaments, il préfère le vendre dans ses filiales en dehors de la France parce qu’il va les vendre plus cher ».
D’autre part, selon Rémi Salomon, 80 % des médicaments ne sont pas produits en France, mais dans des usines à l’étranger, notamment en Chine et en Inde. Ainsi, la France doit s’approvisionner ailleurs et est en compétition avec d’autres pays sur le marché. La relocalisation des productions des laboratoires en France était pourtant une promesse d’Emmanuel Macron lors de la crise sanitaire.
80% des principes actifs, la matière première pour nos médicaments sont fabriqués en Chine et en Inde.
La vague covid qui submerge actuellement la Chine risque d'aggraver nos difficultés d'approvisionnement en beaucoup de médicaments.Il faut relocaliser la production.
— Rémi Salomon (@RemiSalomon) December 24, 2022
De nouvelles mesures mises en place
Mercredi, des mesures ont été prises lors d’une réunion au ministère de la Santé, afin de lutter contre la pénurie. Il a ainsi été décidé que les pharmacies françaises qui préparent des médicaments pourront les délivrer à d’autres pharmacies d’officines. Par ailleurs, est prévue une répartition des médicaments plus homogène sur le territoire afin de ne pas créer d’inégalités entre les régions.
Des réunions hebdomadaires continueront d’avoir lieu au ministère de la Santé, entre la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, l’Agence nationale de sécurité du médicament, et la Direction générale de la santé. Ces réunions auront pour objectif de faire remonter plus régulièrement les problèmes que peuvent rencontrer les pharmaciens face à la pénurie de médicaments, alors que la flambée des contaminations en Chine pourrait aggraver la pénurie.