Ce mercredi, une association française a déposé à la Cour pénale internationale un dossier visant à ouvrir une enquête pour génocide, en raison de la déportation de centaines de milliers d’enfants ukrainiens en Russie.
Pour Emmanuel Daoud, avocat de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre », les faits commis par la Russie constitueraient un génocide et un crime contre l’humanité, qu’il espère voir rapidement reconnaître par la Cour pénale internationale. Il s’appuie notamment sur des enquêtes de la presse et des rapports d’Amnesty International.
Des déportations en vue d’adoptions par des familles russes
Selon le rapport de l’association, des enfants ukrainiens sont enlevés dans les maternités, les orphelinats et dans les territoires occupés pour être ensuite envoyés dans des familles russes qui reçoivent parfois une rémunération à l’adoption de l’enfant. Selon E.Daoud, une nouvelle identité est donnée à l’enfant, un moyen de l’empêcher de retrouver ses parents biologiques une fois adulte.
« On peut changer leur date, leur lieu de naissance, leur prénom, leur nom pour les « russifier » (…) Comment un enfant de deux trois ans va retrouver ses parents, dans 5, 10 ou 15 ans ? Avec ce nouvel état civil, c’est impossible », confie-t-il à France Info.
Maria Lvova Belova, commissaire russe « aux droits des enfants » et chargée du transfert des enfants ukrainiens vers la Russie, a elle-même adopté un enfant de Marioupol. Maria Lvova Belova a confié lors d’une conférence de presse que les enfants, une fois adoptés, changent de regard sur la Russie.
💬 Russia's Presidential Commissioner for Children’s Rights Maria Lvova-Belova: More than 190,000 children had arrived in Russia from Donbass by early May, including about 1,200 coming from orphanages in the Donetsk and Lugansk People’s Republics.
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— MFA Russia 🇷🇺 (@mfa_russia) May 12, 2022
Si la Russie affirme que les enfants ukrainiens déportés sont orphelins, le New York Times a relevé en octobre dernier, que des enfants dont les parents étaient toujours en vie, ont également été placés de force dans des familles russes.
Quant aux enfants plus récalcitrants et notamment les adolescents, ils sont envoyés dans des camps russes qui ont pour mission de les rééduquer. D’après les autorités ukrainiennes, environ 200 000 enfants auraient été victimes de déportation vers la Russie.
Au début du mois de décembre, Olga Pilyarska, chef des soins intensifs de l’hôpital de Kherson, accompagnée de deux autres médecins, a empêché la déportation de plusieurs enfants orphelins en les plaçant dans des couveuses ou en les entubant, afin de prétendre qu’ils étaient dans l’impossibilité de voyager. Les médecins ont également inscrit des maladies dans les dossiers médicaux de plusieurs orphelins afin de leur éviter la déportation vers la Russie.