Zaporijjia, située au sud-est de l’Ukraine, est de nouveau impliquée au cœur des combats. Ce 11 août en fin d’après-midi, une frappe russe a endommagé ses capteurs de radiation.
Va-t-on vivre un nouveau Tchernobyl ? Il faut dire que la situation inquiète. La société d’Etat ukrainienne Energoatom – qui exploite les quatre centrales nucléaires du pays – a affirmé que celle de Zaporijjia « a été bombardée vendredi et samedi derniers ». A l’heure actuelle, aucune contamination n’a été relevée, selon l’agence. Le taux à 9 heures le 11 août atteignait les 110 nSv/h.
Selon l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), dès 10 mSv/an, une mise à l’abri de la population est recommandée. La centrale avait d’ores et déjà la cible de combats intenses plus tôt dans l’année. Elle est d’ailleurs occupée par les forces russes depuis le 4 mars. Cette après-midi, Energoatom a rapporté un nouveau bombardement « près d’un réacteur nucléaire », évoquant une « fumée importante ».
Le chef d’Energoatom, Petro Kotin, a appelé lundi à la création d’une zone exempte d’actions militaires autour de la centrale. Selon lui, la centrale nucléaire devrait être gardée par des casques bleus.
« L’heure est grave »
Lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, Rafael Grossi le chef de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) alarme : « L’heure est grave ». « L’AIEA doit être autorisée à mener sa mission à Zaporijjia aussi vite que possible », a-t-il ajouté. Energoatom ajoute de son côté que « la situation empire ».
Yevhen Balytskyi, gouverneur de l’oblast de Zaporijjia, a affirmé que « tout allait bien dans la centrale ». Et d’ajouter, « La Rosatom (Agence Fédérale de l’Energie Atomique) – une entreprise russe – est sur place et observe la situation ». Il avait auparavant affirmé que les forces ukrainiennes étaient à l’origine de l’attaque et ont décidé de « mettre toute l’Europe au bord d’une catastrophe nucléaire ».
« La situation empire », estime Energoatom.
Washington a appelé ce jeudi la Russie à cesser toutes ses opérations militaires dans et autour des centrales nucléaires. « Combattre près d’une centrale nucléaire est dangereux et irresponsable », ajoute-t-on au porte-parolat. Le G7 a exigé que la Russie « rende immédiatement » le contrôle de la centrale à l’Ukraine.
« Les pires atrocités d’un Etat terroriste »
Le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky a exprimé dans une vidéo ce soir, son inquiétude vis-à-vis de la situation à Zaporijjia. « Ce qui se passe actuellement autour de la centrale est l’une des pires atrocités d’un Etat terroriste. La Russie a bientôt touché le fond dans l’histoire mondiale du terrorisme ». Avant d’ajouter, « seul le retrait complet des Russes du territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia et le rétablissement d’un contrôle ukrainien garantiront le rétablissement de la sécurité nucléaire pour toute l’Europe », a-t-il ajouté d’une voix grave.
« Je suis gravement préoccupé par l’évolution de la situation dans et autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud de l’Ukraine », a indiqué Antonio Guterres le secrétaire général de l’ONU dans un communiqué. Selon lui, cette situation « pourrait avoir des conséquences catastrophiques non seulement pour le voisinage proche, mais pour la région et au-delà ». « C’est tout à fait inacceptable », a-t-il conclu.