Jonathan Destin, symbole de la lutte contre le harcèlement scolaire, qui s’était immolé par le feu en 2011 après avoir été longuement harcelé au collège, est décédé dans son sommeil, le 20 août, au domicile de sa mère de Marquette-lez-Lille.
« J’ai malheureusement une triste nouvelle à vous annoncer ». La mère de Jonathan Destin, Marie-Pierre, a annoncé le 23 août, le décès de son fils sur son compte Facebook. « Jonathan est décédé samedi chez moi dans son sommeil », a-t-elle annoncé « le cœur déchiré ».
Son fils s’était immolé par le feu en 2011, à l’âge de 16 ans, à la sortie du collège pour fuir ses harceleurs. Jonathan Destin était depuis devenu un symbole de la lutte contre le harcèlement scolaire.
La cause de sa mort n’est toujours pas connue. Une autopsie doit avoir lieu et la police a ouvert une enquête pour connaître les circonstances de sa mort. La date de ses obsèques n’est, pour le moment, pas encore connue.
Une vie de lutte contre le harcèlement scolaire
Jonathan Destin, qui a suivi la totalité de sa scolarité dans le Nord de la France, a commencé à être harcelé par ses camarades de classe dès l’année de la CM2, comme il le racontait dans un entretien accordé à 20 minutes en 2018. Son poids, son nom de famille, sa dyslexie, tout était un motif pour harceler le jeune adolescent qu’il était.
Il raconte que le harcèlement va prendre un tout autre tournant lors de son année de 4e, où ses harceleurs ont commencé à le racketter.
« Durant ma 4e, j’ai perdu énormément de poids, 15 kg en deux mois, quand j’ai commencé à être racketté. Je ne mangeais plus que le matin. C’était un appel à l’aide. Mes parents ont demandé à mes sœurs ce qu’elles savaient et elles ont pensé que je voulais plaire à une petite copine. Ma mère a interrogé l’infirmière scolaire qui a répondu que ce n’était pas de l’anorexie. »
Jonathan Destin
Le 8 février 2011, Jonathan Destin décidera de passer à l’acte après avoir été racketté et sommé de verser 100 € avec une arme, sans savoir qu’elle était factice. Pour échapper à ses détracteurs, le jeune adolescent décidera de s’asperger d’alcool à brûler avant de s’immoler par le feu. « Les flammes sont montées à un mètre au-dessus de moi et je me suis roulé dans l’herbe, je pensais que ça allait s’éteindre. Ensuite, j’ai couru et j’ai sauté dans l’eau », racontait-il en 2018.
Brûlé sur 72% de son corps, le jeune adolescent avait été plongé deux mois et demi dans un coma artificiel avant d’être hospitalisé durant trois années au moment de son réveil. Il avait, tout le reste de sa vie, assuré qu’il regrettait son acte et avait mis un point d’honneur à lutter contre le harcèlement scolaire.
Le jeune homme était souvent contacté par des jeunes qui ont vécu la même chose que lui, par leurs parents et par des professeurs qui lui demandaient des conseils. Il se rendait aussi dans des écoles pour sensibiliser les jeunes sur le harcèlement et était souvent accompagné par Nicola Sirkis, chanteur d’Indochine, qui a tenu à lui rendre hommage à l’annonce de son décès.
Jonathan toujours éternellement a tes cotés ❤️🩹 pic.twitter.com/7jnwMN3Vmq
— nicola sirkis (@nicolasirkis) August 22, 2022
Le chanteur n’est pas le seul à avoir rendu hommage à Jonathan Destin. Dominique Legrand, maire de Marquette-lez-Lille (Nord), dont Jonathan était originaire, a déclaré qu’il était « particulièrement affecté par sa mort » et qu’il savait que le jeune homme « souffrait beaucoup de ses brûlures et des nombreuses opérations qu’il avait subies ».
En effet, le jeune homme vivait avec des séquelles dues à ses opérations même s’il aspirait à « une vie normale ». « Je suis en période de reconstruction, j’avance, chaque pas que je fais est un pas en plus », assurait-il chez LCI, même s’il indiquait qu’il continuait de recevoir des « soins pour ses brûlures ».
Un livre et un téléfilm sur son histoire
Deux ans après avoir tenté de s’ôter la vie en s’immolant par le feu, Jonathan Destin a écris, en 2013, un livre nommé « condamné à me tuer » dans lequel il raconte son histoire et le harcèlement qu’il a subi avant cette tentative de suicide.
Dans ce livre, il raconte avoir été harcelé et roué de coups à l’école, mais que personne n’est jamais intervenu. Soit parce que le jeune adolescent qu’il était, n’osait pas parlé par peur de représailles, soit parce que les professeurs n’ont rien su ou ont fait « semblant de ne pas s’en rendre compte », comme il le racontait aussi en 2018, lors d’un entretien avec 20 minutes.
Un téléfilm nommé « Le jour où j’ai brûlé mon cœur » qui retrace l’histoire de Jonathan Destin a aussi été diffusé sur TF1 en novembre 2018. Au moment de la promotion du téléfilm, le jeune homme, alors âgé de 23 ans, avait témoigné devant la caméra de Brut pour parler de son histoire bouleversante.
Harcelé à l’école, Jonathan Destin a tenté de mettre fin à ses jours en s’immolant par le feu à 16 ans. Aujourd’hui, il raconte ce qui l'a poussé à commettre ce geste… pic.twitter.com/h9pthWWae5
— Brut FR (@brutofficiel) November 4, 2018
Il indique dans cette même interview que ses harceleurs n’ont, à ce jour, toujours pas été punis puisqu’il n’a jamais porté plainte contre ses bourreaux. « J’ai encore peur d’eux, de les croiser », déclarait-il en 2018 sur France 3.
Michaël Youn, qui jouait le rôle du professeur de Jonathan Destin dans le téléfilm de TF1, a lui aussi tenu à rendre hommage à Jonathan après l’annonce de son décès. « Je t’avais trouvé si fort et courageux, et pourtant si fragile et sensible. J’apprends aujourd’hui la terrible nouvelle de ta disparition prématurée à seulement 27 ans », a déclaré sur son compte Instagram l’acteur français, avant de faire part de ses condoléances à la famille du jeune homme et de rappeler le numéro 3020, à composer en cas de harcèlement.