Selon un article du Monde, des ouvriers sans-papiers travailleraient sur les chantiers en construction pour accueillir les JO de Paris 2024, venant souvent d’Afrique. Une enquête préliminaire a été ouverte en juin par le parquet de Bobigny pour travail dissimulé.
Le Monde est allé à la rencontre de plusieurs ouvriers sans papiers sur des sites des JO de Paris 2024, en Seine-Saint-Denis.
Les travailleurs clandestins viendraient souvent du Mali en Afrique et travailleraient grâce à des titres de séjour de leurs compatriotes qui eux, vivent en France de manière légale. Les entreprises de construction qui embauchent ces ouvriers ne feraient aucun contrôle et les politiques seraient complices en agissant de manière « hypocrite ».
Ces faits sont en contradiction avec les paroles de l’ex Premier ministre Jean Castex, qui appelait en 2021 à « des Jeux olympiques réussis, à la fois inspirateurs et illustrateurs des aspirations de notre société et des politiques publiques que nous conduisons pour y répondre et pour transformer notre pays ».
1 an après, on peut voir que Moussa (interrogé par Le Monde), est embauché par une société pour « piocher, faire du béton, de la maçonnerie ou ranger le matériel ». De plus ce dernier n’a pas de contrat, ni fiches de paie, ni congés. Il est payé 80€ à la journée, en travaillant du matin jusqu’à 17h ou 21h.
« On est là pour survivre, on n’a pas le choix, même si les choses ne se sont pas passées comme on le souhaitait, on ne va pas baisser les bras », déclare t-il au Monde.
Moussa et ses collègues, qui eux ont décidé de rester dans l’anonymat, sont employés par une entreprise sous-traitante (dont le nom change souvent) de Vinci GCC Construction ou Spie Batignolles, et cela depuis 1 à 3 ans en fonction de l’employé.
Moussa explique qu’il est difficile de trouver du travail en France lorsque l’on n’a pas de papiers, il sait que ses camarades sont dans la même situation que lui. Alors quand il a du travail et qu’il voit que certains de ses semblables ne travaillent pas, il leur donne le numéro du patron qui les rappellera s’il a besoin de main d’œuvre. « On préfère travailler dans le bâtiment plutôt que de faire des choses pas bien », dit-il.
Moussa travaille depuis environ 4 mois sur un chantier stratégique. Il s’agit du village des athlètes des Jeux olympiques (JO) et paralympiques de 2024. Ce site accueillera 14 000 personnes dans 3 villes différentes : Saint-Denis, Saint-Ouen et de l’Ile-Saint-Denis. Très peu de français seraient en train de travailler sur ce site, on y trouverait particulièrement des étrangers tels que « des Ouest Africains, des Turcs ou encore des Portugais et des Arabes ».
La plupart des travailleurs là bas seraient sans papiers et travailleraient sous alias, c’est à dire qu’ils travaillent avec les papiers d’un de leurs compatriotes, qui eux sont en France de manière légale. Cela n’est pas le problème des employeurs qui ont pour objectifs d’avoir de bonnes infrastructures afin d’accueillir les JO de Paris 2024.
Au mois de mars, après un signalement de la CGT, un contrôle de l’inspection du travail a eu lieu concernant une situation de travail illicite de plusieurs Maliens sur les chantiers du village des athlètes, qui travaillent pour une entreprise sous-traitante de GCC. « Nous avons immédiatement mis un terme au contrat nous liant à la société sous-traitante. Cette situation s’est donc réalisée à notre insu », déclarera GCC au Monde.
Suite à cela, une enquête préliminaire fut ouverte en juin par le parquet de Bobigny. Il est évident que les employeurs de ces clandestins soient au courant que cela ne se fait pas, certains d’entre eux demandent aux employés de se cacher lorsque des contrôles ont lieu. La Solideo dit avoir pris des mesures afin que de cas comme ceux-ci ne se reproduisent plus. Cependant il est certain que certains passeront entre les mailles du filet, car les entreprises ont besoin de main d’œuvre en vu des travaux pour les JO de Paris 2024.
L’inspection du travail a avoué qu’en 2022, des travailleurs en situation irrégulière avaient déjà été repérés. Cela se matérialise par « l’utilisation de fausses cartes d’identité européennes, la minoration des déclarations sociales, le prêt de main-d’œuvre illicite ou le recours à l’intérim en infraction aux règles du code du travail ».
Les travailleurs des chantiers visant à garantir le bon déroulé des JO de Paris 2024, peuvent obtenir de titres de séjour grâce à la CGT, qui les accompagne. De plus la circulaire ministérielle envisage une régularisation par le travail sous certaines conditions, telle que la présence depuis trois ans sur le territoire.
Le 6 décembre, le gouvernement a organisé un débat sans vote à l’hémicycle : un débat sur l’immigration et un projet de loi pourraient faciliter la régularisation des travailleurs sans papiers. Certains clandestins arrivent à des trouver des employeurs qui les déclarent, mais trop de conditions ne sont pas remplies pour une régularisation.