Un groupe d’experts du GIEC prévient que les politiques menées conduisent la planète à des hausses de température extrêmes et appelle à un arrêt urgent de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Un rapport alarmant
L’humanité a moins de trois ans pour stopper l’augmentation des émissions de carbone qui réchauffent la planète et moins d’une décennie pour les réduire presque de moitié, selon un rapport historique des Nations Unies sur l’arrêt du réchauffement climatique et la garantie d’un avenir vivable. Cette tâche colossale est encore – et tout juste – possible, mais :
« Les politiques actuelles conduisent la planète vers des hausses de température catastrophiques », a déclaré lundi le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) des Nations Unies.
Malgré les avertissements sur le changement climatique émis par le GIEC depuis 1990, les émissions mondiales ont continué d’augmenter au cours de la dernière décennie, atteignant leur point le plus élevé de l’histoire. Les émissions mondiales sont désormais en passe de dépasser la limite de réchauffement de 1,5 °C prévue par l’accord de Paris de 2015 et d’atteindre quelque 3,2 °C d’ici la fin du siècle.
« Les nations du monde entier doivent prendre notre avenir à bras-le-corps », a déclaré le GIEC dans son rapport de 2 800 pages. Le rapport indique également des mesures telles que la réduction drastique de l’utilisation des combustibles fossiles, la croissance des forêts et la réduction de la consommation de protéines animales sont la solution.
Ces derniers mois, le GIEC a publié les deux premiers volets d’une trilogie d’évaluations scientifiques gigantesques portant sur la façon dont les émissions de gaz à effet de serre réchauffent la planète et sur ce que cela signifie pour la vie sur Terre. Selon l’étude, il faudrait empêcher les émissions de gaz à effet de serre d’augmenter davantage avant 2025 pour avoir une chance de respecter les objectifs de réchauffement les moins ambitieux de l’accord de Paris : deux degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.
Dans le cas d’un réchauffement catastrophique de 2,5 °C, les émissions atteindraient leur maximum dans les trois ans. Au-delà, le rapport indique que les émissions de carbone doivent diminuer de 43 % d’ici à 2030 et de 84 % d’ici au milieu du siècle pour atteindre l’objectif plus ambitieux de 1,5 °C fixé par Paris.
Jim Skea, professeur à l’Imperial College de Londres et coprésident du groupe de travail à l’origine du rapport a déclaré :
« C’est maintenant ou jamais, si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Sans réductions immédiates et profondes des émissions dans tous les secteurs, ce sera impossible. »
La réduction des émissions ne suffit pas
Et la réduction des émissions ne suffit plus, selon le GIEC. Les technologies permettant d’aspirer le CO2 de l’atmosphère devront être considérablement renforcées. L’objectif de 1,5°C est actuellement « hors de portée », même avec les engagements climatiques mondiaux les plus récents, a déclaré le GIEC. Il ajoute que pour y parvenir, le monde doit réduire radicalement les combustibles fossiles à l’origine de la majeure partie des émissions.
Les pays devraient cesser de brûler du charbon et réduire leur consommation de pétrole et de gaz de 60 et 70 % respectivement pour rester dans les limites de l’objectif de Paris.
Le GIEC a aussi averti que l’infrastructure actuelle des combustibles fossiles, si elle est utilisée jusqu’à la fin de sa durée de vie prévue sans capter les émissions de carbone, rendrait impossible de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels.
Si les politiques, les investissements et les réglementations des gouvernements favoriseront la réduction des émissions, le GIEC a clairement indiqué que les particuliers peuvent également faire une grande différence.
La réduction des vols long-courriers, l’adoption de régimes alimentaires à base de plantes, l’imperméabilisation des bâtiments et d’autres moyens de réduire la consommation qui alimente la demande d’énergie pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d’ici à 2050, selon le GIEC.
Selon le rapport « les changements rapides et profonds de la demande facilitent la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs », notamment la construction, la consommation alimentaire et les transports.