Michael Gove, membre du parlement britannique, a approuvé la première nouvelle mine de charbon au Royaume-Uni depuis 30 ans, malgré les inquiétudes des députés conservateurs et des experts quant à son impact sur le climat.
La mine proposée dans le comté de Cumbria permettrait d’extraire du charbon à coke, combustible obtenu par la pyrolyse de la houille, destiné à la production d’acier au Royaume-Uni et dans le monde entier. Ses détracteurs affirment que la mine nuirait aux objectifs climatiques et que la demande de charbon à coke est en baisse.
Mais ses partisans affirment que la mine, située près de Whitehaven, créera des emplois et réduira la nécessité d’importer du charbon. Le sort du projet West Cumbria Mining était en suspens depuis deux ans, après que le conseil de comté local ait initialement approuvé la mine en 2020.
L’approbation du projet a été suspendue début 2021, à l’approche de la conférence sur le climat COP26 à Glasgow, après que le conseiller du gouvernement en matière de changement climatique a déclaré que le projet augmenterait les émissions de carbone.
Le comité consultatif du gouvernement sur le changement climatique (UKCCC) a souligné que 85 % du charbon produit par la mine serait exporté.
Beaucoup qualifient cette proposition d’« absolument indéfendable » et déclarent que son approbation porterait atteinte au leadership du Royaume-Uni en matière de changement climatique. Les autorités de planification ont réexaminé la décision initiale et envoyé un rapport au secrétaire d’État aux communautés pour qu’il l’examine et rende un jugement final.
Michael Gove – le secrétaire d’Etat aux communautés a accepté la recommandation de l’inspecteur de la planification d’approuver la mine. Il serait « convaincu qu’il existe actuellement un marché britannique et européen pour le charbon ». Pour lui, les effets du développement sur les émissions de carbone « seraient relativement neutres et non significatifs ».
Il a aussi ajouté que la décision était conforme aux politiques du gouvernement en matière de réduction des émissions de carbone. Mais les partis d’opposition et les groupes environnementaux ont condamné la décision, la qualifiant de néfaste pour le climat et la transition du Royaume-Uni vers une économie plus verte.
Les Amis de la Terre – association de protection de l’homme et de l’environnement – ont déclaré que la décision était une « erreur malencontreuse et profondément dommageable qui va à l’encontre de toutes les preuves ».
Une décision qui divise
Le charbon est le plus polluant de tous les combustibles fossiles, produisant presque deux fois plus d’émissions que le gaz naturel. West Cumbria Mining affirme que le charbon à coke qu’elle produira sera utilisé pour la fabrication d’acier au Royaume-Uni et en Europe.
Le conseil local avait accordé l’autorisation d’extraire du charbon à coke jusqu’en 2049, la mine devant créer environ 500 emplois. Mais les deux entreprises qui produisent encore de l’acier à partir du charbon au Royaume-Uni – British Steel et Tata – affirment qu’elles prévoient de passer à des méthodes de production à plus faible teneur en carbone.
Ainsi, au mieux – et selon Chris McDonald – elles utiliseront moins de 10 % de la production de la mine et, au milieu des années 2030, aucune. Cela signifie que la nouvelle mine exportera pratiquement tout le charbon qu’elle produit.
Le secrétaire d’État au changement climatique, Ed Miliband, a déclaré que la mine n’était « pas une solution à la crise énergétique » et « n’offre pas d’emplois sûrs à long terme« .
Le parti des Verts a suggéré que la décision avait été « cyniquement retardée » jusqu’à la fin de la présidence britannique de la COP et que la crédibilité environnementale du gouvernement était « en lambeaux« .
La décision pourrait révéler les divisions au sein du Parti conservateur, dont les députés les plus écologistes se sont prononcés contre les plans.
Des conservateurs de haut rang – dont l’ancien chancelier Kwasi Kwarteng et le président de la COP, Alok Sharma – ont fait valoir que la mine serait en contradiction avec les objectifs climatiques du Royaume-Uni.
Mais certains députés conservateurs du Nord ont fait campagne en faveur de la mine, estimant qu’elle serait source d’emplois et d’investissements.