Un nouveau satellite européen, lancé ce mardi, améliorera considérablement la prévision des tempêtes soudaines et violentes afin que nous puissions mieux nous y préparer.
Une fusée Ariane va mettre en orbite le nouveau satellite météorologique Meteosat-12 pour mieux surveiller le continent européen, le Moyen-Orient et l’Afrique. Il s’agit du premier engin spatial d’un nouveau système d’observation de plusieurs milliards d’euros.
Il s’agit sans doute du lancement spatial européen le plus important de cette année, car il remplacera une technologie vieille de plus de 20 ans. Ce nouveau satellite utilisera une technologie de pointe, qui permettra de mieux prévoir des tempêtes soudaines et violentes pour mieux nous y préparer.
Phil Evans, directeur général d’Eumetsat – l’organisation intergouvernementale qui gère les satellites météorologiques européens -, a pris notamment en exemple la tempête qui a touché l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique l’année dernière et où plus de 200 personnes ont perdu la vie.
« Des observations plus précises, plus fréquentes et plus pertinentes depuis l’espace sont absolument essentielles pour fournir de meilleures prévisions et alertes qui nous aident à réduite et à atténuer les impacts de ces événements météorologiques graves » a t-il déclaré.
Depuis 1977, l’Europe dispose de son propre engin spatial météorologique au-dessus de la planète. Le nouvel imageur qui sera lancé aujourd’hui est de la troisième génération de la série.
Meteosat-12 renverra une image complète du temps qu’il fait en dessous de lui toutes les 10 minutes, soit cinq minutes plus vite que ce n’est le cas actuellement. Il sera capable de voir des éléments plus petits dans l’atmosphère, jusqu’à 500 mètres de diamètre, et de les visualiser dans davantage de longueurs d’ondes et lumière.
Les organismes nationaux de prévision, tels que Météo France, verront la quantité de données qu’ils reçoivent augmenter considérablement.
L’une des principales innovations est l’inclusion d’une caméra pour détecter les éclairs. Les agences pensent que cela sera un atout pour ce qu’elles appellent le « nowcasting« , c’est-à-dire la capacité de suivre et de prévenir des événements dangereux imminents. En effet, la foudre est un traceur de violentes rafales de vent, de fortes précipitations et de grêle.
Il est depuis longtemps possible de suivre les éclairs à partir de leurs émissions de radiofréquences, mais il s’agit essentiellement de coups de foudre air-sol, alors que 90% des éclairs sont des coups de foudre air-air, ou intra-nuage. Le système de nouvelle génération verra finalement trois engins spatiaux travailler à l’unisson.
Un deuxième satellite sera mis en place en 2026 pour acquérir des images plus rapides – toutes les 2,5 minutes – de l’Europe. Avant cela, en 2024, un vaisseau spatial « sondeur » sera lancé pour échantillonner la température et l’humidité de l’atmosphère.
Les satellites de remplacement ayant déjà été commandés pour le premier trio opérationnel, l’Europe est assurée de bénéficier d’une couverture jusque dans les années 2040.
Cette capacité a, bien sûr, un coût astronomique. Les Etats membres de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) ont financé la recherche et le développement à hauteur de 1,4 milliards d’euros. Les pays membres d’Eumetsat prennent en charge les coûts permanents qui devraient s’élever eux à 2,9 milliards d’euros.
Paul Blythe, qui a dirigé le développement de Meteosat-12 pour l’ESA, a déclaré : « C’est un long processus avec des compromis. Certains des éléments que nous avons à bord ont nécessité six, sept ou huit ans de travail, depuis la définition initiale des exigences jusqu’à l’obtention du produit à intégrer dans le satellite, en passant par de nombreux travaux de développement. Après cela, nous devons qualifier l’ensemble du système« .
Si 4,3 milliards d’euros au total semblent beaucoup d’argent, il convient de reconnaître les bénéfices qui découlent de bonnes prévisions météorologiques.
En donnant au public la confiance nécessaire pour vaquer à ses occupations quotidiennes, en contribuant à réduire les accidents de la route ou en permettant à des secteurs tels que l’aviation et la navigation de fonctionner plus efficacement, il y a une valeur ajoutée évidente pour l’économie qui, selon des analyses répétées, se chiffre en milliards chaque année.
Le lancement du satellite Meteosat-12 est prévu sur sa fusée Ariane depuis le port spatiale européen en Guyane française à 17h30 heure locale (21h30 à Paris).