Selon une nouvelle étude, un tiers des glaciers des sites du patrimoine mondial disparaîtront d’ici 2050. Et c’est catastrophique.
Une importante étude mondiale a révélé que le changement climatique est à l’origine de l’effondrement de ces gigantesques flux de glace. Mais même si nous parvenons à réduire les émissions dès maintenant, les glaciers emblématiques, des Dolomites au Yosemite, sont appelés à disparaître en raison du volume de gaz à effet de serre émis par l’homme.
Selon les scientifiques, limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels est le seul moyen de sauver les deux tiers restants de ces structures vitales.
« Comme les glaciers continuent de reculer à un rythme accéléré, les risques d’inondations par débordement de lacs glaciaires risquent d’augmenter et d’avoir des conséquences désastreuses pour les populations et la biodiversité de régions entières en aval », avertit Tales Carvalho Resende, auteur principal du nouveau rapport de l’UNESCO.
En juillet, le plus grand glacier des Alpes italiennes s’est effondré, déclenchant une avalanche qui a tué 11 alpinistes. L’incident de Marmolada est un signe tragique de ce qui est à venir dans les Dolomites, où l’on prévoit la disparition de tous les géants de glace d’ici 2050.
Ailleurs en Europe, le glacier du mont Perdu des Pyrénées, à cheval sur la France et l’Espagne, aura également disparu dans les 30 prochaines années.
Pourquoi sont-ils si importants ?
Il est difficile de comprendre à quel point la disparition des glaciers de la planète sera catastrophique. 50 % de l’humanité dépend directement et indirectement de ces géants de glace comme source d’eau pour l’usage domestique, l’agriculture et l’hydroélectricité.
L’UNESCO surveille de près 18 600 glaciers répartis sur 50 de ses plus de 1 000 sites du patrimoine mondial. Ils représentent près de 10 % de la surface glacière totale de la Terre. Cette liste comprend le plus haut (à côté du mont Everest), le plus long (en Alaska), les derniers glaciers d’Afrique et certains des plus grands glaciers d’Asie centrale, d’Europe centrale, d’Amérique du Nord, des Andes du Sud et de Nouvelle-Zélande.
Mais bien que le fait de figurer sur la liste du patrimoine mondial représente le plus haut niveau de protection, avec des mesures d’atténuation importantes mises en place localement, les glaciers placés sous la surveillance de l’agence des Nations unies reculent à un rythme de plus en plus accéléré depuis 2000.
Ces masses de glace qui se déplacent lentement perdent 58 milliards de tonnes de glace chaque année, soit l’équivalent du volume annuel total d’eau utilisé en France et en Espagne réunies.
Les impacts de la fonte des montagnes de glace sont multiples, explique Carvalho Resende. Ils entraîneront des changements inévitables dans l’hydrologie locale ainsi que dans la forme des habitats et des paysages.
Il explique: « La fonte des glaciers peut temporairement avoir un impact positif, car davantage d’eau sera libérée du stockage glaciaire. Toutefois, à long terme, le ruissellement annuel sera réduit à mesure que les glaciers rétréciront. Une telle diminution de l’écoulement des glaciers est susceptible d’avoir des effets négatifs sur la production agricole et la sécurité alimentaire et d’entraîner un stress hydrique qui pourrait être exacerbé par la demande croissante en eau due à l’expansion des terres agricoles pour nourrir une population croissante. »
Où les glaciers fondent-ils le plus rapidement ?
Selon les données disponibles, les glaciers de tous les sites africains inscrits au patrimoine mondial auront disparu d’ici 2050, y compris ceux du parc national du Kilimandjaro et du mont Kenya. Aux États-Unis, les glaciers des parcs nationaux de Yellowstone et de Yosemite auront également disparus à cette date.
Le Te Wahipounamu, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Zélande, est lui aussi en voie de disparition, ayant perdu près de 20 % de son volume depuis 2000. Les trois rivières parallèles des zones protégées du Yunnan, en Chine, sont la où le glacier fond le plus rapidement.
« Les communautés locales seront les premières à subir les effets néfastes du recul des glaciers », explique Carvalho Resende. « Le tourisme lié aux glaciers revêt une importance particulière en Europe, et sera fortement affecté par le recul des glaciers. »
Comment pouvons-nous protéger ces géants de glace ?
Le nouveau rapport de l’UNESCO offre une lecture décourageante, mais il n’est pas trop tard pour sauver la majorité des glaciers du monde. Le rapport montre que leur disparition rapide est due à un facteur principal : le réchauffement des températures.
Environ 50 % des glaciers inscrits au patrimoine mondial pourraient disparaître presque entièrement d’ici 2100 dans un scénario de maintien des émissions. Il est clair que la mesure de protection la plus importante pour empêcher le recul majeur des glaciers dans le monde est de réduire radicalement les émissions de carbone.
Toutefois, les mesures d’adaptation déployées au niveau des sites doivent être renforcées pour répondre aux changements inévitables de ses structures naturelles dans un avenir proche, indique l’agence des Nations unies. Des mesures d’alerte précoce et de réduction des risques de catastrophe doivent être conçues et mises en œuvre.
L’UNESCO préconise également la création d’un fond international pour la surveillance et la préservation des glaciers afin de soutenir des recherches approfondies et de mettre au point des mesures de réponse efficaces.