Cet hiver a été globalement sec en France, ce qui a entraîné des restrictions d’eau dans le domaine de l’agriculture mais pas seulement. Le réchauffement climatique rend les étés plus secs en France, ce qui signifie que les hivers secs sont plus difficiles à supporter.
La sécheresse du début de l’année en France a entraîné des restrictions d’eau dans près de 15 départements, suscitant des craintes pour les récoltes d’hiver. Julien Denormandie, l’actuel ministre français de l’agriculture a prévenu lundi que les précipitations hivernales exceptionnellement faibles allaient affecter les rendements agricoles, au moment même où le monde est confronté aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues notamment à la guerre en Ukraine.
La zone la plus touchée couvre une bande s’étendant sur l’ensemble de l’héxagone en diagonale, du sud-est du pays vers la Bretagne au nord-ouest. De janvier à mars dernier, certaines régions ont connu l’une des dix périodes hivernales les plus sèches jamais enregistrées, et 15 des 96 départements de France ont été soumis à des restrictions. Les autorités invitent la population à économiser l’eau, et certaines régions interdisent le lavage des voitures et l’arrosage des jardins.
Sur les 15 départements touchés par ces nouvelles restrictions, dix d’entres eux ont déjà dépassé le seuil d’alerte à la sécheresse. Ces dix départements qui ont dépassé le seuil d’alerte sont : le Maine-et-Loire, la Vienne, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, la Charente, l’Ain, la Drôme, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Cette situation ne devrait pas s’améliorer notamment à cause de la vague de chaleur prévue sur l’ensemble du territoire pour le reste de la semaine. Selon Météo France, les précipitations dans les régions les plus touchées sont déficitaires de 35%, atteignant même 70% dans le Vaucluse.
Si les hivers sont généralement humides en France, la fluctuation naturelle d’un hiver sec est plus difficile à gérer car la crise rend les étés plus secs, a expliqué Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace (ISPL) et auteur au GIEC. La situation peut être vraiment dramatique si en plus d’une sécheresse en hiver, une sécheresse due au changement climatique devait s’installer sur la durée en été.
Mais cette situation ne devrait pas toucher seulement la France mais bien l’ensemble de l’Europe occidentale. En raison du réchauffement de la planète et de la crise climatique, les sécheresses estivales devraient frapper quasiment partout en Europe.
Robert Vautard a aussi mis en garde contre le risque de « restrictions tout au long de l’été dans de nombreux territoires et domaines » et contre la sécheresse des sols, qui pourrait affecter le rendement des cultures, et pas seulement en hiver.
Selon Météo France, la vague de chaleur attendue en France cette semaine devrait considérablement aggraver la tendance, puisqu’aucun épisode pluvieux n’est attendue sur le territoire avant le 17 mai au moins.
Et pour faire face à ce risque de sécheresse, le gouvernement, et notamment le ministère de l’agriculture, avait annoncé dès le 29 avril que les agences de l’eau pourraient dépenser près de 100 millions d’euros supplémentaires pour aider les filières agricoles, notamment pour créer des retenues d’eau, afin qu’elles puissent s’adapter au mieux à ces effets du changement climatique.
L’été dernier, les scientifiques des Nations unies ont averti que le changement climatique aggraverait les conditions météorologiques extrêmes, notamment la chaleur étouffante et la sécheresse écologique et agricole en Méditerranée, où les étés devraient se réchauffer plus que la moyenne mondiale. Le dernier rapport du GIEC avait d’ailleurs démontré que l’urgence climatique était imminente et qu’il fallait agir au plus vite pour éviter ce genre de scénario catastrophe. Selon leur dernier rapport, l’humanité a environ trois ans pour agir considérablement pour un avenir vivable.
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