El Niño est un phénomène météorologique naturel qui se caractérise par le réchauffement d’un immense réservoir d’eau principalement dans le Pacifique. Avec le réchauffement climatique global actuel, le prochain El Niño pourrait être catastrophique.
Après trois années de La Niña, la tendance devrait s’affaiblir au cours des prochains mois, et le début d’un El Niño serait possible au cours de l’été ou de l’automne 2023. Une telle transition aurait probablement des répercussions multiples sur les conditions météorologiques dans le monde entier, comme l’ont fait les El Niño précédents. Mais l’impact croissant du changement climatique induit par l’homme place la possibilité d’un El Niño dans un nouveau contexte et soulève de nouvelles questions.
El Niño et La Niña sont les phases opposées du phénomène El Niño-Oscillation australe (ENSO), au cours duquel les eaux normalement froides de l’océan Pacifique oriental équatorial se réchauffent (El Niño) ou se refroidissent encore plus qu’à l’accoutumée (La Niña).
Mais ces événements ont des ramifications mondiales : un El Niño typique provoque des sécheresses en Indonésie, en Australie, en Afrique australe et en Inde, des hivers secs dans le nord-ouest du Pacifique, des saisons d’ouragans intenses dans le Pacifique ainsi que d’autres conséquences dans le monde entier. L’ENSO s’apparente donc à une forme naturelle de changement climatique.
Mais l’ENSO est naturel, alors que le réchauffement climatique est d’origine humaine. L’un va de manière persistante dans une direction, l’autre revient toutes les quelques années. Cependant, l’ENSO et le réchauffement planétaire sont liés sur quelques points essentiels.
L’ENSO influe sensiblement sur la température moyenne à la surface de la Terre. Un épisode El Niño majeur peut l’augmenter de quelques dixièmes de degrés Celsius. Alors que notre température moyenne a déjà augmenté de 1,2 °C depuis l’ère préindustrielle, un épisode El Niño suffisamment important pourrait même pousser la planète, temporairement, à dépasser les 1,5 °C de réchauffement. On aurait donc un aperçu de ce que pourrez être la vie à 1,5°C de plus sur la planète.
Cette perspective d’un réchauffement global à +1,5°C pourrait devenir réelle plus rapidement qu’on ne le pensait. Si, lors de la COP 21 en 2015, on visait à ne pas franchir le seuil de +2°C par rapport à l’ère industrielle sur Terre d’ici 2100, les prévisions ont été revues à la baisse puisque le dernier rapport du GIEC indique que l’on pourrait atteindre les +1,5°C d’ici 2035, voire plus tôt.
Ne pas confondre réchauffement climatique et El Nino
Lorsque nous parlons de réchauffement climatique, nous parlons de changements dans les moyennes à long terme, et non de fluctuations annuelles comme celles provoquées par l’ENSO. Certains nient le réchauffement climatique en jouant sur cette différence. En mesurant l’évolution de la température à partir de l’année du dernier grand épisode El Niño (2015), lorsque la température était temporairement supérieure à la moyenne à long terme, ils peuvent ensuite affirmer de manière totalement trompeuse qu’il n’y a pas eu de réchauffement depuis cette année-là.
Néanmoins, il est révélateur que nous soyons suffisamment proches du seuil de réchauffement de 1,5°C pour commencer à y réfléchir de manière aussi concrète – et les perspectives de réduire les émissions assez rapidement pour rester en deçà de l’objectif de 1,5°C sont médiocres, El Niño ou pas.
1,5°C est le niveau de réchauffement qui, selon les scientifiques, serait le plus susceptible de déclencher des boucles de rétroaction irréversibles, telles que la désintégration des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental, le dégel brutal du pergélisol dans l’Arctique ou l’effondrement du courant Gulf Stream de l’océan Atlantique.
Les trois dernières années ont été objectivement chaudes, parmi les plus chaudes depuis le début des relevés en 1880. Toutefois, la chaleur torride de ces dernières années a été tempérée par La Niña, qui refroidit légèrement la planète.