Le mois prochain se tiendra à Montréal la conférence des Nations Unies sur la biodiversité, l’occasion pour le monde de se mettre d’accord sur les actions à prendre pour sauver la nature.
Il y a un constat alarmant et qui s’accentue depuis plusieurs années. La biodiversité s’appauvrie, de plus en plus d’espèces disparaissent chaque jour. Des pans entiers de la faune et la flore s’effacent sous nos yeux.
C’est un problème mondial et il s’aggrave. Et pourtant, il existe des solutions. La seule question est si nous serons assez rapide pour agir. Mais bientôt, les délégués des pays du monde entier se réuniront à Montréal pour régler les derniers détails de ce qui pourrait être un accord historique pour sauver la biodiversité.
L’enjeu est de taille : la biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants et la variété des écosystèmes présents sur Terre. Et l’espèce humaine en fait partie. Il faut sauver la nature mais aussi nous-même.
Un accord faible pourrait entraîner une érosion continue de la nature, créant une situation désastreuse pour près d’un million d’espèces déjà menacées d’extinction et menaçant notre capacité à lutter contre le changement climatique causé par l’homme. Un accord solide pourrait ouvrir la voie à de nouveaux efforts de protection de la nature.
Voici ce que vous devez savoir à l’approche de la COP15, la conférence des Nations unies sur la biodiversité qui se tiendra à Montréal en décembre.
Quelle est la gravité de la crise mondiale de la biodiversité ?
Selon une évaluation mondiale réalisée en 2019, la biodiversité décline à une vitesse sans précédent, les humains détruisant les habitats, chassant et pêchant à outrance et rejetant des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ce qui a des répercussions sur le climat de la Terre.
Selon les scientifiques, la sixième extinction de masse de l’histoire de la Terre a déjà commencé et elle est la première qui est causée par un animal, à savoir nous. Bien sûr, ce ne sont pas seulement les plantes, les animaux et les micro-organismes que nous mettons en danger. Son déclin menace notre santé, nos moyens de subsistance et notre existence même.
Mais il y a encore de l’espoir. Selon l’évaluation mondiale, il est encore temps d’inverser le cours des choses grâce à des changements à tous les niveaux.
"It's not too late to turn the tide on nature decline, but we're running out of time" @TonyJuniper.
Ahead of #COP15, we've issued a joint statement with the other statutory nature bodies of the UK to inspire real action at COP15.
Read our statement: https://t.co/nFKyiO33pG pic.twitter.com/s9HklL4XlB
— Natural England (@NaturalEngland) November 23, 2022
Qu’est ce que la COP15 ?
Il existe un grand nombre de COP, il est donc important de savoir réellement les enjeux de celle ci. COP signifie « Conférence des Parties ». Il s’agit de réunions mondiales au cours desquelles les signataires de divers accords internationaux se réunissent pour prendre des décisions concernant la mise en œuvre de ces traités.
La COP qui se tiendra à Montréal – du 7 au 19 décembre – est la quinzième conférence des parties à la convention sur la diversité biologique. Il s’agit d’un traité international visant à garantir la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, ainsi que le partage équitable des avantages qui en découlent.
À quoi s’emploient les pays lors de la COP15 ?
Dans la perspective de la COP15, qui a été retardée plusieurs fois en raison de la pandémie de COVID-19, les parties ont travaillé sur un nouveau plan pour faire face à la crise de la biodiversité.
Ce plan, appelé « cadre mondial pour la biodiversité post-2020 », pourrait amener les 196 pays participant à la conférence à s’engager à inverser la perte de biodiversité d’ici à 2030.
Cela comprend des projets d’objectifs visant à éliminer les subventions nuisibles à la nature, à augmenter les zones conservées, à assurer une gestion efficace des terres et des eaux qui respecte et sauvegarde les droits des peuples autochtones et des communautés locales, ainsi qu’à récupérer et à conserver les espèces menacées d’extinction.
Selon Reuters, le Premier ministre Justin Trudeau prévoit de participer à la conférence, mais la plupart des chefs d’État ne devraient pas être présents et certains craignent que cela ne nuise aux ambitions.
La règle des 30
Ce sont plus de 100 pays qui se sont déjà engagés à atteindre l’objectif « 30 d’ici 30 », qui consiste à conserver 30 % des terres et des eaux d’ici 2030, dans le cadre de la coalition « High Ambition Coalition for Nature and People ».
La coalition dirigée par le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni fait pression pour que cet objectif soit officiellement adopté dans le cadre du nouvel accord mondial sur la biodiversité. Mais même l’objectif de 30 pour 30 est le strict minimum nécessaire pour enrayer la perte de biodiversité.
Selon un récent rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, il faudrait conserver jusqu’à 50 % des terres et des eaux pour maintenir la biodiversité et les services écosystémiques dans le monde.
Quels sont les enjeux clés à suivre lors de la COP15 ?
La lutte contre les subventions néfastes et l’augmentation considérable des financements en faveur de la nature pourraient figurer parmi les principaux points de friction de la COP15.
Selon un rapport de coalitions d’entreprises et de groupes de protection de la nature axés sur la durabilité, le monde dépense environ 1 800 milliards de dollars par an pour subventionner des activités qui nuisent à la nature. Alors que les gouvernements s’efforcent de réduire ces subventions, ils doivent réorienter ces flux financiers vers la protection de la biodiversité.
À l’heure actuelle, la plupart des fonds destinés aux solutions fondées sur la nature sont dépensés au niveau national par les pays les plus riches du monde, selon un autre rapport des Nations Unies axé sur les dépenses du G20. Ce calcul doit également changer si les pays veulent atteindre l’objectif « 30 d’ici 30 ».
À l’avenir, ces pays riches devront consacrer davantage d’argent à la conservation de la nature, chez eux et à l’étranger. Proportionnellement, la majeure partie de cet argent doit aller aux pays en développement, selon le rapport.
La façon dont les nouvelles zones protégées sont gérées sera une autre question importante lors de la conférence. La création de nouvelles aires protégées ne peut pas se limiter à tracer des lignes sur une carte pour atteindre les objectifs internationaux. Un changement systémique est également nécessaire.
Y a-t-il encore de l’espoir ?
Les crises du climat et de la biodiversité sont intimement liées et cela commence à être reconnu. Même si le monde parvient à maintenir le réchauffement climatique à 1,5 ou 2 C, la plupart des espèces terrestres verront leur aire de répartition se réduire, ce qui augmentera les risques d’extinction.
Chaque degré de réchauffement met la vie sur Terre en danger. On estime que 5% des espèces mondiales seraient menacées d’extinction liée au climat à 2 C. 16% pourraient disparaître si la Terre se réchauffe à 4,3 C.
Beaucoup d’écosystèmes stockent d’énormes quantités de carbone, comme des forêts anciennes ou des zones humides. Lorsque ces zones sont détruites, leur capacité à contribuer à la lutte contre le changement climatique l’est aussi.
C’est un cercle vicieux. Le changement climatique menace la biodiversité et, à mesure que la biodiversité décline, le changement climatique s’aggrave.
Il y a de l’espoir seulement si les dirigeants voient les liens de cause à effet et durcissent leurs actions pour le climat et la protection de la biodiversité. Le rôle de la nature dans la lutte contre le réchauffement climatique est sûr. La protéger, c’est nous protéger.