Cocorico ! La baguette, ce symbole de la France au même titre que la tour Eiffel a été reconnue par l’UNESCO, qui a voté mercredi l’inscription du « savoir-faire et de la culture artisanale de la baguette de pain » sur sa liste du patrimoine culturel immatériel.
Il y a sans doute peu de choses plus typiquement françaises qu’une bonne baguette. Après tout, on dit que le pays en produit quelque 16 millions par jour. Il s’en vendrait 320 par seconde dans le pays soit près de 6 milliards par an. Pourtant, la baguette a connu un déclin ces dernières années, les boulangeries traditionnelles luttant contre l’essor des grands supermarchés et la popularité croissante du levain.
Mais aujourd’hui, il y a de quoi se réjouir, puisque l’Unesco ajoute la baguette à sa liste du « patrimoine culturel immatériel ». L’organisme a annoncé qu’il avait ajouté « le savoir-faire et la culture artisanale de la baguette de pain » à sa liste de 600 autres éléments, rejoignant ainsi des choses comme la fabrication traditionnelle du thé en Chine et une danse de masques coréens connue sous le nom de « talchum » – toutes deux également incluses pour la première fois en 2022.
Dans la liste, sont également inclus les danses rituelles furyu-odori du Japon, un plat de nouilles froid de Corée du Nord appelé naengmyeon, les festivités de l’ours des Pyrénées et le Kun L’bokator, les arts martiaux traditionnels du Cambodge, les jeux équestres traditionnels de Géorgie, la pâte de piment du Maghreb appelée harissa, l’eau-de-vie de prune šljivovica de Serbie, l’appel oral des chameaux en Arabie saoudite et à Oman ou encore le luth d’Asie centrale appelé Rubāb.
Tous viennent d’être reconnus comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par un comité de 24 membres de l’Unesco, qui se réunit cette semaine à Rabat pour examiner si 56 « trésors humains » proposés méritent d’être ajoutés aux quelque 600 qui figurent déjà sur la liste.
L’inclusion de la baguette « célèbre l’art de vivre à la française », a déclaré Audrey Asoulay, chef de l’Unesco, ajoutant : « La baguette est un rituel quotidien, un élément structurant du repas, synonyme de partage et de convivialité. Il est important que ces savoir-faire et ces habitudes sociales continuent d’exister à l’avenir ».
UNESCO has just made the French baguette part of the Intangible Cultural Heritage of humanity, and the French delegation is wildin out there pic.twitter.com/s1UbutiVBZ
— Jules Darmanin (@JulesDrmnn) November 30, 2022
Appréciée dans le monde entier
La provenance exacte de la baguette n’est pas réellement connue : certains suggèrent que le pain a été commandé par Napoléon parce qu’il serait plus facile à transporter pour les soldats, tandis que d’autres suggèrent qu’il est apparu plus tard – un pain facile à déchirer et à partager pour les ouvriers de Paris sans avoir besoin d’un couteau. D’autres encore attribuent sa forme à un boulanger autrichien dans les années 1830.
Cependant, la baguette telle que nous la connaissons aujourd’hui n’a reçu son nom officiel qu’il y a un peu plus de 100 ans, en 1920. C’est à ce moment-là que des règles strictes ont été mises en place pour définir ce qu’était une baguette, avec des normes de 80 cm et 250 g. La baguette avait même un prix fixe jusqu’en 1986.
Composée uniquement de farine, d’eau, de sel et de levure, la pâte à baguette doit reposer 15 à 20 heures à une température comprise entre 4 et 6 C°, selon la Confédération des boulangers français, qui se bat pour protéger son marché des boulangeries industrielles.
Au milieu du 20ème siècle, la baguette avait conquis le pays. Mais depuis 1970, 400 boulangeries artisanales ont fermé leurs portes chaque année, le nombre total de boulangeries en France passant de 55 000 à 35 000 aujourd’hui, selon l’agence de presse AFP.
Et pourtant, elle reste un élément clé de l’identité française, le président Emmanuel Macron ayant déclaré que la baguette était « enviée dans le monde entier« . Pour les artisans boulangers qui continuent à se consacrer à la baguette, la nouvelle de ce mercredi est venue comme une reconnaissance bienvenue du métier qu’ils ont perfectionné.
« La baguette, c’est de la farine, de l’eau, du sel, de la levure – et le savoir-faire de l’artisan« , a déclaré Dominique Anract, président de la fédération des boulangers, dans un communiqué de presse. La boulangère parisienne Priscilla Hayertz a reconnu auprès de l’AFP qu’il s’agissait d’un « produit de base » mais qui « touche toutes les catégories socioculturelles, que vous soyez riche, pauvre… peu importe, tout le monde mange des baguettes« .