L’IA et son utilisation, les avis divergent. Récemment, beaucoup d’artistes ont voulu mettre en garde contre l’utilisation abusive de l’Intelligence Artificielle qui pourrait mettre en péril l’art et la créativité.
Ces dernières semaines, des applications d’intelligence artificielle sont devenues virales sur les réseaux pour avoir permis aux utilisateurs de créer des avatars dans le style de divers artistes célèbres. Selon les artistes et les créateurs, cela pourrait être en train de changer le visage du travail créatif de manière permanente, tout en soulevant de sérieuses préoccupations en matière de vie privée et de propriété intellectuelle. L’art généré par l’IA est soudain partout où l’on regarde.
I did the Lensa magic avatar thing! Some really cool painterly portraits in there https://t.co/hajJ5kPRA8 pic.twitter.com/sxBJqzTbDm
— Lauren Boothby (@laurby) December 10, 2022
Des applications comme Lensa
Des applications comme l’éditeur de photos Lensa permettent aux utilisateurs de créer des « avatars magiques » dans une variété quasi infinie de genres. Cette application a rencontré un énorme succès auprès des utilisateurs : depuis que Lensa a lancé la fonction avatar en novembre, plus de 4 millions de personnes ont téléchargé l’application.
La société derrière Lensa a déclaré que les images générées par l’IA « ne peuvent être décrites comme des répliques exactes d’une œuvre d’art particulière« .
Pour de nombreux internautes, Lensa AI est un générateur de photos de profil bon marché et accessible. Mais dans les cercles d’art numérique, la popularité de l’art généré par l’intelligence artificielle a soulevé des préoccupations majeures en matière de vie privée et d’éthique.
Lensa, qui a été lancée comme une application de retouche photo en 2018, est devenue virale en novembre après avoir publié sa fonctionnalité « avatars magiques« . Elle utilise un minimum de 10 images téléchargées par l’utilisateur et le réseau neuronal Stable Diffusion pour générer des portraits dans une variété de styles d’art numérique.
Mais la croissance de l’application – et l’essor de l’art généré par l’IA ces derniers mois – a relancé le débat sur l’éthique de la création d’images avec des modèles qui ont été formés à partir du travail original d’autres personnes.
Lensa est très controversée – de nombreux artistes ont accusé Stable Diffusion d’utiliser leurs œuvres sans autorisation. De nombreux acteurs du monde de l’art numérique ont également exprimé des réserves quant à la production en masse d’images par des modèles d’IA pour un prix aussi bas- environ 8$-, surtout si ces images imitent des styles que de véritables artistes ont mis des années à affiner.
Des entreprises comme Lensa disent qu’elles « apportent l’art aux masses« , a déclaré l’artiste Karla Ortiz. « Mais en réalité, ce qu’elles apportent, c’est la contrefaçon, le vol d’art et la copie aux masses« .
« Ce qui n’était autrefois accessible qu’aux utilisateurs technophiles avertis est désormais à la portée d’absolument tout le monde. Aucune compétence spécifique n’est requise« , a déclaré Usoltsev. Et c’est peut être ça le problème. Le travail de certains est dénigré.
The only way to stop AI art from replacing human illustrators is to make it so uncool, risible and mockery-worthy that no one wants to use it. Because otherwise, capitalism goes with what’s cheap and fast, and an algorithm is faster and cheaper than a human who needs to eat. pic.twitter.com/WGTcCJ3Gqf
— Molly Crabapple🇵🇷 (@mollycrabapple) December 6, 2022
Critiques de l’IA
Le problème avec une technologie accessible à tous et qui ne demande aucune compétence c’est qu’elle peut être utilisée au dépend de ceux qui ont déjà les compétences et pouvaient jusqu’alors en vivre.
Les applications comme Lensa ou encore Dall-E permettent d’avoir en un instant ce que certains artistes ont mis des années pour acquérir. Une image, un dessin, une photo, une « oeuvre » mais y a-til réellement du plaisir là-dedans ?
La perspective d’outils facilement accessibles, capables de s’approcher au plus près de la production artistique humaine, inquiète de nombreux créatifs. A l’instar de Karla Ortiz qui se bat pour défendre les droits des artistes, beaucoup de créateurs s’insurgent sur les réseaux sociaux et dénoncent le vol pur et simple de leur maitrise et créations.
Generally:
Artists don’t dislike AI art because it’s “not real art” etc.
Artists dislike AI art because the programs are “trained” unethically using databases of art belonging to artists who have not given their consent.
This is not about gatekeeping. This is about theft.
— Clerzi ✨ (@Clerzi) December 3, 2022
Certains artistes deviennent anxieux pour leur carrière et leur futur, mais aussi pour la créativité humaine. Si tout devient facile, le challenge n’existe plus. Alors l’humain devient stérile.
Kelly McKerman, illustratrice et peintre, s’est vue son travail volé puis utilisé à des fins commerciales ou autres. Cela, sans son consentement, bien entendu. Au-delà des préoccupations générales en matière de travail, de nombreux acteurs des domaines créatifs accusent l’IA de violer leur propriété intellectuelle.
Mais pour certains artistes, les modèles IA sont un outil de création. Plusieurs d’entre eux ont souligné que les modèles sont utiles pour générer des images de référence qui sont autrement difficiles à trouver en ligne. Des écrivains ont indiqué qu’ils utilisaient les modèles pour visualiser des scènes dans leurs scénarios et leurs romans.
Comment fonctionne l’IA ?
Les modèles de synthèse d’images tels que Google Imagen, DALL-E et Stable Diffusion sont entraînés à l’aide d’ensembles de données contenant des millions d’images. Les modèles apprennent des associations entre la disposition des pixels d’une image et les métadonnées de l’image, qui comprennent généralement des descriptions textuelles du sujet et du style de l’image. Le modèle peut ensuite générer de nouvelles images sur la base des associations qu’il a apprises.
Est-ce que l’IA va tuer l’art ?
Il y a encore beaucoup de zones d’ombre dans cette histoire. La ligne entre inspiration et plagiat est très fine, et beaucoup d’artistes ne voient pas d’un bon oeil ce nouvel outil. Plus que le travail, c’est aussi la créativité qui en prend un coup. Peut-être que nous verrons apparaître de nouvelles lois pour limiter l’utilisation de l’IA et en limiter ses excès.