Selon le service statistique du ministère de l’Intérieur, la France a connu une hausse de 5% des infractions à caractère raciste, xénophobe ou religieux en 2022.
L’année dernière, 12 600 crimes ou délits visant des personnes d’origine étrangère ou des minorités religieuses ont été enregistrés par le service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI). Soit une augmentation de 5% par rapport à 2021, où une hausse de 13% par rapport à 2019 – avant le Covid – avait déjà été relevée. Le service statistique a cependant noté une diminution de 4% des infractions (après une hausse régulière depuis 2017) et de 12% des contraventions, eu égard à ces discriminations. Celles-ci seraient caractérisées, selon le SSMSI, par «des injures, provocations ou diffamations [en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race].
« On remarque une augmentation des passages à l’acte très violents, dans une ambiance politique qui a favorisé la libération de la parole raciste, notamment pendant l’élection présidentielle », a déclaré Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
Le rapport indique que les infractions sont, pour la plupart, des délits d’injure publique « à caractère raciste » (58 % de l’ensemble des crimes ou délits « racistes »). Au total, ce sont « 12 600 infractions [qui] ont été recensées en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion sur l’ensemble du territoire français, 6 600 crimes ou délits et 6 000 contraventions ». Les menaces et chantages représentent 17 % sur la part des 6600 mentionnés, 6% dans le cas des atteintes à la vie et violences
Des régions et des personnes plus touchées que d’autres
Les zones où les délits et crimes xénophobes ou antireligieux ont eu le plus eu lieu – par habitant – sont Paris, la Seine-Saint-Denis et le Bas-Rhin. Les moins concernées se situent dans l’Ouest (Morbihan et Vendée), le Gers, les Hautes-Alpes, en Ardèche, en Lozère, ainsi que dans les DROM à La Réunion et à Mayotte. Les hommes, les personnes entre 25 à 54 ans et les étrangers originaires d’un pays d’Afrique sont surreprésentés parmi les victimes des atteintes à caractère raciste.
Au total, ce sont 3 200 personnes qui ont été mises en cause en 2022 pour des crimes ou délits à caractère raciste, lesquelles « ont des caractéristiques sociodémographiques beaucoup plus proches de la population générale que les mis en cause pour crimes ou délits pris dans leur ensemble ». En 2021, il y a eu « 1 659 actes antireligieux », soit 857 actes antichrétiens, 589 actes antisémites et 213 actes antimusulmans. En septembre 2022, Gérald Darmanin avait salué la baisse de 25 % du nombre des actes antisémites recensés en France au premier semestre 2022 par rapport à celui de 2021. Le service statistique du ministère de l’Intérieur n’a pas encore fourni de données sur les actes antireligieux pour l’ensemble de l’année dernière.
Que faut-il en déduire ?
Le SSMSI explique ces chiffres par « à la fois d’une hausse du phénomène mais également d’une meilleure prise en charge de ces actes par les services de sécurité et d’une plus grande sensibilisation ». Selon les analystes, ces données seraient sous-estimées au vu du faible nombre de victimes portant plainte. L’enquête Cadre de vie et sécurité sur la période 2013-2018, relayé par Libération et cité par le service statistique, dit qu’ « environ 25 % des victimes de menaces ou violences physiques racistes et 5 % des victimes d’injures racistes se déplacent au commissariat ou à la brigade de gendarmerie. Respectivement, seulement 14 % et 2 % des victimes déposent plainte dans la foulée ». Des pistes pour endiguer ce phénomène ont été présentées, sans faire l’unanimité.
« Le 30 janvier, la première ministre Elisabeth Borne avait présenté le nouveau plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine proposé par le gouvernement […]. Une présentation qui n’avait pas forcément convaincu tous les acteurs de la lutte antiraciste, notamment le Conseil représentatif des associations noires. Le 15 février, l’organisation avait elle-même présenté son deuxième baromètre sur la perception et le vécu des discriminations envers les personnes noires en France », rappelle Le Monde.