Le chef de l’Etat n’a pas souhaité parler de « génocide », à l’inverse de son homologue américain, pour qualifier les violences russes en Ukraine. On vous explique la différence entre les termes employés par les présidents.
Mardi 12 avril, Joe Biden, le président des États-Unis, a affirmé que l’agression russe avait franchi un nouveau cap, estimant qu’un « génocide » est désormais en cours en Ukraine. Un terme partagé par Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais, mais aussi par Kaja Kallas et Justin Trudeau, les Premiers ministres de l’Estonie et du Canada.
Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a salué sur Twitter les « vrais mots d’un vrai leader » (en parlant de la prise de position du président américain), car « appeler les choses par leur nom est essentiel pour s’opposer au mal. »
True words of a true leader @POTUS. Calling things by their names is essential to stand up to evil. We are grateful for US assistance provided so far and we urgently need more heavy weapons to prevent further Russian atrocities.
— Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) April 12, 2022
Mais de son côté, Emmanuel Macron tient à rester « prudent avec les termes ». Interrogé mercredi sur France 2, le président français a partagé son point de vue sur la situation en Ukraine.
« Je dirais que la Russie a déclenché d’une manière unilatérale une guerre brutale, qu’il est maintenant établi que des crimes de guerre ont été faits par l’armée russe et qu’il faut maintenant en trouver les responsables », a-t-il expliqué. « C’est une folie ce qui est en train de se passer, c’est d’une brutalité inouïe (…) mais je regarde en même temps les faits et je veux essayer au maximum de continuer à pouvoir arrêter cette guerre et à rebâtir la paix, donc je ne suis pas sûr que l’escalade des mots serve la cause », a-t-il repris.
Une « escalade des mots » à laquelle il ne souhaite pas prendre part, mais qualifie tout de même les agressions russes de « crimes de guerre ».
Crime de guerre
Les accusations à l’encontre des troupes russes sont de plus en plus nombreuses depuis le début de la guerre en Ukraine. Des notions de droit international permettent de poser des termes bien précis sur ce qui se passe dans les zones de conflit.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), « on entend par « crimes de guerre » violations graves du droit international humanitaire commises à l’encontre de civils ou de combattants ennemis à l’occasion d’un conflit armé international ou interne, violations qui entraînent la responsabilité pénale individuelle de leurs auteurs ». L’utilisation d’armes généralement interdites et de gaz qui peuvent causer « des souffrances inutiles » ou « frapper sans discrimination », est aussi considérée comme un crime de guerre.
Crime contre l’humanité
Pour ce qui est du crime contre l’humanité, le HCDH définit le terme par « le meurtre, l’extermination, le viol, la persécution et tous autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale ». Ces crimes contre l’humanité sont commis « dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque ».
Crime de génocide
Concernant le crime de génocide, il se définit comme un « crime commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Ce terme a été employé pour la première fois lors des procès de Nuremberg, en 1945, pour désigner l’extermination des Juifs.
Selon Yann Jurovics, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Saclay, qui a collaboré au Tribunal pénal international pour le Rwanda et à celui pour l’ex-Yougoslavie, le crime de génocide ne correspond pas au contexte ukrainien, car le discours russe ne vise pas « un groupe biologique », mais les partisans d’une idée politique (qu’elle soit réelle ou non), a rapporté Franceinfo.