Au neuvième jour de la guerre en Ukraine, les civils continuent de prendre les armes pour défendre leur pays. À Kiev et à Kharkiv, deuxième ville du pays, la présence d’infiltrés prorusses sème la discorde au sein de la population.
« Nous les accueillerons (en parlant des soldats russes) avec des cocktails Molotov et des balles dans la tête ». Viktor Rudnichenko est un employé de banque kiévien. Comme des milliers d’Ukrainiens, il a pris la décision de se mobiliser dans la capitale du pays. Soutenus par leur président Wolodymyr Zelensky, ces civils gardent la tête haute. “Les seules fleurs qu’ils recevront de nous seront pour leur tombe », reprend le trentenaire, sorti pour un ravitaillement d’après l’AFP.
En guise de protection face aux offensives russes, ces Ukrainiens ont construit des tranchées profondes de deux mètres et des barricades, avec les moyens du bord. Vieilles voitures, pneus, meubles ou encore bennes à ordure, ces objets du quotidien composent les « remparts » de fortune dans les rues de Kiev pour freiner l’avancée des chars d’assaut ennemis.
Les civils ukrainiens dans la “défense territoriale”
Il suffit d’avoir entre 18 et 60 ans et un passeport ukrainien pour rejoindre la « défense territoriale », une institution crée en 2015 pour suppléer l’armée régulière. À Kiev, comme ailleurs en Ukraine, ils n’ont pour la plupart aucune expérience au combat. Ils sont habillés comme des civils « ordinaires » et semblent en surnombre face aux militaires des forces régulières présents dans la capitale.
La plupart sont équipés de fusils d’assaut type AK-47 et d’un gilet pare-balles pour les plus chanceux. Pour les reconnaitre, il suffit de regarder leur bras. Le brassard jaune ou un bout de scotch est devenu le signe distinctif des enrôlés dans la « défense territoriale ».
« Je n’avais jamais pris une arme dans mes mains jusqu’à aujourd’hui. Que voulez-vous ? Nous allons essayer de faire du mieux qu’on peut », raconte Roman Bondertsev, un volontaire qui souhaite défende son pays coûte que coûte. Cependant, l’Ukrainien est conscient de la réalité qu’il doit affronter. « Si je me fais tuer, il y en aura deux prêts pour prendre ma place », assure-t-il.
Des infiltrés russes en ville
« Palyanysta ». C’est ce mot ukrainien qui permet de démasquer les « saboteurs », ces infiltrés russes, incapables de le prononcer correctement. À Kiev, comme à Kharkiv, tous les civils sont au courant de cette technique, qui a déjà permis de déjouer des attaques dans le pays.
Ces infiltrés, ils sont traqués par la « défense territoriale » et par l’armée ukrainienne. Chaque jour, le ministère ukrainien de l’Intérieur renseigne à la presse des portraits de « saboteurs » russes capturés, comme celui d’un homme arrêté dans un centre commercial à Kiev, le sac à dos rempli d’explosifs.
D’après Viktor Chelovan, chef de l’unité des forces spéciales “Lance”, sur place dans la capitale, certains groupes de « saboteurs » sont composés de membres des « forces d’opérations spéciales russes, qui tentent de déstabiliser la vie quotidienne dans nos villes et nos villages ainsi que les bases militaires arrières. » Le commandant affirme toutefois que ses hommes « s’occupent des saboteurs. »
Parmi ces infiltrés, des agents de renseignements seraient déployés en Ukraine et « ont pour seul but de tuer divers dirigeants ukrainiens« , assure Viktor Chelovan.
Une paranoïa générale règne sur le territoire ukrainien depuis une semaine, liée à la présence de ces infiltrés, en plus des bombardements récurrent. Aussi, selon des rumeurs impossibles à confirmer, les saboteurs mettraient en place des mines le long de pelouses, dissuadant les Ukrainiens d’emprunter certains chemins dans leur ville, selon l’AFP.