Alors que le rapporteur public du Conseil d’État a donné lundi un avis favorable au port du hijab en match de football en compétition, le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin et la Fédération française football (FFF) s’opposent quant à eux à cette décision.
Au lendemain de l’examen par le Conseil d’Etat d’un recours contre la Fédération française de football (FFF), qui interdit aux femmes de jouer voilées, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré ce mardi sur RTL « être très opposé » à l’idée de laisser les femmes porter le hijab lors des compétitions de football.
Le collectif des Hijabeuses conteste le règlement de la FFF
Le collectif des Hijabeuses a contesté lundi devant la justice administrative l’article 1 du règlement de la FFF, qui interdit « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ».
« Notre combat n’est pas politique, pas religieux, il concerne le sport et seulement le sport », a déclaré Founé Diawara, présidente du collectif de femmes musulmanes Les Hijabeuses, devant la presse à l’issue de l’audience. « Il y a des femmes qui chaque week-end sont exclues des terrains parce qu’elles portent un voile », a-t-elle conclu.
Pour rappel, L’IFAB (International Football Association Board) et la FIFA, autorisent depuis 2014 le port du hijab, voile ou foulard porté par les femmes musulmanes, qui couvre la tête en laissant le visage apparent. Ces organisations considèrent le port du hijab comme un signe culturel et non religieux.
Cependant, les règlements sont différents concernant l’équipe nationale. En effet, il est considéré que les athlètes exercent l’équivalent d’une mission de service public. Comme ils représentent la nation, ces joueurs sont alors sujets à une mission d’intérêt général. Ils ne doivent pas montrer de signes religieux. C’est pour cela que durant l’audience, le rapporteur public Clément Malverti a précisé que la question pouvait se poser pour les joueuses sélectionnées en équipe de France, où elles représentent « la nation » et effectuent « une mission de service public » alors que le débat est « autrement plus discutable » pour les autres joueuses licenciées de la FFF.
Opposition de Darmanin et de la FFF
Cette recommandation du rapporteur public ne ravit pas la FFF. Me Loïc Poupot, avocat de la FFF, estime que « ce qui est recherché, c’est l’importation dans le football de revendications communautaires ». L’ancien président de la LFP, Frédéric Thiriez, avocat au Conseil d’État et intervenant pour la Ligue du droit international des femmes (LDIF) estime que la requête déposée par le collectif des Hijabeuses est « loin d’être un mouvement spontané de jeunes femmes mais résulte d’une offensive de l’islamisme politique avec à sa tête l’Iran et les monarchies du Golfe ».
Sur les ondes de RTL, le ministre de l’intérieur Gerald Darmanin s’est lui aussi opposé à cette décision.
« On n’a pas à porter des vêtements religieux quand on fait du sport. Quand on joue au football, vous n’êtes pas obligé de savoir la religion de la personne en face de vous », a-t-il insisté. Le conseil d’État est une instance extrêmement sage. J’espère profondément pour la République qu’ils garderont la neutralité sur les terrains de sport », a conclu Gerald Darmanin.
La FFF a décidé de ne pas faire de commentaire à la suite de l’audience du Conseil d’État et se référera à la décision finale qui interviendra mi-juillet.
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