Alors que Vivendi a effectué son Offre Publique d’Achat au groupe Lagardère, la possible fusion des maisons d’édition Hachette et Editis ne rassure pas tout le monde.
Vincent Bolloré, en possession de la filiale Vivendi, souhaite étendre son influence sur le monde des médias en récupérant Lagardère News. Détenant déjà plus de 45% du groupe, Vivendi se tient prêt à dépasser les 50% de participation dès le mois d’avril. En 2004, le groupe Vivendi devant combler ses dettes, s’était écarté du monde du livre. La Commission européenne lui avait empêché de céder la totalité de son pôle d’édition à Lagardère. Editis avait alors été cédée à des investisseurs jusqu’à retourner à son propriétaire en 2018.
En ressort aujourd’hui le possible mariage des deux maisons d’édition de livres Hachette et Editis, soit les plus populaires en France. Une fusion dangereuse, qui pourrait avoir des conséquences sur « la diversité de la création littéraire, la situation des libraires (…) et celle des auteurs » indique Roselyne Bachelot, ministre de la Culture.
« Une telle fusion est inenvisageable »
Un trio à l’encontre de ce projet s’est formé. C’est celui de Antoine Gallimard, le PDG du groupe Madrigall, Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française et Christophe Hardy, président de la Société des gens de lettres. Les trois hommes dénoncent la nuisibilité de cette fusion, qui ne respecterait pas la concurrence, car les maisons d’édition sont classées première et deuxième en France. Antoine Gallimard indique qu’«une telle fusion est inenvisageable. »
Il en va de même pour les salariés d’Hachette ou alors les représentants commerciaux d’Editis qui font part de leurs revendications peu écoutées par la direction. Le délégué syndical central d’Hachette Livre, Rodolphe Peeters, dans un courrier adressé au PDG écrit « le climat anxiogène règne à tous les étages d’Hachette ».
Sur la route de l’édition mondiale
Vincent Bolloré ne cache pas sa volonté de s’étendre mondialement. Lors de son audition au Sénat en janvier dernier, l’homme d’affaires breton assurait « nous sommes tout petit ». Cette minimisation des parts de Vincent Bolloré, actionnaire d’Universal Music Group et détenteur du groupe Canal + fait écho à un projet d’expansion géant. Lors d’une interview au Figaro, Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi a indiqué qu’ «il y a vingt ans, le projet était seulement francophone. Aujourd’hui, nous ambitionnons de créer un champion mondial de l’édition. » Des ambitions qui viseraient un intérêt purement économique selon les deux hommes.
Malgré des oppositions telles que le collectif « Stop Bolloré », composé de syndicats, associations, médias et personnalités de gauche, le géant Bolloré accusé de servir une « idéologie réactionnaire » se prépare à écraser toute concurrence dans l’univers des médias, et surtout dans celui des lettres.