Trois jours après la fusillade qui a tué 21 personnes – dont 19 enfants – dans une école primaire, de nouveaux détails précieux émergent.
Le déroulé de l’attaque
Ce mardi 24 mai avait une odeur particulière au sein de l’école primaire : celle des vacances d’été (« summer break »). A 9 heures du matin s’est tenue une assemblée de remise des prix, où les enfants ont reçu des certificats pour récompenser leur assiduité, leurs bonnes notes. Parents et grands-parents étaient donc présents dans l’établissement quelques heures avant que leur vie ne bascule.
La première cible de la journée était la grand-mère de Salvador, chez qui il résidait depuis des mois. Après lui avoir tiré dessus, il est monté dans son pick-up gris et s’est dirigé vers l’école primaire de la ville. Avec ses armes automatiques – qu’il se serait acheté le jour de son anniversaire – il pénètre dans l’établissement sans avoir été « confronté à la police avant d’entrer dans l’école », selon Victor Escalon, le directeur régional du département de la Sécurité de l’Etat du Texas. « Il est rentré sans obstacle au départ, par une porte apparemment déverrouillée », a-t-il ajouté.
« C’est là où le carnage a commencé », a ajouté Steven McCraw, directeur du département de la Sécurité publique du Texas lors d’une conférence de presse mercredi dernier.
La question sensible à laquelle les enquêteurs n’avaient pas la réponse, était de savoir si Salvador a tué les enfants et les enseignantes en rentrant dans la classe, ou avant de se faire abattre. Les derniers éléments permettent de confirmer que le tireur y est resté « plus d’une heure ». Désemparés, des parents à l’extérieur de l’établissement s’emportaient. « Allez à l’intérieur, allez-y ! », criaient certaines femmes aux forces de police en les réclamant d’intervenir pour stopper le carnage.
Sur la page Facebook du district scolaire de la ville, Mme Ruiz s’exprime. « Ma meilleure amie dit que ses cousins l’ont appelée en pleurant car ils avaient entendu des coups de feu. » Et d’ajouter, « mon neveu m’a dit qu’ils sont tous dans leur classe barricadée, dans un coin ».
L’après
Samuel Salinas, 10 ans, a survécu à la fusillade. Dans une interview sur « Good Morning America » (ABC News), il raconte. « Il y avait du sang dans le couloir et les enfants en étaient couverts. Le tireur est entré et a dit, « vous allez tous mourir » et a commencé à tirer ». Samuel se souvient aussi de cet instant tragique, quand le tireur « a tiré sur l’enseignante et sur les enfants ». « J’ai fait le mort pour qu’il ne me tire pas dessus ».
Jalissa Ibarra, qui a elle aussi survécu à l’attaque, témoigne. « J’ai peur d’aller aux toilettes de l’école, j’ai peur que quelqu’un surgisse », a-t-elle raconté au « Washington Post ».
Les parents, dans l’incertitude, avaient espoir de retrouver leur enfant vivant. « Mon fils s’appelle Rojelio Torres. Si vous savez quelque chose sur lui, s’il vous plaît, dites-le nous », a déclaré un père à un reporter TV. Quelques heures plus tard, son fils est devenu l’une des premières victimes de la liste glaçante.
Alexandria Aniyah Rubio, 10 ans, Alithia Ramirez, 10 ans, Amerie Jo Garza, 10 ans, Annabell Guadalupe Rodriguez, 10 ans, Eliahana Cruz Torres, 10 ans, Eliana, dite « Ellie », Garcia, 9 ans, Eva Mireles (enseignante), 44 ans, Irma Garcia (enseignante), dont le mari est mort « le coeur brisé » deux jours après l’attaque, Jackie Cazares, 10 ans, Jailah Nicole Silguero, 10 ans, Jayce Luevanos, 10 ans, Jose Flores, 10 ans, Layla Salazar, 10 ans, Makenna Lee Elrod, 10 ans, Maite Rodriguez, Miranda Mathis, 11 ans, Nevaeh Bravo, Rojelio Torres, 10 ans, Tess Marie Mata, Uziyah Garcia, 10 ans, Xavier Lopez, 10 ans.

« Ici, ils fêtent »El Día Del Niño », ou »le Jour des Enfants ». Il y aurait dû avoir des festivals, des enfants qui sautent dans des jeux gonflables. Mais rien de cela n’arrivera. Maintenant cette communauté va organiser des funérailles pour des enfants – des enfants pour lesquels ils avaient de grands rêves », explique d’une voix émue Arelis Hernández, reporter au « Washington Post ».
Ce lundi, des officiels se sont exprimés sur le sujet de la fusillade. Il a été conclu que « soixante-dix-huit minutes se sont écoulées avant que la police, estimant qu »il n’y avait pas d’enfants à risque », ait finalement confronté le tireur, selon les responsables. », rapporte le quotidien américain le « New York Times ». Steven McCraw a ajouté que les 19 policiers présents dans un couloir à l’intérieur de l’école pendant l’attaque n’ont « fait aucun effort » pour forcer la porte de la classe. Selon la police, attendre d’entrer dans la classe était « une mauvaise décision ».
Où en est-on maintenant ?
Alors que leur responsabilité est mise en cause, la question du port d’armes – élément quasi culturel du pays – refait surface. Au lendemain de la fusillade, le « New York Times » a demandé à tous les Sénateurs républicains où ils en étaient sur la question de la législation des armes à feu. Parmi eux, Joni Ernst, Sénatrice de l’Iowa (avec le score « A » de la NRA, « National Rifle Association »), estime qu’elle a « besoin d’une meilleure compréhension des circonstances de l’attaque avant de soutenir toute solution ».
De son côté, Richard C. Shelby (un « A+ »), Sénateur de l’Alabama, affirme qu’il est « une personne du deuxième amendement, point » – deuxième amendement qui garantit à tout citoyen américain le droit de détenir des armes, sous réserve d’une milice « bien organisée ».
La NRA – lobby pro armes – organise aujourd’hui sa convention annuelle, qui se tient à Houston (Texas) où conférences sont organisées et armes présentées, et où la question du port d’armes y est évidemment défendue. De nombreuses personnalités politiques, dont l’ex-président Donald Trump, y sont attendues.
Dans la soirée, Alex Kingbury a publié un édito frappant dans le journal du 28 mai du « New York Times », titrant : « Un tireur à ___ tue___ ». Et de continuer, « la communauté soudée de___ a été profondément ébranlée lorsqu’un homme armé s’est déchainé pendant ___ minutes et a tué ___ adultes et ___ enfants ». L’objectif est tristement discernable, laisser des espaces vides dans un texte prêt à être rempli lors de la prochaine attaque.