Fernand Lopez, ancien combattant pro et coach de MMA réputé en France et à l’international, nous a partagé les coulisses de ce sport de combat. Il est le cofondateur de la MMA Factory, célèbre salle de sports de combats à Paris.
Depuis 2019, Fernand Lopez est le directeur sportif de l’ARES Fighting Championship, ligue de MMA. C’est actuellement le coach de Cyril Gane, numéro 1 mondial de la catégorie poids lourds. « Bon Gamin » combattra le 3 septembre prochain à l’AccorHotels Arena lors de l’UFC Paris. Fernand Lopez a fortement milité pour la légalisation du MMA (Mixed Martial Arts) en France. C’est un sport de combat qui associe beaucoup de disciplines allant du judo à la boxe thaï, en passant par la lutte. Il se pratique dans une cage en forme d’octogone dans laquelle sont autorisés les coups de pied, poing, genou et coude et aussi au sol.
Cerfia est allé à la rencontre du coach Fernand Lopez, qui pratique le MMA depuis une quinzaine d’années, afin d’échanger sur le développement de ce sport, légalisé en France depuis janvier 2020, ainsi que sur la progression de Cyril.
Quel est le quotidien d’un coach de MMA ?
« C’est comme le quotidien de tout citoyen. On passe le matin en famille. Ensuite, on passe le clair de son temps dans la salle de sport. Tout dépend de l’implication qu’on a dans le MMA. Un coach professionnel y passera plus de temps qu’un coach amateur. »
Il y a quelques années de ça, le MMA était illégal en France. Aujourd’hui, il est fortement mis en avant. Quel est votre point de vue sur le sujet en tant que coach ?
« C’est une bonne chose. La plupart des craintes ont été levées. Dans un premier temps, vous parlez du MMA, et on vous dit que c’est ridicule. Ensuite, on découvre le MMA et on dit que c’est très dangereux. Ensuite, au bout d’un moment, la ministre des Sports, Madame Roxana Maracineanu, prend le courage et décide de le légaliser. Ça devient quelque chose d’évident aujourd’hui. Le MMA c’est une évidence, comme si ça avait toujours été là. C’est une bonne chose. Je pense que les craintes de certaines personnes ont été levées.
Aujourd’hui, le côté « pop » du MMA est ce qu’il fait qu’il soit très populaire. De par ce fait, les médias s’y intéressent. Et quand les médias s’intéressent sur un sujet, c’est qu’il y a de l’intérêt dessus, qu’on l’aime ou qu’on le déteste. Ça montre qu’il y a du clic dessus, de la demande dessus et de la visibilité dessus et ça profite à tous. »
En septembre aura lieu l’UFC Paris avec le combat de Cyril Gane en main event. On avait vu que l’UFC Londres avec Aspinall et Pimblett avait eu un succès retentissant au point d’être reconduit le 23 juillet prochain. Qu’attendez vous de l’UFC Paris ?
« J’attends que ce soit un succès. J’espère qu’ils vont faire un sold out dès la vente des tickets mercredi prochain. Il y a une forte demande au niveau des tickets. J’espère que l’Arena sera solvable en quelques heures pour que ça pousse l’UFC à revenir souvent. Le fait d’avoir sa présence sur un événement d’une telle ampleur va développer l’écosystème du MMA sur notre territoire. Cela va créer la vocation de prochains champions, donner des idées et du travail à des entraineurs. J’espère aussi que cela va donner de l’intérêt à la télévision. Donc oui, on mise beaucoup dessus. »
Est-il vrai que si l’événement fait un sold out dès le début, cela peut créer une forte demande de la part des télévisions ? On le voit avec la Coupe du Monde et les droits publicitaires extrêmement chers. Est-ce que vous pensez que l’on se dirige potentiellement vers un système à l’américaine ou des millions de personnes regardent ce sport national ?
« Ça va arriver. Aujourd’hui, le MMA est sans cesse en croissance. Il monte beaucoup au point de devenir extrêmement populaire. Toute la population est touchée. Tout à l’heure j’étais en interview avec Antoine de Caunes sur France Culture et je recevais des messages de personnes plus âgées qui en parlait, ce qui prouve que le MMA s’est démocratisé et convient à toutes et à tous. »
Ne pensez-vous pas que le pic du MMA s’est accéléré ces dernières années, voire ces derniers mois ?
« Absolument, on est gâtés. Cela s’est passé rapidement, sachant qu’on est le dernier pays européen à avoir légalisé le MMA. En très peu de temps, on a eu le luxe de pouvoir présenter deux athlètes français dans le top 10 de l’UFC voire même trois puisque je parle de Nassourdine Imavov, je parle de Manon Fiorot et même de Cyril Gane. Sans compter que même si Francis Ngannou est aujourd’hui basé aux Etats-Unis, il a quand même fait les 90% de sa carrière ici en France en sortant du MMA Factory, salle de sport française. Ça apporte beaucoup, à savoir de la reconnaissance et du développement. »
J’imagine que c’est une fierté pour vous de représenter l’ARES et de représenter ce sport ? (L’ARES Fighting Championship est une ligue française de MMA créée en 2019).
« Absolument. C’est une grosse responsabilité et c’est un honneur pour moi de diriger cette prestigieuse ligue qui a été fondée par le groupe Vivendi. Mon collègue Benjamin Sarfati et moi en avons fait l’acquisition et présider cette ligue aujourd’hui, c’est un véritable honneur. Dans 9 jours probablement, on aura le plus gros événements qui ait jamais été réalisé sur le territoire français avec des rencontres franco-françaises. Le 25 juin prochain, à la porte de Versailles au dôme de Paris, on a un événement. La tête d’affiche sera Karl Amoussou, ancien champion du tournoi du Bellator, du Cage Warriors qui va affronter Abdoul Abdouraguimov, champion actuel de l’ARES, et ancien champion du BRAVE. Avoir ces deux champions là c’est incroyable.
Sur la même carte, on a un autre titre mondial qui a lieu avec le combat de Akhmed Salamov. Et puis il y aura d’autres combats franco-francais comme celui de Damien Lapilus ancien champion du BAMMA contre Amin Ayoube ancien champion du BRAVE. C’est un événement qui déchire et monte en puissance. Oui je suis honoré d’être le président et très fier d’avoir des collègues comme ca sans qui je ne ferais rien qui sont là pour faire rayonner l’ARES au quotidien. »
Vous êtes aussi coach de MMA. Si vous aviez un conseil à donner à quelqu’un qui veut se lancer dans le MMA, ce serait quoi ?
« Et bien c’est de se lancer. Il n’y a pas de meilleur conseil à dire à quelqu’un qui veut se lancer de se lancer. Faut juste arrêter d’attendre, éviter de procrastiner tout de suite. Rendez-vous à la salle de sport la plus proche de chez vous, et commencez. »
Il n’y a pas d’âge réellement pour commencer ?
« Non, y’a pas d’âge. L’avantage de la reconnaissance du MMA c’est que du coup il y a une obligation de qualification pour les coachs et que pour la plupart, l’essentiel des coachs sont diplômés. Ils connaissent et comprennent les contraintes de la physiologie du corps qu’ils vont essayer de préserver en fonction de votre âge. Si vous êtes du troisième âge, ils vont vous préserver de l’ostéoporose. Les coachs vont vous préserver des maladies cardiovasculaires. Et si vous êtes du premier âge ils vous préserveront des contraintes bio-mécaniques liées à votre développement.
On a pas de craintes à ce niveau là aujourd’hui. Tout est bien encadré. Donc lancez-vous, allez-y, commencez. »

Quels sont les projets à l’avenir pour Cyril, actuel numéro 1 mondial de la catégorie poids lourds de l’UFC ?
« C’est de combattre le 3 septembre contre Tai Tuivasa, numéro 3, de gagner son combat et ensuite de se remettre dans la course pour la ceinture, pour le titre mondial oui. »
L’ARES 7 aura lieu le 25 juin 2022 au Dôme de Paris à partir de 20 heures tandis Cyril Gane défendra les couleurs de son pays le 3 septembre prochain à Paris.
Propos recueillis par Timothée FORGET le 16 juin.