Bien que le Covid semble derrière nous maintenant, certains ont encore à faire avec lui. Si ce n’est pas parce qu’ils l’ont contracté, c’est à cause d’un réseau de vente de faux pass sanitaires.
Suspectées d’avoir créé un réseau de vente de faux pass sanitaires, 5 personnes comparaissent ce lundi devant le tribunal de Nanterre. Ce ne sont pas les seules personnes impliquées dans l’affaire. En effet, 5 autres ont reconnu les faits et ont été jugées en conséquence.
« Escroquerie en bande organisée et blanchiment aggravé ». Voici les motifs pour lesquels comparaissent 5 individus aujourd’hui devant le tribunal judicaire de Nanterre. Entre le 1 er mai et le 25 novembre 2021, leur arnaque leur aurait rapporté environ 400 000 euros.
Pour ceux qui ont reconnu leur culpabilité dans l’affaire, ils ont été jugés et condamnés le 9 novembre dernier. Les peines vont de 10 à 24 mois de prison avers sursis, dont 8 mois ferme. Les amendes peuvent aller jusqu’à 60 000 euros, dont 40 000 avec sursis. Trois d’entre eux étaient déjà connus de la justice pour trafic de stupéfiants, délits routiers et vols.
L’une des prévenus, jugée aujourd’hui, a déclaré : « Je peux comprendre que des personnes passent par la voie illégale », alors qu’elle évoquait le fait de se procurer un pass vaccinal complet. En fait, l’arnaque était basée sur fond de discours « anti-vax », les personnes qui ne voulaient pas se faire vacciner pour avoir accès à certains lieux avaient donc cette possibilité, aussi illégale soit elle.
Prolifération sur les réseaux sociaux
Snapchat, c’était la « plaque tournante » de ce réseau. En effet, acheteurs et revendeurs interagissaient ensemble sur la plateforme afin de communiquer les informations nécessaires au faux pass sanitaire. Il fallait que les acheteurs donnent leur nom et leur numéro de Sécurité sociale pour qu’ensuite les revendeurs implantent ces numéros et noms dans la base de données vaccinales.
Mais comment avaient-ils accès à ces bases de données ? En fait, ils récupéraient frauduleusement les numéros d’identification des professionnels de santé sur Ameli ou Doctolib et inscrivaient ensuite les « faux patients », ce qui leur délivrait une attestation vaccinale qu’ils revendaient donc par la suite. Le montant de cette attestation pouvait aller jusqu’à 330 euros. Au total, c’est 11 000 faux pass qu’ils auraient vendus.
La découverte de la supercherie
L’alerte a été lancée le 2 août 2021 par un anonyme, après quoi le parquet de Nanterre a ouvert une enquête. Cette dernière a révélé un certain nombre d’incohérences qui a mis la puce à l’oreille des enquêteurs.
Deux doses enregistrées le même jour pour une même personne, des centaines de kilomètres qui séparaient le lieu d’exercice du médecin et celui de remise du pass, des vaccinations pendant les jours de repos des médecins sont autant d’éléments qui ont permis de mettre au clair cette affaire.
Pour parvenir à retrouver les escrocs, les enquêteurs se sont servis des adresses IP qui leurs ont permis de remonter jusqu’ aux suspects, alors 10. Chez l’un des escrocs, les enquêteurs ont retrouvé un journal qui contenait le nombre de pass vendus et le bénéfice. Le préjudice s’élevait à 396 000 euros.
Culpabiliser ?
« Ça ne me choque pas que des gens ne veuillent pas faire le vaccin et ne veuillent pas qu’on leur interdise l’accès aux lieux publics ou à leur travail. Je sais que c’est illégal mais, par rapport à mon avis sur le vaccin, je ne voyais pas le mal et c’est pour ça que ça ne m’a pas gênée », déclarait l’une des prévenus.
Si certains ne culpabilisent pas, d’autres essayent de minimiser leurs implications, du moins quel profit ils en ont tiré. En effet, un autre prévenu a reconnu son implication dans l’affaire mais dit n’avoir que gagné 2000 euros grâce à ce business frauduleux. Étant considéré comme l’un des vendeurs de la bande, il aurait emmagasiné plus de 37 000 euros.