Presque trois ans après l’apparition du premier cas de coronavirus à Wuhan, le 19 novembre 2019, la Chine n’a toujours pas tourné la page avec la pandémie. Le pays persiste avec sa politique zéro Covid et le nombre de personnes à l’isolement est au plus haut depuis le printemps.
Les Chinois ne sont décidément toujours pas prêts de voir la lumière au bout du tunnel. Samedi dernier, les autorités du pays ont en effet annoncé que la politique zéro Covid continuerait à être appliquée « indéfectiblement« , balayant d’un revers de main les espoirs de potentiels assouplissements.
Le nombre de nouveaux cas de Covid augmente
Si les confinements localisés se multiplient et que la stratégie persiste coûte que coûte, paradoxalement, les mesures n’endiguent pas la propagation du virus. Mardi 8 novembre, 6 775 nouveaux cas de Covid ont été recensés, du jamais vu depuis six mois. Une situation « plus sombre et complexe que jamais », avait déclaré plus tôt Mi Feng, porte-parole de la Commission nationale de la Santé, lors d’une conférence de presse.
Mais comment fonctionne cette stratégie ? Elle est forte et drastique. Dès l’apparition d’un cas de Covid, des quartiers, voire des villes entières; sont confinés. Les personnes sont automatiquement testées à grande échelle et les positifs placés obligatoirement en quarantaine, au même titre que les voyageurs arrivant de l’étranger.
Ce qui s’est passé à Shanghai Disneyland à la fin du mois d’octobre illustre parfaitement cette politique. Après l’apparition d’un cas de Covid, les 67 000 visiteurs ont dû être testés avant d’être libérés. Le dépistage a pris des heures, donnant lieu à des images ahurissantes, où les touristes étaient bloqués à l’intérieur du parc, autour des manèges, pendant la nuit.
Une série d’urgences sanitaires entravées par cette politique zéro Covid
Pire, toutes ces restrictions sont accusées de provoquer des drames. Une femme âgée d’une cinquantaine d’années s’est par exemple défenestrée le mois dernier dans une ville confinée, en Mongolie intérieure. Et les secours n’ont pas pu intervenir rapidement puisque le bâtiment résidentiel de l’habitante avait été scellé pour empêcher les Chinois de s’évader.
Un envoyé sur place : « Des restrictions de Covid toujours plus nombreuses, toujours plus contestées, avec son lot de drames, comme des suicides, ou cette histoire de cet enfant qui est décédé. Il avait été empoisonné au gaz.«
« Selon son père, dans un message posté sur les réseaux sociaux, ce sont les agents responsables du confinement qui ont entravé son arrivée à l’hôpital et c’est pour ça qu’il est décédé », expliquait Arnauld Miguet, présent sur place, à France Info, ce mardi.
Tous ces drames ont provoqué de nombreuses polémiques et de nombreux habitants se sont plaints, dénonçant ces mesures sanitaires qui provoquent des pénuries alimentaires et empêchent l’accès au soin. « Nous acceptons avec sincérité les critiques ainsi que le contrôle des médias et des internautes (…) pour empêcher que de tels accidents ne se reproduisent », avait écrit la police de Lanzhou après ce dernier incident.
L’économie en fait les frais
En plus de précipiter quelques catastrophes humaines, la Chine voit aussi son activité économique décliner où ses exportations sont en chute libre. Dernière grande économie à appliquer un protocole sanitaire radical, ce dernier paralyse considérablement le fonctionnement de l’économie du pays. Pour la première fois depuis mai 2020, les exportations ont par exemple reculé de 0,3% sur un an.
Le pays dirigé par Xi Jinping, qui avait tiré profit de la pandémie mondiale en alimentant les pays d’équipements sanitaires (masques, gels etc.) et enregistrant à cette occasion des ventes record à l’étranger, se retrouve donc ces derniers temps à l’arrêt. Le ralentissement mondial n’aidant pas.
Les prédictions formulées par la banque Nomura pour la suite ne sont d’ailleurs pas optimistes. « Le ralentissement des exportations pourrait devenir plus évident au cours des prochains trimestres ». Avant de reprendre : « Comme la forte croissance des exportations a été le principal moteur de la croissance du PIB en Chine depuis le printemps 2020, la contraction des exportations pèsera inévitablement sur la croissance, l’emploi et l’investissement. »
Apple perturbé, la fabrication des iPhone freinée
Un exemple d’entreprise au ralenti concerne Apple. Le principal site de production chinois, situé au cœur du pays à Zhengzhou, de la marque à la pomme est confiné. « Il fonctionne actuellement avec une capacité significativement réduite », a expliqué le géant américain dans un communiqué, dimanche 6 novembre.
Conséquence : la multinationale américaine devrait produire 2 à 3 millions d’iPhone en moins ce trimestre, selon les études du cabinet TrendForce. Les livraisons dont ceux des nouveaux modèles, iPhone 14 Pro et iPhone 14 Max, sont ainsi fort logiquement touchées, ce qui n’est pas franchement une bonne nouvelle à l’approche des fêtes de fin d’année. « Les clients vont devoir attendre plus longtemps pour recevoir leurs nouveaux produits », prévenait le groupe.
Puisque que Pékin n’entend pas baisser la garde face au Covid, cette situation est amenée à durer.
Des promesses de bonus pour limiter la fuite des employés
Cette décision de confiner l’usine suite à la découverte d’un foyer de cas de Covid avait entraîné le départ de dizaines d’employés. Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient ces derniers en train de prendre la fuite, escaladant les grillages et s’échappant vers leurs villes d’origine, situées à plus de 100km du site.
En réaction, l’entreprise Foxconn, filiale du groupe américain à Zhengzhou, s’est alors engagée à multiplier les bonus par quatre à ceux qui accepteraient de rester. Soit 55€ versés par journée en cas de présence au travail. Un chantage essentiel pour limiter la casse dans cette immense usine, qui emploie plus de 200 000 personnes.
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